Ce peuple de Paris dans les cafés se terre.
Nous, gens de province, ne savons leurs coutumes
De faste, de princes, de strass et de costumes
Qui dès que l’astre noir, ce soleil mortifère,
Disparaît de leurs nues tristes et somnifères,
Apparaissent et laissent au visiteur incrédule
La sensation d’avoir perdu un pédoncule.
Ce peuple de Paris, altier et sépulcral,
Aussi ne comprend pas le rythme provincial
Et sa tranquillité toujours mal assurée,
Ses étals clos si tôt, ses nues deséclairées,
Sa vie sourde, son absence de moules-frites,
Sa vaine volonté d’être cosmopolite,
Son parler différent, la santé des pigeons,
Ses nuages blancs, l’impression d’aller en rond.
Dans le Paris d’Hugo on voit là quelque trogne
Qui servit de billot à quelque autre charogne :
On voit aussi que ce poëte s’est trompé,
Aussi grand fut-il, et si adextre à dompter
Rime et pied : il n’a vu que d’un côté Paris
Et de l’autre les égouts. L’illusion partie
Il ne reste bien sûr qu’un gigantesque égout
Paris le ventre à l’air et sens dessus dessous.
Un Paris retourné, sa honte aux yeux de tous,
L’infamie dévoilée, la géhenne qui pousse,
Les asticots aux fronts des rats et des cadavres,
Les vomis, les étrons, les souillures – un vrai havre
Méphistophélique pour toutes pourritures –
Boas faméliques, crocodiles aux dents dures,
Mygale et tarentule ou bien croquemitaines
Ou diverses crapules aux rapines hautaines –
Les égouts de Paris d’Hugo sont bien plus sains
Que la ville aujourd’hui pourrie par le larcin ;
Les égouts de Paris d’Hugo sont bien moins noirs
Que ses rues fétides, ses logis sans espoirs,
Son assemblée trahie, ses petites gens mais
Paris reste Paris et cela je l’admets,
Sans pour autant que mon avis soit unanime,
Ce peuple de Paris est bien pusillanime.
R.B.17/04/05 Paris 03h00
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