Tuesday 28 December 2010

Sunset and my Gecko friend

Sunset over KL, in four movements:










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 I have already told some people that every evening, around 10, there's a gecko that comes and inspects the content of the bin in the kitchen. Having done so - I don't have a clue as to what he may find suitable to his palate in there, as geckos usually eat insects (their all-time favourite are mosquitoes, useful little creatures, aren't they) - he pads his way gently up the ceiling (sometimes upside-down on the curtain rail bar), near the light and patiently waits here all evening long - I mean, as long as I don't make any harsh noise - otherwise he'll scamper in the blink of an eye (the which he can't do, having no eyelids). This particular gecko is not as colourful as most of his cousins, being "only" a common house-gecko (Hemidactylus frenatus some people call him, but I bet he doesn't like it). Here's a tryptich of pictures : 




Hiding behind the curtain. Brave, but not bold.




One thing must be said concerning their way of "climbing": they don't seem to "climb" anything so much as to "glide" lightly on the surface, without any apparent effort. I think I'll dig this in a bit further.




By the way, could anyone explain to me the gecko shadow next to it? When I took the picture (with a flash), the lizard was moving (fast, should I add). But I still can't figure out why the shadow is lying next to it, and not underneath it...Is this some kind of pre-image of the moving gecko? In any case, I find this strange.

Friday 24 December 2010

Malaisie - Semaine 2

 
Selamat tengah hari!

Une semaine de plus, qui ne ressemble pas vraiment à une semaine, étant donné que j'ai dû travailler samedi et dimanche pour les journées portes ouvertes (le but étant d'observer mes collègues qui présentaient le programme afin d'en connaître les moindres détails), et enchaîner comme si de rien n'était. Bref.

Revenons à nos moutons – oui, j'ai laissé tomber les flip-flops, je vous dirai pourquoi dans quelques lignes. Je vous ai donc laissé le vendredi soir, après la soirée avec les ambassadeurs (NB j'ai bel et bien vu des Ferrero rochers © dans une grande surface, il y a donc deux solutions : soit ils s'en foutent complètement et préfèrent petits fours, bouchées et autres sushis, soit leurs publicités ne sont pas les mêmes que les nôtres). Toujours est-il que je me suis retrouvé samedi matin, pas trop frais mais dispo, dans le hall de l'université pour accueillir des centaines et des centaines d'étudiants impatients de venir étudier les arcanes de l'omelette à la française...en fait presque personne n'est venu, vu que le programme vient à peine d'être lancé. Un peu de pub (justement, maintenant qu'on en parle...) ne fera pas de mal.

Il a fallu donc passer le temps en tailler diverses bavettes de-ci de-là. J'ai rencontré pas mal de gens très sympathiques, dont un croate que je décrirai comme – et vous me passerez ce petit caprice, c'est pas tous les jours que je peux utiliser ce mot – pétulant débonnaire. On se marre bien. Je suis aussi allé « écouter » ce cher Edward Olmos qui présentait sa compagnie – même si « aller voir » est plus approprié, comme aller voir tel ou tel film. Un vrai show à l'américaine, mais un type sympa au final, assez simple. Bref, je ne vais pas vous refaire ces deux jours par le menu, même si une anecdote vaut le détour.

Le décor est simple. Une table nappée de rouge juchée sur une estrade et entourée de tables similaires, des brochures, ma collègue de programme Hospitality et moi-même, assis à bavarder. Un monsieur – la déférence s'impose vu ce qui va suivre – un monsieur donc arrive et la première chose qui me frappe en le voyant est qu'il a plus de cheveux sur et dans les oreilles que sur la tête. Il s'avance vers notre stand, le sourire fendu jusqu'aux-dites oreilles. Un subtil coup de pied sous la table et ma collègue se lève. Je m'exécute. Je dois apprendre à présenter le programme des arts culinaires. Tout ce que je réussis à apprendre sur l'instant, c'est à me contrôler. C'est déjà ça. Durant les onze minutes de l'entretien, je prends bien le temps d'observer...les-dits cheveux. Toujours par déférence pour ce monsieur, je ne décrirais ni leur support ni leur qualité, mais plutôt leur organisation générale, leur...leur...arrangement. J'écoute ma collègue qui connaît son sujet sur le bout des doigts. J'observe. Il y a quelque chose qui me chiffonne dans ces cheveux. Je n'arrive pas à mettre le doigt dessus, je l'ai sur le bout de la langue, je me crêpe le chignon tout seul à force de me triturer les méninges. Je coupe les cheveux en quatre, et soudain je reprends le fil et me rends compte que c'est tout bête, que ce n'est même pas tiré par ces splendides cheveux : ils le sont justement, splendides. Luisants. Gominés. Propres comme des sous neufs. Peignés. Oui, mesdames et messieurs. Cette conclusion s'impose d'elle-même. À bien y regarder, il n'y a plus aucun doute possible. Cet honnête homme assume une pilosité qui ne doit pas être qu'auriculaire. Il y a bien une petite voix en moi qui hurle : « Crévindiou ! », mais une autre dit en souriant que finalement il n'y a pas de quoi se moquer, et que c'est bien mieux qu'une touffe de poils hirsutes et gris, empelottée autour du tragus et des lobes supérieur et inférieur. Notez quand même que l'effet de surprise est de taille, presque à vous les faire dresser sur la tête – ou sur les oreilles, ou où que vous les ayez.

Weekend bien rempli donc, qui nous a laissé sur les rotules – mais pas tant que ça. Il se trouve être quatre heures lorsque les portes ouvertes se ferment pour nous (une heure plus tard pour d'autres, pas de veine). Une idée nous effleure : pourquoi ne pas profiter des quelques heures de soleil qu'il nous reste ? Ni une ni deux, nous fonçons à l'appartement nous changer – chaussures de randonnée, short, t-shirts, sac à dos, bouteilles d'eau, et appareil photo – et nous voilà partis à Hulan Lipur Kanching, Selangor, accompagnés de Kaï, un ami de Yeow Wei que j'ai rencontré la veille au soir.

Alors c'est l'histoire d'un finlandais, d'un français et d'un malaisien....qui partent dans un parc à moins d'une heure de route au nord de Kuala Lumpur. Un Recreational park, comme on dit ici. Pour une récréation, on est servis. Peu de voitures sur le parking en terre brune, mais beaucoup de monde autour des tables et des bancs en bois. Des stands de boissons, de glaces, de snacks en tous genres. Un jeune homme qui propose de vous prendre en photo avec l'un de ses perroquets. Des singes à la pelle. Et quand je dis à la pelle, c'est qu'ils sont partout : sur les toits des voitures, sur les poteaux et les fils électriques, les toits des boutiques, dans les arbres (un peu normal, vous allez me dire), sous les bancs à attendre non pas que la nourriture tombe, mais que vous tourniez la tête pour vous la chiper.

Seulement les singes ne constituent pas l'attraction principale de Hulan Lipur Kanching, mais les cascades. En plein milieu de la forêt coule une rivière (étrange, non?) qui se détache, sur sept paliers, en retenues d'eau plus ou moins grandes. Une petite photo pour vous aider à comprendre, vu que je m'exprime comme un pied.



Comme rien n'échappe à votre perspicacité, vous aurez remarqué l'utilisation du mot hutan qui signifie « forêt » (ce qui nous laisse, ergo, avec lipur, « cascade »). En fait, le premier mot que j'ai appris en malais, il y a de cela des années, était orang-outan. L'homme de la forêt. Correctement orthographié, ça donne orang hutan. Pas dur de trouver le mot pour « homme » – enfin, techniquement, il signifie « personne ». Et juste un dernier mot parce qu'il m'amuse beaucoup : air en malaisien signifie « eau ». J'arrête là la lipur de mots nouveaux.
 

C'est sous une chaleur étouffante, palpable, bien humide, que nous commençons notre grimpette. Les chemins sont balisés, les gens nombreux. Destination dominicale. Tout le monde se baigne, suce des glaçons, mange des glaces, prend le frais comme il peut.

Les marches sont relativement hautes, ça grimpe sec. Plus on passe de paliers et moins il y a de gens. Traversée au niveau du palier trois, sous les conseils de Yeow Wei, qui connaît bien le coin. Petite pause au quatrième palier. Plus grand monde ici, quelques jeunes qui se prennent en photos, t-shirts mouillés sur poitrines imberbes.


S'ensuit non plus une bonne petite grimpette dominicale pour papy et mamie, mais une ascension en bonne et due forme. On cherche encore le chemin (normal, il est de l'autre côté de la rivière). Des lianes qui ressemblent à des racines, des racines qui se confondent avec des lianes, des arbres qui s'enchevêtrent, qui s'entortillent autour d'autres arbres, des feuilles de la taille d'un parasol, de la boue, des insectes, un tapis de feuilles moins brunes que la terre, une lumière parfois diffuse, le bruit des cascades qui nous parvient étouffé – et quelques flèches rouges que la mousse finira bientôt de recouvrir, parfois un morceau de rubalise qui fut blanc et rouge, pour signaler une direction.





Le plaisir de la marche qui me fait oublier tout le reste, qui me fait même oublier pourquoi je grimpe. Il faut s'accrocher aux lianes, aux arbres, aux pierres, faire attention à ne pas glisser. On se surprend à se demander si dans un instant on ne va pas resserrer la main sur quelque chose de plus froid et de bien plus vivant qu'un morceau de bois. Si on ne va pas trébucher sur quelque chose de long et de brun qui se confondrait presque avec le sol.


Je suis seul, peut-être devant, les autres sont peut-être derrière, sur un autre chemin. Je ne les entends pas. Il faut parfois s'enfoncer profondément dans la forêt, escalader des rochers, ou au contraire passer très près d'une cascade. Assurer ses appuis. Plus de flip-flops possibles ici. En arrivant au palier cinq, j'ai mis un peu de temps à m'apercevoir qu'il y avait eu du monde il y a peu, un peu comme de ces gens qui gravent leur nom et la date dans l'écorce ou la roche. J'ai souri en les voyant.



Atteindre le palier six a demandé considérablement moins d'efforts, et nous nous sommes rejoints, finalement. Le débit de la cascade à ce palier est plus important. Pas encore de vue sur la vallée.



Il fait chaud, la transpiration pique un peu, on a l'impression qu'un moustique vient chercher de quoi nourrir ses petits. Échange de peu de mots. Chacun apprécie le moment en lui-même. J'ai parfois l'impression de voir défiler une succession d'arrêts sur image. À ce moment précis, je ne pense pas à grand-chose. Il y a de quoi grimper, alors je grimpe. Je ne sais pas encore que ce n'est pas tant la vue d'en haut, un peu brumeuse dans ce couloir de forêt, ni même la taille de cascade et de la retenue d'eau qui me marquera le plus, mais la montée.


La deuxième place revient à la fraîcheur de l'eau sur ce septième et dernier palier. Je me souviens alors que c'est pour ça que nous avons gravi cette colline. Sentiment d'avoir bien fait alors que je me rends compte que le contact de l'eau me donne la chair de poule. Il fait diablement chaud. Tout le monde se met à l'eau et il ne faut pas plus de quelques secondes pour s'accoutumer à la froideur de la baignade. La curiosité nous pousse, Kaï et moi, à nous aventurer un peu plus haut. En fait pas plus haut, car le sol est relativement plat. Sûrement le sommet – plus de cascades, mais la rivière qui serpente entre les arbres, des trous d'eau, des bras morts pour le moment, car ils renaîtront à la prochaine pluie, des têtards qui flemmardent dans un rayon de soleil.

Je passe sur la descente, sur la fin de journée où tout le monde pliait bagage, même le jeune homme aux perroquets – il fera néanmoins un geste pour Kaï qui a bien voulu se faire prendre en photo avec non pas un, mais quatre perroquets. Bêtes bien dociles, car aucune n'est attachée. Elles pourraient à tout moment reprendre cette liberté qu'elles ne semblent plus vouloir, dont elles semblent avoir oublié l'existence. Il ne me reste plus qu'à conclure ce récit hebdomadaire en passant également les divers dîners, les rencontres, les réunions, le repas de Noël de l'université qui fut précédé d'une joyeuse tombola, le passage béni chez ce coiffeur indien qui a dû apprendre à masser  le cuir chevelu chez des lutteurs gréco-romains ou des ex-agents du KGB, le passage chez le médecin, rendu obligatoire grâce à ma première sinusite (qu'est-ce que ça fait mal cette saleté-là), le grand gecko tout gris qui vient fouiner tous les soirs dans la poubelle de la cuisine, la redécouverte du nasi lemak (timbale de riz (nasi) blanc cuisiné dans du lait de coco, surmontée d'oignons grillés, friture de poissons minuscules, cacahuètes grillées, sauce chili (même pas peur, mais bien relevée quand même, faîtes gaffe), pilon de poulet pané, tranches de concombres, moitié d'œuf dur et une sorte de chips).



Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter à toutes et à tous de bonnes fêtes de Noël (bien blanc, à ce que je vois sur CNN qui en fait ses choux gras), riches en cadeaux et en plaisirs gustatifs de toutes sortes. Je pense bien à vous. Je pense que vous n'avez pas besoin de moi pour vous dire de profiter pleinement de ce moment en famille, entre amis, seul ou à deux, ici ou là-bas. Alors je ne vous le dis pas.


Selamat Hari Natal! Joyeux Noël !


P.S. Je vais décaler un peu le rythme des publications. Je vais désormais publier le récit de la semaine le lundi, histoire d'inclure le week-end et de me laisser le temps de vous concocter de meilleures histoires – petite faiblesse en ce moment, mais « le bon Homère sommeille quelquefois » a dit  Horace...J'écris juste ça pour souligner le fait qu'on ne peut pas être bon tout le temps – me comparant sûrement plus à Homer qu'à Homère.
 

Tuesday 21 December 2010

Hungarian haiku

Palačinta with plums on the patio
As sweet as life – even the train interrupting us
Prompts our palate.



Back to where it began
Changed – yet – but ever-marvelling pilgrims
We are both painters of worlds.




I thank, yet again, and wholeheartedly, Àdàm, Rita, Àrmin and Klàrà. I had such a nice time up there in Nagymaros. 

Köszönöm

Baci Dodo
 

Saturday 18 December 2010

Malaisie - semaine 1

 
Première semaine en Malaisie. Première semaine dans ce pays qui a fasciné Joseph Conrad au point d'écrire l'un de ses meilleurs romans, et probablement l'un des meilleurs du siècle dernier.

Comme vous le savez, j'y suis de mon plein gré – parfois contre l'avis de certains, parfois avec la mise en garde de plusieurs – souvent avec vos encouragements. Je l'ai déjà écrit : partir est difficile. J'ai tellement attendu ce moment, et l'attente de ces dernières semaines fut pénible parfois. Combien de fois me suis-je projeté dans telle ou telle situation, dans ce pays que je redécouvre. Il se trouve qu'y être est une autre paire de manche. Je dois batailler ferme. Batailler contre un bon vieux rhume de derrière les fagots français, que le chaud-froid des climatisations et de la chaleur grésillante du dehors n'arrange pas. Batailler ferme contre ce sommeil qui ne vient que si je l'amadoue avec force persuasion. Batailler ferme pour ne serait-ce que passer ce maudit entretien. Je ne peux pas encore vous dévoiler grand-chose concernant mon « travail », puisque je suis pour le moment officiellement non-officiel, puisque rien n'est fait et que je ne veux rien promettre ou compromettre. Mais soyez assurés que je vous donnerai de plus amples informations en temps et en heure. Sachez seulement que je me suis déjà attelé à la tâche pour laquelle je suis venu – à savoir l'Institut Paul Bocuse – même si rien n'est officiel – je ne peux rester les deux pieds dans la même tong. Primo je ne sais pas si vous avez déjà essayé, mais c'est très inconfortable – voire dangereux – pour marcher, et secundo on se voit mal porter autre chose que des tongs par un temps pareil – sauf pour le travail, bien entendu. Dieu que j'aime le bruit de ces chausses, bruit qui leur a donné en anglais leur nom, par hypallage. Des flip-flops.

Flip-flop, flip-flop, flip-flop. Semelle cognant le talon quand on relâche l'appui.

Nous voilà donc samedi, une semaine après cet atterrissage, ce vol de manière générale, sans encombres dans la capitale malaisienne. Récupéré dimanche par mon ami Yeow Wei à la sortie de la résidence universitaire où il m'avait gentiment réservé une suite – et j'insiste sur le terme. Depuis ce temps, je suis guidé plus que materné, aidé plus qu'assisté. Après tout, je suis un grand garçon. Toujours est-il qu'il n'est pas aisé de partager sa vie (je « travaille » dans la même université que lui et loge chez lui) pour une durée que j'ignore moi-même. Un subtil mélange de prise en charge et d'autonomie. Bref. Revenons à nos flip-flops.

Je suis donc allé flip-flopper dans un petit morceau de jungle équatoriale juste derrière l'appartement, sorte de parc, sauf que dans ce parc les singes, perroquets, hévéas, serpents et Dieu sait quoi encore de rampant, de velu et de gluant sont dans leur habitat naturel – c'est vous qui les dérangez. On sent vraiment que l'on emprunte un chemin, littéralement. Les singes ne se poussent que parce qu'ils savent que la semelle de nos flip-flops ne se mange pas – et donc indigne d'intérêt. Je ne résiste pas à l'envie de vous remettre cette photo pourtant prise au mois de février – la première fois où j'étais venu (et cela me semble si loin déjà) – d'un singe sur le pont de cordes dans les hauteurs du parc.


Merci Val de m'avoir rappelé à l'ordre !

Entre autres flip-floppations nocturnes, j'ai fait un tour du quartier. J'y ai découvert des restaurants ouverts 24h/24, des marchés qui s'achèvent à 23h pour recommencer le lendemain à 5, une activité humaine qui n'a rien à envier à l'activité naturelle. Ça foisonne, ça se grouille, ça grouille. Ça s'active indépendamment du temps. Il n'y a qu'à voir la taille des arbres, leurs branches de la taille d'un chêne. Les banyans plongeant leur réseau de racines aériennes loin dans le sol, pour ressortir des mètres plus loin. L'arbrisseau hier devenu adulte en quelques mois. Ça pousse à une vitesse hallucinante – et pourtant je n'ai pas vu une seule goutte de pluie jusqu'à maintenant. Je sais pertinemment que lorsque la pluie viendra, notre drache ou notre arnapée fera pâle figure, sera de la roupie de sansonnet comme on dit chez moi (et ailleurs). Mais il y a de l'orage dans l'air. Ceux qui suivent le blog d'un œil savent que le dernier orage remonte à peu de temps.
J'écris « temps », même si celui-ci s'étire à outrance – peut-être est-ce dû au décalage horaire, au jetlag, au fait que mes nuits sont aussi courtes qu'un jour sans pain est long. Une semaine que je suis là et j'ai déjà l'impression d'y être depuis des lustres, de le connaître et pourtant de le découvrir à chaque coin de rue, de l'habiter tout en étant encore étranger à sa langue (oui, je sais, j'habite une langue, mais vous conviendrez que c'est toujours mieux que d'habiter un orteil). Je sais, ..., qu'il faut donner le temps au temps. Je m'y efforce.
Alors pour le passer, le temps, je bavasse pas mal avec mes nouveaux collègues de « travail », des gens fort sympathiques, aussi chaleureux que leur pays, aussi généreux que les étals de marché, aussi souriants que l'est leur soleil. Je découvre tellement de choses qu'à aucun moment je ne me suis couché plus bête que la veille – enfin « couché » est un bien grand mot par les temps qui courent. J'aimerais bien prendre le temps de flip-flopper avec eux, dans un cadre moins formel.

Hier soir, vendredi, concert baroque organisé conjointement avec l'Ambassade du Mexique. Étaient présents l'Ambassadeur du Mexique of course, celui d'Espagne, celle du Pérou, celui du Japon, la directrice de l'Institut Cervantes et j'en pense et des meilleur(e)s. Eh bien le croirez-vous, pas un seul, je dis bien pas un seul, Ferrero Rocher © ! Il y avait plus d'ambassadeurs au mètre carré que de musiciens (pas qu'ils furent mauvais, loin de là : une belle performance au clavecin sur Couperin, et une adaptation fort audacieuse de Bach à la flûte), et pourtant pas un seul de ces succulents chocolats en vue...donc pas une vraie soirée chez l'ambassadeur. Pourtant la soirée fut très bonne : dîner fort sympathique avec un acteur d'Hollywood (Edward Olmos : il jouait le Lieutenant Castillo dans Deux flics à Miami et le détective Gaff dans Blade Runner), les musiciens, le président et la directrice de l'université (qui a aidé à organiser et qui crée un programme d'enseignement avec la boîte de production d'Olmos). Cette fois sans ambassadeur.

Donc voilà à quoi ressemble ma première semaine, en très gros. J'ai zappé les midis à manger des trucs trop bons pour moins de deux Euros, les soirées et les nuits à écouter les bruits de la ville, du petit bout de jungle derrière chez mon ami Yeow Wei, le chant du muezzin à cinq heures du matin appelant les fidèles à la prière, le bruit des flip-flops si différents des autres - parce qu'on est entre la veille et le sommeil - à quatre heurs du mat' en allant manger un roti telur parce que ni Yeow Wei ni moi ne dormions. Et je n'ai pas dit un rôti ! Le roti est une sorte de naan (aussi indien) mais la farine est différente – de la farine d'atta, je ne sais pas encore ce que c'est – et telur signifie œuf en malaisien. NDLR : le roti est indien, le roti canai est malaisien. Même pain, nom différent – comme beaucoup de choses ici ! Je vous réserve le roti (canai) Channa pour la semaine prochaine !

Je n'ai pas dit non plus que je pense beaucoup à certain(e)s d'entre vous, et que seuls le décalage horaire et ma prochaine facture de téléphone (jamais vu un SMS aussi cher de ma vie !) m'empêchent de vous donner des nouvelles individuellement comme je le préfèrerais...

Toujours est-il que celles et ceux qui veulent venir me voir, ou simplement voir ce coin du monde, patientent encore un peu...je devrais « normalement » devenir professeur « officiel » lundi après-midi, avec un statut et surtout un ou des postes définitifs.

Je vous envoie donc de « bons baisers de » Malaisie, bien chauds en ces périodes de disette solaire, et vous dit à bientôt via le blog. N'hésitez pas à m'envoyer des nouvelles par mail, pigeon voyageur, Skype (pas de signaux de fumée, il y a un peu de monde sur la ligne entre la France et ici)...bref, tout ce que les nouvelles technologies peuvent offrir.

Selamat tinggal!
 

Friday 17 December 2010

Relic from Amsterdam

 
I must have had something either illegal or immoral in Brussels, because I was still in a funny mood in Amsterdam. As if someone else had written this - whilst I am quite certain I did. Had it started in Amsterdam, I wouldn't have been surprised, but it continued there.

Of course I remember where and when I wrote this. Odd bits and pieces that fitted together at the time. I had just visited the Rijksmuseum and been profoundly inspired by many of the paintings there, notably Rembrandt and Vermeer, even though this one, which is very lively, made me think of something completely different. I had also visited the Van Gogh Museum, and amongst many others, this one left me with a peculiar feeling.

All in all I was very much 'into' the visits I made, taking my time to look at the pictures which 'talked' to me. Even looked at me. The starting point of this day-long maturing thought is this self portrait by Rembrandt, which eventually became the backbone of the text. Text which I like, if I may say so.


P.S. (Pre Scriptum): I'm sorry if the text is monolithic, but it appears in this fashion on my notepad...Sometimes one can't stop to just breathe.



Amsterdam, 29 VII 2010, evening.

Chiaroscuro, like the lucid painter did when he was twenty-two, chiaroscuro in life and in death. Light is always behind us and we like butterflies are mesmerised by the blind dark spot behind it. Our figures look more familiar. White faces contrapunted on a dark background as if cut from the rest of the body by a black collar which covers it down to the feet. Hard- pressed to find the grey area where the grey people stand and wait. Sometimes a dash of red daubs the canvas and oil spilt and my brethren wait eagerly for the second when the picture will be utterly marred. A split second earlier the woman stood in the doorway, beckoning. Now the heron flies to the other side of the pond because the barking was not so much a threat than a vibratory nuisance. Unfortunately all this comes at a certain price. Chiaroscuro is nothing short of an invitation inside. And people swarming about like horse-flies. The anonymous rest plods on, heavy-muddied. Never shoes are nonchalantly arranged. Casually is hear enough to come by. A smoking skeleton is common enough though. Once removed the backlight, every thing seems vain and disposable. Quite unlike a signature dyed in blood and etched upon the sea, upon the crowd. Like a family lunch that goes awry. There's nothing easier than arson – writing perhaps. Even when you're starving, nothing comes to your mind but spending your last foreign coins in a museum. Humming your way around a bit of paint carefully or absent-mindedly applied on a piece of canvas. Proof was given to the general appraisal that the whore was naked and willing to have sew with whoever could pay for it. And the boy had actually so much girth he wouldn't fit in the back alley, he couldn't go see the whore. Disappointment was carved upon his face, as if light was worming her way through his sinews and his skin. But – there floats, in the rigid pool of red air, the nicest fragrance ever – that of crises, but I might be wrong. The dragonflies deemed it unworthy to settle on the cringy, puckered-up, unnerved faces of the disappointed. And the wind turned the leaf over, and I found not a treasure, but words glittering on the page. Tea is comforting like a blanket, but the face of the girl sitting next to me is even warmer and her hair is thick and curly at the end. Thence comes the perfume. Some are eyeing my pen flowing like a dragonfly hovering over a water-lily. Choice is best when no blank space is left for the blackening. Nightcold curtaining the sitting crowd. Hands rub the knees more easily. People hunch and munch. And brood. Bantering over trifles. Watching chiaroscuro veil every word which chance upon the air. The lucid painter, following the Polymath, foresaw the end, saw the essence of things and drilled through us like a radial arm drill press into bare wood. Rubber bands acting like muscles to the undiscerning eye – perhaps just to the neophyte. And the chianti like Ariadne's string, tying parts and parcel together. Because like paper it can be tamed, shaped, felt from the fingertips. Sunflowers band to observe the shape of the discarded fingernail clippings. Candles have a tendency to be forgotten once lit, except by the discerning few who wait for their precise, personal, instant. Rivets are way harder to find when light takes her time. A slight halt in the gait matters as much as a split nether lip, obviously. Everyone on board this bar has a share in what's being said, thought, hinted at. There are more ideas per capita per square mile than there are people here, even though people leave without warning and forget to notice one is late, or dead. People flutter by because they feel they are in a field. But wheat grows in between the clouds and regroup into a cornice or a window-sill and show us the way out through the window opened wide. Or ribboned around the neck of some poor soul who drowned herself because all the butterflies die, eventually. One could hear a pin drop in the pub noise. One did. Had the rest heard that pin drop, that would rub the smile off their pretty face. I'm not sure if I know the answer to that. On the other hand, destination sounds too much like destiny. One bog trip via many a place. Can one have everything one desires? Scars scattered on a once scared body. Blood like burgundy sometimes. A faint trickle from the mouth down the chin, or the gash and the pain literally forgotten on the spur of the moment, only to resurface as a memorabile of the good old days when one was a strapping, snappy young fellow. Going East sound like going to the point. Replica of a relic of bygone times. The very least effort one can muster is to raise a concerned eyebrow and nod. Or get a tattoo round the ankle bone. People get nervous when facing a Northern gannet, a viper of when addressed to in gentle terms. Because Amsterdam is like anywhere in this world, coming to wind and tide, and discussion. Or backpain. Or the quality in brick-manufacturing and brick-laying. Or not. Species specify. Like a crotch craftily modelled by slim pants. The golden age of polyglotism is dead and buried. Arching my back against the wind is not enough. Is not just about right. It feels like swimming against the current. Took me a while to figure that one out. Nothing appeared more obvious than this, though. What a blithering idiot. How to make a fool of oneself in one lesson. Like a man with only half his face shaved or who has left his underchin and neck unshaven. I have learnt the lesson.
 

Thursday 16 December 2010

Belgian ramblings

Hey, found that yesterday...I put it up just for archive's sake. I wonder now what frame of mind I was in to write such stuff...I copied it just as it appears on my notepad, no amendments (if I had started amending the text, I would have changed everything, down to the last word - in fact, I wouldn't be able to write anything like that again, totally spur-of-the-moment thing).



Brussels, Luxemburg Plaz, 28 VII 2010

Voices roaring in the distance, where the pub opens up to the world. Attention drowns in the manly peels of laughter, in the happy shrieks of friends meeting for drinks. Memories blending together. Happy shiny people all around. Not much to do but write. Sleep is going to come, soon or late. As if everybody knew how to use Facebook from their very first visit, knew its capacities and casually ignored its defects in the exhilaration. As if everybody knew how to socialise like they were born talkers.

Life has a way of pushing you to your limits and there are no boundaries harsher than your self.

Burning everything down is of no avail.

Danger, on the other hand, is palpable. Pulse-quickening. Makes you feel alive. Life-threatened heartbeats feel different from running or fear or excited heartbeats. Moving doorward. Closer to the people, closer to the gutter. Running out of water in the desert. Which category of heartbeats if that? Chancing upon a snake? Walking in the street at the dead of night? Falling in love? Feeling ignored by the rest of us?

Man in extremity, sure is better than man in the middle, halfway between the gutter and the stars.

Difficult to imagine a better situation than up there parring your fingernails. But better toil and harbour and wither, giving one last shot at it with the best grip one can muster from the pit of one's stomach, scratching one's nose because of the sweat, the heat, the dirt and the blighters. Death all around. Eyeing one. Watching one's every move, begging for one's tiniest mistake. Is it too much to ask for the best or the next best thing?

Moved outward. Downpour. Perhaps a shortcut does exist, but one often takes more time finding it than taking the long way. Nice though. Cobbles wetshining.

Same laws that make an innocent and long-standing bicycle fall. We forgot to remember that we are mad and that folly cannot be cured. Who knows the consequences a piece of long-chewed, discarded chewing-gum might have on a whole, until-now perfectly oiled, system? Those who read the right newspapers. There is no end to that end of Schrödinger's cat's tail. We will be able to spin yarns the size of the Bible. Even though there's nothing as invaluable as a handful of dates and a gourd of water. When there's life and soap, your trip cannot end. And Lichtenstein is on the same Richter's scale as Canada. There's nothing like the magic of basil leaves.

Let's pretend I am writing a song, and that I will whistle a tune of yore, because we have but an inkling of what this sounded like. This song will praise none living nor dead. It will remind you of nothing ever heard before, nor shall you listen to anything unfamiliar. I will not sing any part of the world known to man. My passion is the undiscovered, the unexpected, the world behind the spoken word. Indeed I deal with pain and blood, with agony and death, but as just an off-hand manner as when I deal with love and faith, with mystery and life. Five score hundred furlongs of yarn later and I'll still be at it. Others have paved the way a bit further, now it is my time to become a story-cobbler. Laughter, indecisiveness, reason. Cries, decision-making, madness. Once I saw a hunchback dwarf. A height-challenged person with a physical incapacity to stand up straight, so people say. Oh, and I deal with cruelty as well. Some would like to remove the 'with'. Slipped my mind, accidentally – that goes without crying. With coffee and guns. Coffee because one needs to sober up after a night of drinking and revelling, and guns because whatever they say, they're meant to kill and wage war – but they can be found in the hands of your next door neighbour who likes to keep things, and burglars, at bay. Confusion might be the key to that story, or pure arabica, or a particle of dust in the eye when driving, or sleeping with somebody else's wife, or high-dosed curare. Whatever must go wrong, man is in charge. Ultimately, life and death take their separate toll – this cannot be left unspoken, unlaughed at, uncried, unsung, unanswered, unquestioned, unchallenged. God, the fun that's in store for us! For us all, for now, because in the end monkeys will laugh at us trying to climb a goddamned tree, reaching out with our fingertips for an unknown fruit which, being green still, will infallibly give us the runs.

Bitterballen met mostard and zuur. Quite good, even though most of the content within that deep-fried carapace hasn't yet been accounted for. My taste buds have so far made out meat of some sort. I'll say veal, but chicken cold fit the inexpensive bill. Nothing in there is actually worth reading, as I think every word must sound like a double-barrel pump-action shotgun at point-blank range, and be as surprising. Like a mountain-biker who has never tackled any real mountain until he eventually discovers on the spot that he cannot take it on. Scared shitless because he realises that these were no mountains he rode before, but mere hills. Potentially anything can be said with even the slightest dose of interest or passion. Understanding that passion or sharing that interest and vice versa, ay, there's the rub. Then again, one could go on forever, or until day breaks to do something of more note. Let's not forget that we were hanging in caves and swinging clubs the size of a man's leg for pure safekeeping not so long ago. Nothing is more to your taste than the not-aging-a-whit cliché. The fringes only are worn-out but hey, could you show me a two thousand six hundred year-old shirt that isn't worn-out, let alone dust- and jigsaw-like? And we both know clichés are like shirts: we always end up using the same one all over again. Like when you always seem to recognise a face in the crowd when you're five hundred miles away from home – must be the street-lights. Nothing comes for free in this godforsaken world, not even the one in the buy-one-get-one-free pack, nor in that man-ridden limbo of ours.
 

Wednesday 15 December 2010

Old Malaysian relic

I am in the process of sorting out what I have scribbled on my different notepads. Here's the first of a series of texts which are are connected only by a necessary chronological bond.

This one was written almost a year ago, on the plane to Kuala Lumpur. Yet again, it talks about time, the here and there, then and now. I remember having been compelled to write after seeing a queer look in a passenger's eyes. I wrote 'queer', as it was both a mixture of awe and terror. One of the wings of the plane was swaying wildly, and one couldn't help thinking it might be torn off the next second. Nobody panicked or even said anything. Not even to one another. Nor did anybody sought to be reassured by a stewardess - perhaps because there was nothing to be reassured on. Not even a mutter, but a long, chilly silence which lasted for hours, literally. I remember nothing else. I don't remember if there was a look of relief on the passengers' face, or if I heard a long-drawn sigh with eyes closed, or if the passengers were in a hurry to leave the plane. Or if they scolded themselves for being stupid, for that matter.

Anyway, it reminded me of Bill Murray's cue in Lost in Translation: "Have a good fright." Nice Engrish pun between "flight" and "fright", the Japanese often mixing the Rs and the Ls.


Here it is.
 
 

Travelling eleven thousand kilometres at a little under the speed of sound – hardly believable then, and after. Now we are a little worried, because fighting the elements has a price. Perpetual combat against gravity, against friction, wind, cold, magnetic forces, pressure. Trying to ward off an instant, predictable death clawing at the fuselage of the plane – the Indian mountains and lakes and rivers underneath us, at ground level we look at them with awe and desire, but from the perspective of eleven kilometres, they look menacing and treacherous, stretch to the horizon – we wish we could read the cloud of milk forming in our tea so that we would know how all this will end. We would be reassured.

I am serene, for my part. Both koto and shakuhachi must be accounted for this passing decision not to worry about whichever calamity might befall us, about whichever consequence our individual actions might bring about the stage of life.

We are here and we are no longer here, cutting across distances and a commonly accepted notion of time, yet that is the same sun rising on our land. When is no longer necessary – where either, for that matter – not for the moment – these will regain their clutch in a little while. If while comes. When the end comes into perspective, more often and more suddenly than not, we wish we hadn't been that self-centered, harsh, rude, greedy or familiar with our neighbour. But the trip has to come to an end, hence we come to terms with ourselves and most of us go back on the same old tracks, even after a while – the norm is set – even though we wish right now that this reactor wasn't making so much noise, that these wings didn't sway that much.

For the time being, we are stranded on the edge of time. We exist for everybody down on the ground because we are known by each and every one of our relatives, because we appear on radars, we are seen by a child pointing at us and laughing, by lovers sitting on a bench and making a wish at the sight of the white trail in the sky. Yet we are not really there. Specially when and where down to the smallest thing could go wrong. A rivet here is more important than there – even though on one occasion both rivets have been as important. We might even have the time to realise that something is going wrong and cry or pray, or repent or disbelieve or think, for a fraction of a second that might fill in eternity, to what's happening to us, and why – we can't begin to imagine the consequences. Many of us sleep to avoid the hassle of doing one or all of the above. Sometimes one just can't be bothered to be mad.

Somewhere, between Dubai and Kuala Lumpur, sometime, sun shining bright.
 

Monday 13 December 2010

Nuit blanche à Kuala Lumpur

Voilà ce qui arrive avec un bon décalage horaire bien senti dans les dents...dormi de 1h40 à 2h26 (heure locale).

Ce qui m'a permis d'avancer dans la passionnante lecture de "Le hasard et la nécessité" de Jacques Monod (de la même famille que Théodore, et prix Nobel de physiologie ou de médecine en 1965 pour ses travaux sur les gènes. J'en parlerai plus longuement lorsque j'aurai fini de le lire - à ce rythme-là, autant dire cette nuit), ainsi que de prendre en photo un superbe orage sec, avec des décharges internuageuses, et intra. Bref, un bien beau barouf.

J'en veux pour preuve cette première photo :



Je tiens à rappeler que je ne trafique pas les photos...mais à n'en pas douter, je suis persuadé que Chab notera, de son œil aiguisé de faucon pèlerin, un léger tremblement de l'image (cette fois-ci pas dû aux doigts gourds de froid)...c'était la position qui était périlleuse.

Il aura fallu un peu de patience pour arriver à ce résultat (vive le numérique !). Une autre, un peu moins floue, mais peut-être un peu moins impressionnante, pour la route. Ça ne mange pas de pain.



 
Pas mal, non ? Mais Il y a mieux encore. Après vingt bonnes minutes (de toute façon, j'avais toute la nuit devant moi), j'ai enfin réussi à prendre mon premier éclair. Pas non plus un gros éclair bien gras avec plein de ramifications, pas même un point d'impact (snif), mais quand même. Je pense qu'avec un peu de matériel (genre un trépied, une télécommande - ou définitivement une meilleure position), le résultat serait bien meilleur :


Je suis quand même content de moi, l'éclair est bien net (on ne peut pas en dire autant du reste !) Une dernière chose : il faisait nuit noire à cette heure-là, et l'exposition ne dépassait pas deux secondes. Si le ciel apparaît aussi clair, c'est juste que ça flashait sévère.

Bonne fin de journée à tou(te)s ! La mienne est s'achemine tout doucement vers la fin, et je ne vais pas tarder à la clôturer...

Thursday 9 December 2010

Demain je ne serai plus là

 
Demain je ne serai plus là, et j'emmènerai avec moi le brun de la terre arable, le goût du pain, celui de la vigne, l'un son pampre l'autre sa farine. J'emporterai avec moi quelques flocons de mer, d'autres de neige ; dans mes bagages il y aura les cols de Rocamadour ; s'y glisseront les contours sinueux de ma Loire. Dans mes oreilles encore le bruissement du chêne familial, l'odeur pénétrante du lilas en fleur mais partout, surtout, le vent, le vent ! et la mer aussi, ainsi que le sable entre mes doigts.


Demain je pars voir ce que je n'ai pas vu, je pars admirer d'autres aubes, d'autres lunes, discuter avec des gens qui ont un regard différent, des us et des croyances que vous croyez contraires. Je vais contempler la nature telle qu'elle n'est pas ici – ou telle qu'elle est, justement, dans le ressac des vagues mais pas dans la respiration de la forêt, dans la danse des feuilles cramoisies de l'automne mais pas dans le bruit du soleil et de la lune, dans le cri des cloches matutinales mais pas dans celui du muezzin. Cependant, il n'y aura bien que moi, au final, qui serait différent.


Demain je serai loin de ce que j'ai vécu, et des jours qui ont fait celui dont vous ne voyez plus que la silhouette de dos, partir dans le levant ; je serai loin de ceux que j'aime, mais que ceux-ci comprennent, mais que ceux-ci apprennent, comme je l'ai appris, que le monde est grand comme la paume d'une main – alors ils s'apercevront que tout ce qui compte vraiment est incroyablement près, et qu'aussi loin qu'ils aillent ils le retrouveront, dans leur cœur ou sous leurs yeux. Le monde est vaste par ce qu'il contient mais la terre, pour ce qu'on doit en faire, se soulève un peu pour ménager la lourdeur de nos pas.


La terre a beau avoir ses limites insondables, ses horizons inatteignables, ses montagnes aussi hautes que sont profondes ses abysses – portant le monde en son giron, celui-ci est nécessairement partout. J'ai dit emporter « avec moi les cols de Rocamadour » car je les porte en moi – un peu comme je porte en moi ceux des Météores ; je porte en moi les contours sinueux de ma Loire, un peu comme je porte en moi ceux de l'Irrawaddy et du Danube ; en moi Gavarnie comme et parce que Cilaos et Mafate, en moi le Chêne, le Ginkgo et le Banyan.


Je vais là où la nature est moins conciliante, là où oui, la mort s'envisage aux abords d'une forêt antédiluvienne, au milieu d'un désert sans vie, au dernier relais d'une montagne où les cadavres de ceux qui ont échoué sont laissés à ses griffes glacées, mais où la vie est car la nature est. Peut-être là où l'homme ne s'aventure que lorsqu'il se sent prêt.


Je m'en vais récolter d'autres trésors, soulever d'autres poussières, palper d'autres pierres, voguer d'autres ports. Je pars sans gloire ni orgueil, avec la seule fierté de faire ce qui me semble juste.


On s'imagine que le départ ne signifie pas autant que cela pour ceux qui laissent le rivage derrière eux, que rompre les amarres est aisé, à la portée de quiconque a envie de changer d'air. On s'imagine qu'il ne s'agit que de « matériel », de logistique et que les sentiments viennent ensuite, s'ils viennent. On s'imagine encore que l'on ne ressent rien à l'idée. Mais partir est difficile. Partir est une épreuve. On vous met des bâtons dans les roues, sans compter la paperasse, on vous ignore ou on vous menace. On vous demande des comptes, on vous roue de coups bas. On ne comprend pas, on n'accepte pas. L'abattement a pris le pas sur la joie de partir, et on en vient à être content de tout quitter. Du coup, on ne peut regretter. Déjà qu'on ne regrettait rien avant, à présent, ce n'est plus du soulagement, c'est de la hargne que l'on ressent. On se débarrasse avec empressement de tout ce que l'on a accumulé au fur des ans, on brade, on donne, on abandonne, et ne restant que les valeurs qui font soi, il ne subsiste que l'essentiel, le primordial. On n'est pas peu fier de se défaire de ses chaînes invisibles et dans lesquelles tant encore s'empêtrent au quotidien – et font mine de ne rien voir. On est fier de ne plus dépendre, de ne plus attendre, et on se surprend à regarder les gens différemment. Eux aussi un jour ouvriront les yeux, et verront. Comme ceux qui me tournent le dos en cet instant où j'embarque vers d'autres cieux. S'ils sont heureux ainsi, je veux bien les croire. Je veux bien croire en tout. Même en la mort de l'amitié.


Je pars avec le souvenir blanc de plaines enneigées, de ce froid vif qui un temps pique le visage lorsque l'on sort de chez soi. Avec en mémoire les silhouettes fantomatiques des arbres et des poteaux électriques découvrant leur carcasse décharnée ou leur robe d'hiver au fur du regard, alors que le brouillard redéfinit l'horizon et du coup la plaine hiémale censée s'étirer sous l'œil, et qui blanc sur blanc tout de même s'épand. Le brouillard s'ouvrant, puis se refermant comme un rideau par-derrière soi. Puis au profond d'un val ou d'une forêt aux branches arquées sous une chape de neiges givrées telles des bourres de coton, le regard s'ouvre, délesté de ces brumes qui contraignent la perception. Figées en longs doigts de glace engoncées en d'inutiles chapelets de stalactites.
J'ai enfin vu deux émouchets se disputer une pitance écrasée, abandonnée dans une congère laissée par un pneu. Il m'a fallu attendre deux décennies pour voir ce spectacle d'une célérité extrême – perçu plus que vu, s'il faut être honnête.


J'emporte les formes stroboscopiques dessinées sous mes paupières closes à regarder le soleil en voiture ou en train. Les marchés dominicaux et les étals aux odeurs colorées. Avec moi viennent le tuffeau et le musc des caves, les forêts chenues et les biches et les faons se détachant des écharpes de brume, le brame des cerfs dans la nuit gibbeuse. Le gloussement nocturne des faisans et le glapissement amoureux des renards.


Je pars avec le ressouvenir de cette maison qui m'a vu naître, de ces pièces agrandies par la loupe de l'enfance, de cette chambre que l'œil désormais adulte revoit dans sa quiétude solitaire, comme un œil de cyclone, cette pièce carrée aux murs nus et tristes sur lesquels l'enfant que j'étais écrivait, dessinait, racontait des histoires que l'on ne voyait pas ; je la revois comme un forteresse vidée de son contenu, ruine dont les seuls murs témoignent encore de la futilité et de l'âpreté du combat ; je la revois par les sensations au bout des doigts, cet interrupteur qui n'a pas changé, cette porte longtemps close, ce plafond usé par les questions, ces fenêtres rendues poreuses par la soif du dehors. Mes mains se sont ressouvenues des murs, des angles, de la longueur du couloir ; mes yeux de chaque ombre, de chaque plinthe, de chaque aspérité ; mes pas des rainures dans le carrelage, de leur compte et de leur mesure. Aucune odeur n'a résisté à l'épreuve du temps cependant, tout comme l'amertume dans la bouche.


Mais partout dans le monde le monde tourne. Tout un chacun vit et change, persiste et signe, part ou reste.


Il doit bien y avoir une raison à ma renaissance. Aussi infime soit-elle. Aussi simple soit-elle.


Demain je ne serai plus là, oui, mais je pars en ayant revu mes vieux amis, mes nouveaux amis, celles et ceux que j'aime. En ayant revu ma famille, celles et ceux qui, comme moi mais différemment, tentent de construire quelque chose de grand et de beau, et d'unique.


Je pars en emmenant tout cela, toutes et tous, avec moi, car oui, je suis nomade et nomade je le suis jusqu'au bout de l'horizon. Je pars avec la soif de découverte chevillée au corps. Je pars avec le sourire, l'espoir d'amour entre mes mains et le luxe de la liberté.

 

Tuesday 7 December 2010

Clichés du troisième type

 J'ai eu un peu de mal à le prendre, celui-ci...avec un peu de patience, et surtout sans trembler (les deux pieds bien vissés au sol, hein Chab)...j'oubliais aussi les doigts gelés (clin d'œil compatissant à Myriam), cinglés par une petite bise du nord-est.



























Sur la route du départ de ce plat pays chartrain. Dernière tempête de neige avant les averses tropicales.






















 .

Friday 3 December 2010

Horyalairë

 
Horyalairë

Síra autëa Númello,
lévala Rómenna
i quanta rávenna Hrívëo.


Haiku

Today I am leaving the West,
moving Eastward
against the full blast of Winter.
 

Thursday 2 December 2010

I mínalë - The Longing

 
Courte nouvelle en Quenya. L'essai est plutôt concluant au niveau du style, mais la langue reste néanmoins à assouplir et l'exercice difficile. J'espère ne décevoir aucun fan du Seigneur des Anneaux...I tried my best to keep the spirit (and the faith).

Une fois de plus, toute erreur m'est imputable (idem - surtout ? - pour l'anglais !)


I mínalë

Tarnyë i laï lancassë i undumeo, tálunya útancë – ondor undulávina hlollóravë i morinen, núra nún. Harwenyar liptëar, pantëar sívë vantanenyë; cennyë ná néca ar umis i alta silala coronnen ustala i parca nórë. I cirissi yurir núrë ar i lamni oantier andanéya. Calpanya ná cumna, lá usúcië auressen. Uminyë polë naina fírnenya nilmorin an lá haryanyë nírë lestaina.

Lá polenyë cenë i exa lanca i undumeo, mal ahlárienyë nas sanomë, i hayassë, menessë, racina valdëasseo. Ilya ne i hendu poler cenë ná tana alta palpala nairië huineo. Ecë nin harya lúmet nó tulesserya. Mal manan? Nas yando harna sinwavë, tana tulcanenyë. Mal umiryë fírna lá, polinyë ñolë holwërya i súressë, tenya útulunca rangarya i cemessë. Cenasit mis lúmet. Manen te poller návë ta ohtië? Mahtanentë neldë aurin andavë, queletsi tópalar i talan. Së ar lies lá né mahtala mittan parnava nór te ve, henpentë i lië fairieva, varnenta ar írentë cuina. Nilmornya fírier tirala sina intyë. Cotumulma yando fírier mal lá exa cilmë harnet: mapa hya firë manten ulca heruonta. Er saviryë tana yára intyessë ertaina noreo, erya ambalo lutúla or ilya mindon ilya ostossë. Húmi enquë coranári ar apáryentë munta tenna sí.

Sinomë sina nórë hehtaina ló Eru, i endessë muntieo massë er unqualë turë, haryëanyë nimba minë métima cilmë. Carë hya firë. Cenai náro hilyaina húminen nostaleryo i tulala coranárissen, i haryëa firë. Lá minë ná ava lestaina cuina, lá minë. Sina ná i Atar quentë yassë oantenyë mar-ostonya, ertanë nilmorinen i sóra súlimessë rómenna, auri ar lómi unótimarin, massë i móri fanyar né hostainar. Me mahtaner i airi cotumon i soltoner menna ve solmi rauto. Hyastanemmë tiemma i tillenen macilion; témarinta ristaner ar hanyanemmë imma ner linië er írë né acca telwa. Sé ilya telcontalë vantanemmë queletsinna, tópinar sercessë. Tyelimavë i métima cotumo né tarala, halla ar immo-valdëa, epemë, i voronwë nilmor. Minë ló minë nahtanerot, ilya lú nútala ambë núra harwë i nérello fírala.

Ar sí nanyë sinomë, i mentessë ilya nation, námala manë ar ulco martonyallo. I cotumo ná harë. Rama túrë yá haryëas vanwa suliërya, haryala carës ilya ata. 'Mava túrë nás qui lá imma?' cé equétier Atar. 'Ilya hossenta né aqua nahtaner er minë ohtaren.' Ahárientë munta.
Nányë sinomë. Sé métima. Yétalanye, ohta henduryatsë. Náro aistawa. Yando nányë aistawa. Lá ecë nin enquelë. Hepenyë súlinya maica ve macilnya. Ma nás honnya hya i alta cúma ni cana ya ná palpala ve únótimë rámar? Nányë sinomë.


***

The longing

I stand on the very edge of the abyss, my feet unsure – stones swallowed soundlessly by the dark, deep down. My wounds bleed, re-open as I walked; my vision blurs and it is not because of the great shining orb scorching the land dry. The cracks run deep and animals have left a long time ago. My gourd is empty; I haven't drunk in days. I cannot weep for my dead friends for I have no tears left.

I cannot see the other edge of the abyss, but I have heard it is there, in the distance, somewhere, deprived of importance. All that is left for the eye to see is that great pulsating expanse of darkness. I may have a few hours left before his coming. But what for? He too is wounded for sure, I have seen to that. But he isn't dead, no, I can smell his stench in the wind, feel his unsteady pace in the ground. Perhaps less than a few hours. How could they be so pugnacious? They had fought for three days on end, dead bodies covering the ground. He and his people were not fighting for some patch of barren land like them, they were preserving the peoples' freedom, their safety and their desire to live. My friends have died defending these ideas. Our foes have died too but they had no other choice: conquer or die at the hands of their wilful master. He still clings onto that old idea of a unified land, of a single banner floating over every tower in every town. Six thousand years and they have learnt nothing yet.

Here in this godforsaken land, in the middle of nowhere where only death prevails, I have to face one last choice. Do or die. Even if he must be followed by thousands of his kind in the coming years, this one still has to die. Not one must be left alive, not a single one. This is what Father had said when I left my home town, joined my friends in the long march to the East, for innumerable days and nights, where the black clouds were gathered. We fought the seas of enemies that surged against us like waves of metal. We hacked our way at the tip of our swords; their lines grew thinner and we realised ours were sparse only when it was too late. At every step we stumbled on a corpse, drenched in blood. Finally the only enemy left was standing, tall and proud, before us, the long-standing friends. One by one he brought them down, each time taking a deeper wound from the dying man.

And now I am here, at the end of all things, judging good and evil on the scales of my fate. The enemy is near. To claim a victory that has lost its meaning, having to do it all over again. 'Whose victory is it if not ours?' would have said Father. 'Their entire army but for one foot soldier has been wiped out.' They have understood nothing.

He is here. At long last. Looking at me, war in his eyes. He looks dreadful. I must not look any better. I must not fail again. I must keep my spirits as sharp as my sword. Is it my heart or the great void behind me that is beating like countless wings? He is here.

Alcarnarmo

Lichen

The blind woman next to me fidgeting in her seat visibly uneasy brushed my arm as if in need of help with her train ticket but she tricked ...