Wednesday 31 October 2007

Il était là, il est venu

« Hāfiz du savoir du monde, venu du grand Shēol, il est venu. » Il pleure. A genoux, les décombres écorchant ses jambes ; une épaisse poussière le recouvre de la tête aux pieds. Et ses larmes creusent deux sillons de malheur sur ses joues blanchies. « Il était là. » On apprend à se caparaçonner contre la tristesse quand on est à sa recherche. Quand on le traque. Sans relâche. On en oublie le boire et le dormir. On va là où il est, mais il n’est déjà plus là. On a des photos cornées, floues, prises par un amateur, une silhouette dans la nuit, achetées à prix d’or sous le manteau ; on montre aux gens qui hochent vivement la tête et sans hésiter reconnaissent ce que l’on croit n’être qu’un mirage et pointent un doigt tremblant vers l’horizon. Avec le temps on comprend un peu le langage du pays. « Il était là. » « Il est venu. » Ce malheureux n’échappe pas à la règle. Je me retourne ; le village n’est qu’un amas de ruines branlantes. Comme après un séisme, mais un séisme incommensurable sur l’échelle des hommes. Les seules habitations qui ont échappées aux flammes ont vomi leur mobilier et les fenêtres béantes n’ouvrent que sur l’obscurité de murs mis à nu. Voilà son œuvre.

« Cюдá ! Cюдá ! »

Tout le monde accourt. Une autre de ses œuvres. A nos pieds, dans un fossé creusé à même un cratère d’obus, gisent pêle-mêle des cadavres par dizaines. Tous nus, décharnés ; mutilés pour certains. La mort leur a apposé un rictus de douleur que le corps, à jamais figé dans sa physicalité – dans des postures de pantins désarticulés jetés avec une négligence travaillée – conservera jusque dans la putréfaction. On prend une série de photos, une de plus. Et on marche plus à l’Est. Semblable à une dépression atmosphérique, il a tourné sur lui-même et s’enroule ainsi vers l’Est, courbant sa trajectoire et les échines des hommes. Il vole, rapine, viole, brûle prostitue, massacre, torture, mutile, destitue. Il est venu. Il a tué. Il contrôle. Et je le cherche, comme d’autres.

De retour à un hôtel bombardé, aux murs soutenus par des étais de fortune, on passe un ou deux coups de fil qui passent, ne passent pas, on se renseigne avec les moyens du bord. Oui, il est plus à l’Est. Demain, peut-être, aura-t-on de la chance. On écrit une ou deux feuilles qu’on faxera quand on pourra. On vérifie son matériel, la batterie de l’appareil – le nombre de « shots » dispos sur la carte mémoire. Tout est OK. L’ère numérique n’a pas que du bon. L’électronique qui fait fonctionner mon appareil photo est sensiblement le même que celui qui dirige un missile. Voir son visage. Juste une fois, c’est tout ce que je demande. Savoir. Celui qu’on cherche depuis tant de temps. Autant de gens ne peuvent avoir tort.

Lendemain. La route vers les montagnes de W– est truffée de nids de poule. Nous sommes en tête de colonne. Tout en roulant, je prends quelques shots de maisons délabrées et des tombes de fortune qui les accompagnent, quand ce n’est pas de la terre simplement jetée à même la dépouille. Non, on n’a pas le temps de s’arrêter. Les casques bleus qui m’ont fait la faveur du transport sont nerveux. Le rendez-vous est pris aux pieds de la montagne. Cette nuit il a encore frappé. Le village, déserté par les hommes partis guerroyer, habité uniquement par des femmes et des enfants, a souffert le martyre, paraît-il. Le blindé halte. Un homme gesticule au milieu de la route, boîte en notre direction, hurle quelque chose d’une voix qui a trop hurlé.

« Il dit qu’il faut le sauver des griffes de la mort, » interprète un gradé.

« Il est là ? » La question est sortie, malgré moi.

« Non, et c’est pas aujourd’hui que vous le verrez, » « ni demain d’ailleurs, » ajoute-t-il. On verra ça. On repart. L’ordre a été donné par radio aux blindés derrière de s’occuper du malheureux errant. Combien rentrent pour retrouver une maison détruite, une famille décimée, humiliée ? Combien repartent alors se battre la rage au ventre ?

Une heure se passe. Un soldat en face de moi s’assoupit. L’atmosphère dense et confinée. Sa tête ballotte au gré des soubresauts du blindé. Il lutte contre le sommeil, en vain. De temps à autre un message radio grésillant à tout rompre dans la coque de métal blindée nous surprend, nous fait sursauter. Mais « R.A.S. » est l’unique réponse de ces soixante dernières minutes. Tous ici, sans exception, nous avons tous une famille qui nous attend là-bas, dans un pays où la paix règne ; le soldat devant moi ouvre les yeux. Un nid de poule trop profond, sans doute. Le conducteur doit lui aussi céder à la tentation de fermer les paupières, pour une seconde, pas plus. Le soldat a l’air surpris. Il me regarde, comme me questionnant. Je lui souris et, tous deux ballottés comme des pantins, je lui demande depuis combien de temps il est là. Mais aucun son ne sort de ma bouche. Je viens de sentir ce qui l’a sorti de son sommeil. Je sens mon sourire disparaître peu à peu, ma peau se détendre peu à peu. Une vibration qui s’estompe en un instant en fourmillant le long des jambes. Je scrute l’arrière du blindé et quatre paires d’yeux me fixent. Tout le monde est tendu, les mains crispées sur la crosse du fusil. L’un des regards tombe plus bas sur moi, je le suis. Mes mains ont enserré l’appareil photo ; les articulations blanchissent sous la pression. Echange de sourires tendus. La voix du Capitaine résonne un instant. « Colonne de fumée à 11h. Deux secousses – trois secousses – sûrement des tirs de mortiers. Déploiement. »

La tension monte d’un cran. Je sens les gouttes de transpiration couler dans mon dos. Nous avons tous les yeux rivés au-delà du pare-brise.

« Ralentis un peu. » Pourquoi ralentir ? S’il est là, autant y aller. J’en ai marre de le rater.

« Merde, j’aime pas ça. Arrête-toi. » Mais pour–« Arrête-toi ! » Le sixième sens du Capitaine ne nous a pas sauvé la vie, parce que l’obus tombe à cinquante mètres à peine de la route, mais il nous a épargné une belle frayeur.

« Colonne, stop ! Je répète : Tout le monde s’arrête jusqu’à nouvel ordre ! » Mon cœur bat la chamade. Je déteste l’attente, surtout quand rien ne vient. Car rien ne vient. Un obus perdu, sans doute. Mais le Capitaine ne montre aucun signe d’aller plus avant. Tout le monde semble partager son point de vue. La colonne de fumée, noire et épaisse et menaçante, est tout juste à un kilomètre, deux tout au plus, de notre position. Je ne suis pas soldat. Le sentiment de sécurité qu’ils me procurent doit être pesé à l’aune de l’information.

« Capitaine, je demande la permission de continuer à pied si vous comptez rester ici.

_ Vous voyez juste : nous allons rester ici. Mais vous n’avez nulle permission ou ordre à recevoir de ma part : vous êtes civil.

_ Merci, Capitaine –

_ Par contre, si j’étais vous j’y renoncerai.

_ Et pourquoi ?

_ Parce qu’il est là-bas, et vous vous en doutez autant que moi.

_ C’est pour cela que je suis ici.

_ Votre mission n’est-elle pas d’informer le reste du monde de la situation, et objectivement de ne pas y laisser votre peau ?

_ Bien sûr, Capitaine, mais le démasquer aidera le monde à mieux comprendre, afin d’éviter –

_ Vous ne pourrez jamais l’empêcher de recommencer. Tant que l’homme existera, il existera. Abandonnez vos illusions. Vous qui sortez, laissez toute espérance.

_ Merci du conseil.

_ Libre à vous. Ouvrez-lui la porte, surveillez les ouvertures. » « Bonne chance. » Sans un regard je quitte le blindé. Je sais que des dizaines de paires d’yeux incrédules m’observent de la colonne. Qu’ils aillent au diable. Je vérifie les sangles de mon sac à dos en tirant dessus. Tout est OK. L’appareil est prêt. Je m’élance, courant en zigzaguant sur la plaine, plié en deux. Je m’allonge parfois à plat ventre, soudainement. Je sais que j’ai l’air ridicule et qu’on doit bien se payer ma tête avec des jumelles quelques centaines de mètres derrière moi. Mais du camion on ne sentait pas l’odeur de chair brûlée. Bon Dieu, ça pique la gorge. Ça doit être un véritable carnage. Je m’avance encore. L’odeur est quasi-insupportable. Je ne suis plus qu’à une centaine de mètres quand un obus siffle dangereusement dans l’air. Instinctivement, j’attends un instant ; le sifflement se rapproche. Je cours et plonge sur ma gauche. L’obus éclate où je me trouvais trois secondes plus tôt. Il avait mon nom et mon adresse dessus, celui-là. La terre retombe en grosse pluie de poussière sur un large diamètre. Je me secoue, vérifie que l’appareil n’a rien. J’entends des mitraillettes, des cris, des explosions. Je me relève, toujours courbé mais un hurlement me pétrifie sur place.

« OH здесь ! OH здесь ! OH здесь ! » répété à l’infini par une femme enveloppée dans une robe de flammes. Elle court dans ma direction. Sa litanie déchire la plaine. Un frisson me parcoure le corps. Elle se débat contre les langues de feu qui consument ses vêtements, embrasent ses cheveux. Je suis encore accroupi. Une petite butte de terre, à quelques pas, cache une partie du village à ma vue. La pauvre femme se tord comme elle peut, hurle à pleins poumons. « OH здесь ! » J’hésite à sortir de ma position, à aller aider cette femme qui mourra quoi que je fasse, je n’ai qu’une petite gourde d’eau. Où est mon humanité ? Une rafale de mitraillette retentit. Au ralenti, la femme se penche, torche humaine, comme si elle voulait ramasser quelque objet tombé au sol, trébuche, tombe, roule et son manteau de flamme l’accompagne, à quelques pas de moi. Je suis plaqué au sol. J’ai peur. Elle convulse. Marmonne encore qu’il est là. Les flammes crépitent. L’odeur âcre me fait vomir, la peur aussi. J’entends des éclats de rire. J’ai envie de ramper jusqu’au convoi. Mais il est là. Son visage, imaginé dans maints rêves tourmentés, je vais le découvrir.

Je lève la tête. R.A.S. Je prends un shot rapide de la malheureuse ; je contourne le cadavre encore dévoré par les flammes avides, court jusqu’à la première maison, m’adosse au mur. Mes jambes flageolent sous moi. Dans l’imbroglio des sons qui me parviennent, je crois percevoir des râles, des coups de couteaux, des tirs de pistolets, de mortiers, et par-dessous tout cela, un murmure presque inaudible, ténu sous le crépitement des brasiers. Comme une voix faible mais résolue. Une voix grave. Ce ne peut être que lui. Il est venu. Il est là. Je prends quelques clichés ; on se bat dans la maison derrière moi. Je sens les vibrations dans le mur. On tue. Je m’avance. L’expérience m’a appris beaucoup de choses, comme la façon de traiter avec un obus. Elle m’a appris la prudence, mais elle m’a aussi enseigné les vertus de l’action. Rester à un endroit est parfois le moyen le plus sûr de se faire repérer, de se faire abattre. Une carte de journaliste n’aide en rien son détenteur ; elle attise plutôt les rancoeurs, décuple la haine du monde, force à presser la gâchette. Ah, le monde veut savoir, alors apprend la vérité au bout de mon canon. Alors je bouge, me faufile à l’intérieur d’une maison encore en proie aux flammes. Seul le toit brûle toujours. Il y aura deux dépouilles à enterrer. Clic-clic-clic. Les éclats de voix et les cris se rapprochent. Je me fige sur place. Elles passent. C’est maintenant ou jamais. Un rapide coup d’œil par une fenêtre aux carreaux brisés et je l’aperçois, de dos, à la tête d’une petite troupe de soldats. C’est bien lui. La porte est maintenue par les gonds du bas, mais ils sont tous tordus. Je regarde à droite, à gauche. Rien. J’enjambe le cadavre de la porte. La rue principale répond au nom de chaos. Tout ce qui peut brûler brûle. Tout ce qui peut mourir meurt ou est déjà mort. Je veux voir son visage, même s’il est illuminé par des brasiers, même s’il est maculé de sang et de sueur et de peintures de guerre. La fumée traverse la rue en nappes ocre, occultant la vue. On court dans tous les sens. On tire aussi. On tombe. On meurt. On rit. Le groupe s’est arrêté à une vingtaine de pas, en cercle autour de quelque chose, ou plutôt de quelqu’un. Je ne le vois plus, mais il doit être là.

J’aurai une meilleure vue de l’autre côté, mais c’est risqué. Je recule et me mets à l’abri entre deux maisons. J’essuie mon front trempé de sueur. Je bois beaucoup. Il ne faut plus réfléchir, il faut agir. Et rester prudent. Je contourne tout un pâté de maison, sans voir âme qui vive. Merci Capitaine, la chance est avec moi. D’où je suis la vue est imprenable. Un mur en partie effondré m’abrite des regards, me permet d’observer le groupe à ma guise.

Quelque chose ne semble pas tourner rond. Deux corps sont recroquevillés au centre du groupe. Je ne le vois pas. Où est-il ? Pendant des mois j’ai entendu « Il est là, il est venu ». J’ai vu son œuvre. C’est son visage à présent que je veux dévoiler à la face du monde. Il faut que ça cesse, que le monde réagisse et fasse cesser ces atrocités ; qu’il soit mis aux fers. La discussion s’anime, le ton montre entre la dizaine de personnes en cercle autour des victimes. Je sens une main m’agripper par l’épaule. Me force à me retourner. Mon cœur rate un battement. Je vais mourir. Non. C’est un jeune garçon, tout juste adulte. Son regard trahi la peur qui le ronge. Ses lèvres les syllabes que je connais par cœur. Est-ce de la résignation que je lis dans ses yeux gris comme le ciel ? Il baisse la tête, laisse retomber sa main, recule, se retourne puis s’en va, tourne au coin de la maison, en dehors du village. Je ne condamne pas sa fuite…qui n’en est pas une. Il revient. Il tient dans ses mains mal assurées un long gourdin de bois qui s’avère être un vieux fusil. Il tremble. Sa fine moustache qui n’est qu’un duvet un peu noir est agitée de tremblements. Il me dépasse. Je le retiens par la manche, lui fait signe de ne pas y aller. Il hoche la tête, se dégage de mon emprise. Court en hurlant vers le groupe de soldats. Clic-clic-clic-clic-clic…..pas de détonation. L’un des hommes l’a pris par le col alors qu’il courait, le soulève, lui brise la nuque comme s’il se fut agi d’un lapin et non d’un homme. Son corps tombe inerte sur le sol, sans vie. Ce ne peut être que lui. Il s’est déjà retourné. C’était de la tristesse, pas de la résignation. Le groupe se scinde soudainement en deux. Deux soldats s’empoignent. Personne n’esquisse un geste pour s’interposer. Un coup de feu éclate. Du sang jaillit. L’un tombe à terre. Celui encore debout est mon homme, pour sûr. Clic. Un éclair jaillit, une lame venue d’on ne sait où pénètre profondément dans le côté droit de son cou, ressort, rentre, ressort. A chaque fois, une gerbe de sang noir. Il ne peut mourir…à moins que ce ne soit pas celui que je cherche. Il tombe. Puis c’est un pugilat, fulgurant. Ca s’empoigne, ça grogne, ça cogne, poignarde dans le dos, étouffe – et pas un coup de feu. Trente secondes tout au plus et j’en oublie presque de prendre mes photos. Un seul est resté debout de l’impitoyable mêlée. Sa poitrine se soulève rapidement. Il halète. Il pose un genou à terre, soulève un des corps – c’est une jeune fille. Se sont-ils battus simplement pour un corps ? Il claudique vers une maison, comme si le village ne se consumait pas dans un incendie rageur. Je vérifie que rien ne vient. Droite, gauche. J’y vais. Je passe à côté des corps des soldats immobiles. Il y a beaucoup de sang. La photo attendra. La porte est ouverte. J’entends un bruit sourd. Il a du laisser tomber le corps. Ses bottes raclent le sol jonché de débris. Puis rien. Si, un froissement. De vêtement qu’on enlève. C’est lui. Ce ne peut être que lui. Personne ne pourrait faire subir ça à un mort. La porte est trop risquée. Je suis à découvert sur la rue. Je dois bouger. Je longe la maison, passe par derrière. La porte de derrière n’est plus qu’un trou béant creusé à la roquette. Je passe l’ouverture, aussi discrètement que possible. Le mur de soutènement tient par je ne sais quel miracle. Un obus a traversé la maison de part en part ; par une ouverture je peux voir ses bottes. Mon cœur va lâcher. Je m’approche.

Il est là. Labourant la dépouille d’une malheureuse. Elle a le visage contre le sol, les cheveux tombants sur sa figure. Il est sur elle, halète. Je peux saisir, à la lueur des flammes, son profil. Mais est-ce un jeu de la lumière, car il a tantôt un nez droit, tantôt un nez camus, tantôt des lèvres fines, tantôt des lèvres épaisses – un jeu de la fumée sans aucun doute. Il se penche sur elle. Murmure quelque chose à son oreille. Redouble ses coups de boutoir. Se penche à nouveau – et mon corps entier se glace : il lui déchire, avec une lenteur extrême, le lobe de l’oreille. Il est là. C’est bien lui. Il ne recrache pas l’oreille. Bon Dieu pourquoi il ne recrache pas l’oreille ? Le corps se soulève au rythme de ses reins. Je ne peux pas prendre la photo. Mais comment pourrait-on me croire autrement ? Il accélère encore ses mouvements. Se penche à nouveau. Je ferme les yeux. Je vais vomir. Il gémit. Il se relève, se rhabille. J’ai la bouche pâteuse. Je tremble. S’il me voit, je fais quoi ? Il regarde la fille. Il la frappe au visage du bout de sa botte crasseuse. Encore une fois. Il la soulève de terre par la chevelure, la gifle violemment. Pourquoi s’acharne-t-il ainsi ? Bon Dieu de bon Dieu. Elle gémit. Elle est vivante. Mes intestins vrillent sur eux-mêmes. Elle ouvre lentement les yeux. Jamais je n’oublierai ce regard, perdu dans les limbes de la souffrance. Il lui crache au visage. J’ai peur de faire une connerie, je n’ai qu’un pistolet et qu’un chargeur. Et encore si je savais tirer correctement. S’il est possible de le tuer. Elle est vivante, mais elle est morte. Il la jette contre le sol. Elle ne se défend pas. Il tire un long couteau. Elle attend. Il lui ouvre une large entaille à la gorge. Mes yeux se brouillent. Où est l’humanité quand on a besoin d’elle ? Elle lit les journaux. Il ressort. Il était là. Une flaque de sang s’écoule de la plaie. Je ne peux pas prendre cette photo. Son visage, il est là, partout, nulle part. En rémanence sur ma rétine. J’ai vu ce visage des centaines, voire des milliers de fois, peut-être aux quatre coins du globe. Il était là, sera toujours là, partout, tout le temps. Un visage de plus dont le monde doit se souvenir pour l’honnir. Il est temps pour moi d’agir.

R.B. (18.05.06)

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