Sunday 28 October 2007

La nuit, tous les chats sont...endormis...


Les pieds ballants assis sur le bord du lit. Le sommeil ne vient pas bien que les paupières soient lourdes. Il faut dormir. Se reposer. Demain est un jour comme les autres, pourquoi cette nuit ne l’est-elle pas ? […] Le corps s’étire, s’allonge au fur des heures de la nuit. Les pieds ne sont mes pieds ; ils coulent le long de la pente du lit. Je ne sens plus mes mains comme durant le jour, mon dos est voûté par le poids écrasant du sommeil. […] Le chat, lui, dort. Dort du sommeil du juste. Ses ronronnements s’entendent bien dans le silence de la chambre. Il a l’air content. Il a bien joué aujourd’hui. Il a l’air d’apprécier sa nouvelle souris ; vu qu’il a perdu l’autre, il fallait bien la remplacer. Tiens, il a pris aussi une pelote de laine. Bah, qu’il s’amuse, ce gentil Pépino. […] Je n’ai pas envie de lire, pas encore. Les lignes ne veulent rien dire. Les mots traversent les pages, bougent sans arrêt, ne veulent pas rester calme, bien ordonnés, en rang d’oignons. Ecrire ne sert à rien. Il faut être éveillé pour écrire correctement. Et là, entre le sommeil et la veille, ce n’est pas un état pour faire quoi que ce soit. […] Il fait trop chaud. […] Il fait trop froid. […] La nuit dehors, tranquille comme un moulin à vent dans la brise, continue son petit bonhomme de chemin. La lune est invisible derrière un manteau de nuages. Va-t-il pleuvoir ? Il ne manquerait plus qu’il pleuve. Ils ne pourraient pas faire leur sortie au jardin, comme il est prévu depuis des semaines. Les autres seraient déçus. Espérons qu’il ne pleuve pas. […] Je me demande à quoi Pépino peut bien rêver, ses moustaches bougent drôlement. […] La nuit est trop bleue. Ai-je fermé l’eau ou pas ? Je ne sais plus. Le robinet n’a pas l’air de goutter. En tout cas, je n’ai pas fermé l’œil, ça c’est sûr. […] Dormir. Dormir. Compter les moutons n’a jamais aussi peu servi. Des nuits comme celles-ci on peut en compter des cheptels entiers. Des nuits sans sommeil. Des nuits sans lune, sans étoiles. Est-ce les étoiles qui apportent le repos, l’envie de rêver et donc l’envie de dormir ? La lune ? […] Le reflet de la lampe sur les fenêtres a quelque chose d’hypnotique. Ne surtout pas le regarder trop longtemps. Rien qui puisse retenir l’attention trop longtemps, rien qui puisse faire que le cerveau travaille. […] Pffffff. C’est long. S’allonger au moins, ce n’est pas en restant assis que le sommeil daignera venir. L’oreiller est froid. Ça doit faire un moment que je suis comme ça. Eteindre la lumière. Eteindre le reflet sur les carreaux des fenêtres. Se laisser un peu de répit. Fermer les paupières. C’est drôle comment on veut désespérément fermer les yeux mais qu’on ne le peut pas. La gravité terrestre devrait pouvoir faire quelque chose contre ça, non ? Pourtant on veut dormir, on ne veut que ça, mais les yeux restent ouverts quoi que l’on fasse. […] Ah, l’impression de s’étirer revient. J’ai l’impression de mesurer des kilomètres de long. Comme si mes membres s’allongeaient sans fin. Tout comme la nuit s’allonge. […] Dormir. Dormir. […] Dis-moi, oreiller, compagnon de mes nuits, pourquoi ne veux-tu pas cette fois m’accompagner ? Pourquoi restes-tu froid et sourd à mes appels ? Ton odeur même est différente, et ta chaleur disparue. Qu’y a-t-il ? Tu as partagé mes peines, mes joies, mes courtes nuits, mes siestes, mes grasses matinées, mes jeux aussi; mes réflexions, mes coups de blues, mes confessions. Tu as même soigné les angoisses des cauchemars, aidé à apaiser les nuits agitées, les nuits qui s’annonçaient sans sommeil. Pourquoi d’un coup ce revirement ? […] Voilà que je parle à mon oreiller. […] Boire un peu pourrait aider. […] Il paraît qu’il faut boire du lait chaud. Avec du miel, je crois. Je ne sais plus. C’est sans importance. Je vais bientôt m’endormir de toute façon. Le tout, c’est d’y croire. […] Quelle heure est-il ? […] Pépino dort vraiment bien. Je l’envie. […] On ne se rend compte que le sommeil est doux que lorsqu’il vient à nous manquer, à nous fausser compagnie. D’ailleurs il fait ça en traître, il ne prévient pas. On croit être parti pour une autre nuit de beaux rêves ou tout simplement de repos mais on se retrouve les yeux grands ouverts à regarder le noir et à se demander pourquoi on fait ça. N’est-ce pas, oreiller ? Tu sens que je tourne la tête. Que je virevolte dans ce lit trop petit, trop grand, avec mes bouffées de chaleur ou mes frissons de froid. […] Tu demandes quand cela finira-t-il ? Lorsque j’aurai trouvé la paix de l’assoupissement. La bénédiction de Morphée. Bref. […] Tu connais le mot « hypnagogie » ? Non ? C’est un moment bizarre du sommeil. C’est au tout début et que tu ressens tout autour de toi parce que ton corps est au calme. Tout tes sens sont en éveils. C’est pendant ce moment que tu as l’impression de tomber des fois, parce que tous tes muscles se relâchent d’un coup ! Si, si, c’est vrai ! […] Oui, quand j’étais petit, je faisais souvent des crises de somnambulisme. Je jouais sous la table de la cuisine, tout seul. […] Non. Pas du tout. Les terreurs nocturnes ne sont pas comme les cauchemars. Tu es dans un profond sommeil, le sommeil des rêves, quand tu fais un cauchemar. Alors que ces moments de terreur surviennent au tout début du sommeil, quand tu dors un peu mais pas beaucoup. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Si, Bon. […] Je n’aime pas les cauchemars, parce que tu t’en souviens toujours. Alors que les plus beaux rêves sont les plus éphémères. Ils s’effacent lentement, en te laissant un goût sucré dans la tête. Tu as déjà fait un de ces rêves ? Je pense que Pépino en fait souvent, lui. Regarde-le. Il bouge ses petites pattes. Il doit courir après une souris. […] Une fois aussi il m’est arrivé de ne pas pouvoir bouger en me réveillant. J’étais paralysé. Mon corps ne voulait plus répondre. C’était vraiment bizarre. Oui, j’ai eu peur ! Qui peut se vanter de n’avoir pas eu peur de ne plus pouvoir faire le moindre mouvement ? […] Des fois tu rêves que tu rêves. Tu te vois dormir mais tu sais que tu rêves. Tu sais, en fait, peut-être que je rêve que je ne dors pas ? Ce serait drôle, n’est-ce pas, en me réveillant tout à l’heure ! En fait j’aurai bien dormi tout en rêvant d’insomnie ! Hihi ! […] Ben c’est pas drôle de rêver d’insomnie... on s’ennuie. Un peu de valériane serait la bienvenue. C’et drôle comme des fois tu as l’impression de voir des trucs dans le noir, comme des formes. Non ? Tu ne vois jamais ça ? Ça doit être moi alors… […] Je vais avoir du mal tout à l’heure. J’espère que je ne vais pas me mettre à piquer du nez devant tout le monde. […] Mais qu’est-ce qu’il se passe ici. Je voudrais bien dormir moi. Bref. […] Voilà que je me mets à bâiller. AAAAaaaah. Si c’est un rêve c’est un bien mauvais rêve. […] Heureusement que tu es là, toi. On ne peut pas compter sur Pépino pour avoir un peu de compagnie la nuit. Quel mot ? Ah, « hypnagogie ». Un mot nouveau à chaque fois ? Parce que tu penses honnêtement que je compte être insomnié toutes les nuits ? […] C’est un sacré royaume, que celui de la nuit. On dit que tous les chats sont gris. Mais Pépino garde ses belles couleurs. Plus sérieusement, les objets prennent des textures différentes, des aspects bizarres parfois. La nuit tout est différent. La lumière y joue pour beaucoup. Mais il n’y a pas que cela. C’est un royaume que nos ne somme pas censés côtoyer communément. Nous ne sommes pas censés l’habiter. Juste le découvrir de temps à autres. […] Ça te fait peur ? Il ne faut pas avoir peur. Peur du noir ou de la nuit ou des cauchemars. Il faut accepter la nuit telle qu’elle est. Avec ou sans sommeil. Avec ou sans rêve. Tout le monde rêve. C’est juste que nous ne nous en souvenons pas. Tu sais, nous avons tous besoin des rêves, pour nous échapper dans ce beau royaume de la nuit. Rencontrer des gens formidables, des êtres fantastiques. Les hallucinations que l’on a parfois en font partie. Les cauchemars aussi. Il faut de tout pour faire un monde. […] J’aime bien mon lit, ma chambre. J’aime bien les couleurs. J’ai tout assorti à mon bonnet de nuit et à Pépino. Mon bonnet ? Pas qu’il fasse froid non, c’est juste psychologique. Quand je le mets, je me dis que c’est l’heure de dormir ! Si, si je te jure, ça marche ! […] Des fois c’est les soucis je pense. Les ennuis traînent jusque dans le lit, nous collent aux basques et envahissent la tête qui au contraire a besoin de se vider. Des soucis ? Moi ? À part que je ne dors pas, non. Je rigole ! Non, pas que je sache. Pas l’ombre d’un nuage en vue. C’est gentil de t’inquiéter, oreiller. Avec toi je sais que j’ai un ami sur lequel je peux compter. Avec toi je peux dormir sur mes deux oreilles, je sais ! Hihihi ! […] Tiens, le ciel change de couleur on dirait. Non ? C’est moi qui hallucine alors. AAAaaaaaaaaaaah. […] C’est vrai, tu as raison. Tout est calme. On n’entend que Pépino qui ronfle de plaisir. Quelle paix en ce royaume ! J’ai l’impression que je suis plus concentré que durant le jour. C’est vrai, c’est bizarre. Sérénité, voilà le mot. « Sélénité ». C’est un bon jeu de mot hihihi ! Séléné est la déesse de la lune dans le panthéon grec. Oui, je sais, mais quand même, non ? […] Bref…tu sais quoi, je pense….qu’il…...serait……..temps……...de…….......dorm……….......

1 comment:

  1. Hé hé hé hé... On reconnaît un peu de Roudor dans le pitit personnage, jeux de mots, "hihi"...
    Les pensées qui tournent et retournent dans notre pitite tête lors des nuits sans sommeil, c'est tout à fait ça...
    Merci beaucoup pour ce texte, je suis très contente que mon illu ait pu t'inspirer !!! La nuit, sujet inépuisable, idéal pour les insomnies, n'est-ce pas ? ^^

    ReplyDelete

Avis sur la chose en question
Feedback on the thing in question

Habits

I am a man of habits I got to this conclusion because I flash-realised that I am hoping that someone, someday will see the patterns the rou...