Tuesday 27 November 2012

Tidig Gryning / Juste avant l'aube


Några sista stjärnor lysa matt.
Jag ser dem ur mitt fönster. Himlen är blek,
man anar knappast dagen som börjar i fjärran.
Det vilar en tystnad utbredd över sjön,
det ligger en viskning på lur mellan träden,
min gamla trädgård lyssnar halvförstrött
till nattens andetag, som susa över vägen.


Edith Södergran, Dikter, 1916.


Quelques ultimes étoiles mates luisent.
De ma fenêtre, je les vois. Le ciel est pâle,
à peine devine-t-on le jour qui naît au loin.
Un silence s'étend sur le lac,
chuchotement à l'affût entre les arbres,
mon vieux jardin écoute un peu distrait le souffle
de la nuit qui passe sur la route.

Edith Södergran, Poèmes, 1916 (Orphée / La Différence).

Monday 26 November 2012

Just do it


"His mother had often said, When you choose an action, you choose the consequences of that action. She had emphasized the corollary of this axiom even more vehemently: when you desired a consequence you had damned well better take the action that would create it."

Lois McMaster Bujold, writer (b. 1949)

Saturday 24 November 2012

A new place


Home is where I hang my hat
Home! Home is where my heart is
Both are with me, home.

Le bonheur est toujours une embuscade


« Je ne peux pas dire que j’ai été heureux, enfant. Sauf durant les étés sur l’île d’Ischia, en face de Naples. Nous y possédions un cabanon sans eau courante et ma mère nous laissait en totale liberté. Pieds nus, comme des sauvageons, en intimité avec la nature, qui elle-même n’était pas tendre : elle brûlait, piquait. Il fallait s’en défendre. J’ai donc su tout de suite que la beauté avait un prix. Elle n’était ni gratuite, ni donnée. Pour moi, le bonheur est cette possibilité d’arracher à la vie un petit butin. C’est un vol. Nous prélevons souvent le bonheur dans notre mémoire, car nous avons laissé passer le bon moment pour le reconnaître. Certaines personnes savent, le jour d’avant, qu’elles ont rendez-vous avec lui. Et, malgré cette intuition, elles ne seront pas prêtes. Le bonheur est toujours une embuscade. On est pris par surprise. Le jour d’avant est donc le meilleur… »

Interview d'Erri de Luca au sujet de son livre Le jour avant le bonheur (Gallimard, 2009). Source.

Friday 23 November 2012

Lammaspaimen / Le berger

Lammaspaimen

   Märän villapaidan tuoksusta
   tunnistan sinut lammaspaimeneksi,
   joka opasti sokeaa runoilijaa
   antiikin nummilla.

   Täällä on sokeaa sokeudettakin.
   Lokakuu puhaltaa, sataa,
   talot horjuvat.
   Tulemme elokuvista.

   Filmin viimeisillä metreille
   rakastavaiset jäivät
   kuolinsyleilyyn ja tähdet
   satoivat heidän vuoteelleen.

   Heitä ei erottanut tyhmyys
   eikä viha, ei siis myrkky,
   joka polttaa yhä tuhkaksi
   Romeon ja Julian syleilyä.

   Itse olemassaolon ristiriita,
   soluun upotettua tuhon merkki
   pakotti heidät etsimään
   lohdutusta kuolemasta.

   Kohtalo, eikä siis ihmistahto,
   paiskasi meidätkin ajan virran
   kahdelle vastarannalle,
   vaikka rakastamme toisiamme.

   Myös kauneutesi on kohtaloa,
   jota uhmaan. Tervasoihtujesi
   loimussa kokoan vavisten
   rakennusjätteitäni ihmishahmoksi.

   Luulen valvomisesta kuultavien
   kasvojesi kutsuvan minua niin
   kuin säteilisit Ruijan pimeydessä
   valaistuna kaupunkina.

   Huojun sinua kohti peräsimettä,
   laivan hylky, koditon ajatus,
   humalainen yökulkija.
   Painaudun märkään villapaitaasi.

   Lammaspaimen, ethän itke. Onhan maa,
   jossa rakastavaiset silmät auki
   uppoavat toisiinsa ja valvovat.
   Päivät on luettu, ei kosketuksia.


Pentti Holappa, Valaistu kaupunki Ruijan pimeydessä, 1985.

Source



Le berger

À l'odeur de ton chandail humide
je t'ai reconnu, berger
toi qui menas le poète aveugle
dans les landes de l'Antiquité.

Ici on est aveugle sans cécité.
Octobre vente, octobre pleut,
les maisons chancellent.
Nous rentrons du cinéma.

Dans les derniers mètres du film
les amants sont restés figés
dans un baiser de mort et les étoiles
pleuvaient sur leur couche.

La bêtise ni la haine ne les ont
séparés, le poison non plus
qui consuma jusqu'à la braise
les caresses de Roméo et Juliette.

Le paradoxe même de l'existence,
le signe fatal noyé de chaque cellule
les contraignit à chercher
le réconfort dans la mort.

Nulle volonté humaine, le destin plutôt
nous a drossés aussi sur les deux rives
opposées du fleuve du temps,
malgré notre amour partagé.

Ta beauté est la destinée que je défie.
Dans les flammes de tes torches de résine
je rassemble en tremblant mes vestiges
pour en bâtir une silhouette humaine.

Je crois que ton visage ambré
par mes nuits blanches m'appelle
car tu scintilles comme une ville illuminée
dans les ténèbres des rives arctiques.

Vers toi je tangue sans gouvernail,
épave de navire, pensée sans demeure,
promeneur ivre de la nuit. Je me glisse
dans la laine de ton chandail mouillé.

Berger, ne pleure pas. Il est un pays
où les amants les yeux grands ouverts
se fondent, se confondent, et veillent sur la nuit.

Les jours sont comptés, pas les caresses.

Penti Holappa, Une ville illuminée dans la nuit arctique, 1985, in Les mots longs (Gallimard 1997 et 2006)

Colours


"No man, for any considerable period, can wear one face to himself and another to the multitude, without finally getting bewildered as to which may be true."

Nathaniel Hawthorne, writer (1804-1864)



"This above all: to thine own self be true,
And it must follow, as the night the day,
Thou canst not then be false to any man."

William Shakespeare, poet and dramatist (1564-1616)

Friday 16 November 2012

The unnamed crowds


"In our world of big names, curiously, our true heroes tend to be anonymous. In this life of illusion and quasi-illusion, the person of solid virtues who can be admired for something more substantial than his well-knownness often proves to be the unsung hero: the teacher, the nurse, the mother, the honest cop, the hard worker at lonely, underpaid, unglamorous, unpublicized jobs."

Daniel J Boorstin, historian, professor, attorney, and writer (1914-2004)

Le sablier



j'ai toujours aimé contempler
l'écoulement du sablier
je peux y passer
des heures
c'est insensé
des heures entières
le sable autant que son verre
la même matière
égrenant le passé
forçant l'avenir
dans son étroit goulet
sans ralentir
ni faiblir
patiemment
gravement

ce rêve qui me tire de ma jeunesse
ce goût de sable entre le palais et la langue
la tristesse coincée entre les dents
comme un éclat de laitue sur l'émail

je sais que bon an mal an
mon regard glace le sang
de ceux qui croient
cracher le plus loin
je m'y emploie parfois
inlassable et j'aime bien

pour aller faire mes courses je coupais par le cimetière
de grandes nappes de soleil et de vent souvent
balayaient les rites funéraires et les allées de sable
et les stèles riaient à marbre déployé
certains noms ne cachaient rien de leur déception
d'autres arboraient des moues passablement défaites
renfrognées ou dédaigneuses
ce qu'il faut faire parfois pour ne pas mourir

entre les fissures des nuages
invisibles et imaginaires
les particules qui n'ont pas d'âge
défient les scrutateurs de l'air
alors qu'on croit tout immobile
tout s'active
tout dérive
tout s'enroule et tout s'empile
tout et rien et tout ou rien
tout est rien
et ceux qui croient cracher plus loin
en réalité ne crachent rien

j'ai vu les monts opaques comme griffant le ciel
les mers comme d'air liquide en constant mouvement
j'ai vu les déserts onduler comme des vagues
les hommes habiter les sabliers comme des maisons
j'ai vu nombre de regards perdus
déchirés ou vendus ou acheteurs ou déchirants
tristes ou rêveurs ou ripailleurs ou extatiques
sincères ou fourbes ou tranquilles
je n'en ai vu qu'un qui m'avait retrouvé
et la foule l'a emporté

depuis j'attends que le retournement
du sablier me ramène ce regard
que je n'ai pu oublier malgré les ans
ces yeux couleur de sable et de hasard

Thursday 15 November 2012

Voice


"To learn who rules over you, simply find out who you are not allowed to criticize."

Voltaire, philosopher (1694-1778)

Thief!


"It is impossible to enjoy idling thoroughly unless one has plenty of work to do. There is no fun in doing nothing when you have nothing to do. Wasting time is merely an occupation then, and a most exhausting one. Idleness, like kisses, to be sweet must be stolen."

Jerome K. Jerome, humorist and playwright (1859-1927) 

Monday 12 November 2012

To thine own self be true


"If you do not tell the truth about yourself you cannot tell it about other people."

Virginia Woolf, writer (1882-1941)

One of the


"A decent provision for the poor is the true test of civilisation."

Samuel Johnson, lexicographer (1709-1784)

On a blade of grass



I was born on a blade of grass,
Yet before the year came to pass
I could've turned into a cricket.
I grew up to become a man –
I clean forgot how it began –
Yet I'm as thin as a bus ticket.

A cloud fathered me in Spring
While the sun was a-turning
To get a better sleeping position.
The wind raised me like her kin
Made me float across the plains
As if I were a gamin o' the halcyon.

During that summer when I was born,
Fire undid stone, wind undid metal,
Bees wrought beehives the size of cathedrals
And bulls grew a new pair of horns.

Words broke down at the first spell of rain,
Showering letters like smithereens –
Untold stories laid still in brackish puddles.

Prophecies abounded in those bygone times.
One told of the cataclysm I spoke about.
It all happened in the wink of an eye.
The sound and the fury were unleashed,
Shaking nightshades on their stem.
Then some sort of silence prevailed.
Then everything stood still.
As if every sentient life form
Were playing statues.

Yet 'tis another one which mattered,
Which altered the very breaths I drew.
It told of my love for a poppy.
She turned out to be the prettiest thing I had ever seen.
She once said I was the only one around
Who was actually too thin
To shade her with my string-like self.
She smiled and smiled and smiled.

Satchels of time I had aplenty
Yet she made me live without her.
She left. She left. She looked sorry.
The end, which already comes too soon,
She made come even sooner.
Timesands trickling from the moon.

For one morning Poppy was nowhere to be found.
Never did I, or anyone, see her again.
As if she had never existed.
As if she had been but a dream.
As if she had been out of time,
All this time. All the time.
Words crumbled where her roots had been.
Butterflies did lose their colours,
But no other calamity befell.
For me the world an empty shell.
Lying face down in the dirt
Or wriggling into some fissure
And ask the stars if they'd seen her go.
Yet their vigil had been futile.
Not even the trace of a root was to be found.
As if she had vaporised.

I was born on a blade of grass,
One rainy Monday afternoon.
Next day my cheek was pressed
On the mirroring pane of a raindrop.
I sighed.
The weariness I felt then was the same as now's.
She had me wait, then she went.
She needn't have gone this far if she fled.
She should have fought if brutal force took her.
I could have gone through hell for her.
I would have fought God had He been the one to blame.
I cannot live without the possibility of her love.

I don't know where she was born.
I don't know if she loved me.
Did she have friends apart from me?
Can she know I rue the day she was torn?
Fact is: her smile shone like a star.
Her petals had the radiance of fireflies
And the promptness of lightning.
Oftentimes did the mist embrace her.
She never looked so bright as then.
Mayhap she deemed me too lean.
Mayhap she was all deceit and lies.
Mayhap she felt nothing but scorn.
Mayhap we are wrong to mourn.
Mayhap she hastened her demise.

Natheless she probably was
All things considered
Standing on a blade of grass
– Yes – the being I loved
The most.

Most of us


"We all have to rise in the end, not just one or two who were smart enough, had will enough for their own salvation, but all the halt, the maimed and the blind of us which is most of us."

Maureen Duffy, poet, playwright, and novelist (b. 1933)

Sunday 4 November 2012

Under the wind


"We saw men haying far off in the meadow, their heads waving like the grass which they cut. In the distance the wind seemed to bend all alike."

Henry David Thoreau, naturalist and author (1817-1862)

Habits

I am a man of habits I got to this conclusion because I flash-realised that I am hoping that someone, someday will see the patterns the rou...