Thursday 22 January 2009

Opus #20

27 décembre, fin de soirée.
Comme elle se débattait je lui ai asséné plusieurs coups de poing dans les côtes et un au visage. Je me suis surpris à l'étrangler comme je l'ai fait pour Cécile. Mais elle ne semblait y prendre aucun plaisir, et moi non plus d'ailleurs. Je me suis débarrassé du corps près du périphérique ouest qui n'était pas très loin. Ça m'a fait marcher un peu, mais c'est bon pour le cœur paraît-il. J'ai mis près de deux heures à revenir par le métro. Cette ville a vraiment un problème dans la gestion de ses transports en commun. En revanche, être obligé de côtoyer la plèbe les mains souillées, même si celle-ci ne s'en est, une fois n'est pas coutume, pas rendue compte, me fait frissonner de plaisir. Bref.

Tuesday 13 January 2009

Opus #19

26 décembre, dans la matinée.
Je n'ai pu honorer la précédente entrée de ce journal parce que je ne suis pas rentré – et pour cause! Il a fallu aller chez elle...moment de grâce. Elle était là, derrière son comptoir où brillaient des montres par dizaines. Comme m'attendant. J'ai fait mine de m'intéresser à d'autres vitrines et je crois que cela lui a plu. Faire languir. Nos regards se sont croisés à plusieurs reprises. Je me suis approché, elle a entamé la discussion. Un jeune couple attendait pour choisir mais elle me parlait. Ils ont patienté un peu, puis elle s'est occupée d'eux. Mais elle me dévorait des yeux. Moi de même. Quelques minutes plus tard elle me donnait son adresse pour la rejoindre. J'étais seul pour fêter noël, triste n'est-ce pas? Elle le fêtait avec plusieurs de ses amis. Le 24 c'est pour la famille, le lendemain c'est pour les amis. Je n'avais pas d'habits plus chics que ceux que je portais. Elle a sourit, m'a dit que c'était bien suffisant. Elle a apprécié l'effort vestimentaire. Elle finissait dans deux heures, si j'avais le courage d'attendre jusque là. Pas besoin de courage pour l'attendre. Elle a sourit, encore une fois, simplement. Elle est donc partie se changer, est revenue portant un jeans, un chandail qui en baillant laissait voir une de ses épaules et des baskets. Elle a ensuite enfilé une grosse doudoune beige dont elle remonta le col. Ses vêtements portaient plus encore l'odeur de son parfum. Enivrant. Capiteux. Nous avons pris le métro puis un RER. Nous avons marché. Et tout le long du trajet, nous n'avons pas arrêté de discuter. De choses et d'autres. D'elle surtout. Elle travaillait aux galeries trois fois par semaine pour payer ses études de psychologie. Ne voyait plus aucun de ses deux parents divorcés. Était fille unique. Compensait à présent par une vie nocturne et sociale bien remplie. N'en faisait souvent qu'à sa tête. Était née en province dans une bourgade sans avenir. Détestait la plupart des gens et n'aimait que la compagnie de celles et ceux avec qui elle allait en cours. Aimait faire la fête, boire, fumer, aller en boîte de nuit. Revenir avec des inconnus et faire l'amour. Aimait le petit frisson de danger, l'effrayante possibilité de tomber sur quelqu'un qui pourrait être dangereux et la violer « pour de vrai » ou voler ses clefs et revenir cambrioler son appartement. Mais la vie était trop courte. Carpe diem a-t-elle dit. Elle a aussi avoué m'avoir vu dans la galerie. Que je lui avais tout de suite plu. Qu'il n'y avait rien de mal à ça. Qu'il fallait laisser faire la nature. J'ai dit que j'étais bien d'accord. Elle a rit. Plusieurs fois. Nous sommes montés dans un appartement plutôt cossu, apparemment un héritage d'une grand-mère décédée. Il en faut. Des qui décèdent. Nous avons préparé le repas ensemble. Il n'y avait là que des salades améliorées, rien d'extravagant. Des petits fours sur du pain de mie. Pas de fanfreluches. De toute façon, a-t-elle dit avec son sourire malicieux en coin, certains le vomiront, ce repas de noël, alors il faut pas gâcher. En effet certains l'ont vomi. Assez tôt dans la soirée même. Il y avait plus à boire qu'à manger il me semble. N'ayant l'habitude ni de l'un ni de l'autre, je suis resté sobre. Et je devais garder la tête bien froide sur les épaules. Ses amis m'ont accueilli avec bienveillance, sans aucune méfiance, à part peut-être une des filles qui lui a demandé dans la cuisine où nous nous étions rencontrés. Elle aiguisait un couteau de cuisine face au plan de travail. Devant la candeur de sa réponse elle a laissé tomber. Apparemment rien ne sert de batailler lorsque Cécile a fait son choix. Tant mieux. Ils ont dansé, joué à des jeux de société, puis se sont offerts des petits cadeaux sans intérêts. Ont repris leurs danses, ont fumé jusqu'au petit matin. Certains s'en sont allés, d'autres sont arrivés puis repartis. Ivres morts. Trois sont restées. Trois filles. Deux affalées dans le canapé, la dernière dans une chauffeuse. Deux bassines à leurs pieds en prévision. Cécile a titubé jusqu'à la cuisine pour se resservir un verre de vodka. Je lui ai servi son verre, incapable qu'elle était de viser. Elle s'est approchée de moi tout en prenant le verre, a collé son bassin sur ma jambe. Elle ronronnait. J'ai enfoui ma tête dans sa nuque. Respiré à pleins poumons. Elle a commencé à défaire ma ceinture, à tâtons. Elle n'embrassait pas, jamais. Trop personnel sans aucun doute. Le moment tant attendu. Je l'ai portée sur le plan de travail près de l'évier, remonté sa fine jupe de soie, déchiré sa culotte. Elle couinait doucement alors que je la labourais. Je prenais ses fesses à pleines mains, les yeux rivés dans les siens. Elle ceinturait mon bassin de ses longues jambes. Je savais qu'il y avait des couteaux derrière elle, mais ce n'était pas là la finalité du geste. Il fallait goûter au physique jusqu'au bout. Elle accéléra la cadence d'elle-même. Puis mes mains ont remonté le long de ses hanches, sur sa poitrine puis sont venues enserrer son cou. Une pression tendre tout d'abord, pour ne pas froisser la peau. Puis plus forte pour réduire l'afflux sanguin. Elle me regardait toujours. Quelques fois ses lèvres esquissaient un sourire tendu, presque triste. Il n'y avait aucune raison pour que je presse les choses. Pourtant, petit à petit, je l'étranglais. Tout s'est passé en une poignée de secondes. J'ai fini par resserrer mon étreinte pour de bon. Elle a alors poussé un long gémissement et je l'ai sentie jouir. Jouir. Et dans mes bras et mes jambes le plaisir est monté si brusquement que j'ai joui à mon tour. Je tremblais, elle aussi. Elle m'a regardé, je tenais encore son cou entre mes mains et son visage me parlait mais je comprenais pas cette langue. Mes bras sont tombés mollement le long de mon corps. Nous devions être un beau spectacle. Elle la jupe remontée sur les reins, le visage empourpré; moi le pantalon sur les chevilles, pantelant, ruisselant. Penauds. Elle a pris mon visage dans le creux de ses mains, l'a approché du sien et m'a susurré d'une voix étranglée: « On recommencera hein? J'aime ce que tu me fais. Personne ne m'avait fait ça avant. » Elle abattait sa dernière carte. La jouissance venait de la sauver in extremis, venait littéralement de me l'ôter des mains. Je ne sais pas si elle a compris quel avait été mon dessein premier, toujours est-il que nous avons dormi ensemble quelques heures. Lorsque je suis sorti de mon sommeil de plomb les autres filles n'étaient pas encore debout. Elle a voulu me laisser son numéro de téléphone, j'ai eu un mal de chien à lui faire comprendre que je n'en avais pas, peut-être comprenant que je ne voulais pas la revoir. Je suis parti en promettant de revenir aux galeries.
L'air frais du matin a fini de m'éveiller. J'ai marché jusqu'à la station de RER, et le trajet retour m'a paru plus long qu'à l'aller. Les décors défilaient en se superposant sur ma rétine, tous identiques dans leur morosité, leur manque de caractère, leur placide bonhomie. Leur côté popotte. La fatigue est venue me cueillir dans le métro. La chaleur peut-être, ou le bercement du wagon. Je me suis réveillé juste à temps pour bondir hors de la rame, mon cœur battant à tout rompre dans mes oreilles. Je venais de revivre mon orgasme en rêve.
Je viens de prendre une douche. J'ai grignoté un peu. Mes affaires en bouchon au pied du lit puent le tabac froid et le haschich. Je prends le temps de consigner tout cela pour pouvoir le relire plus tard, à tête reposée, afin d'en éclaircir le sens. À présent je ne peux réfléchir correctement. Peut-être qu'un peu de lecture me fera du bien.
Demain, après le travail, il serait souhaitable que j'aille tuer.

Monday 12 January 2009

Opus #18

25 décembre,
Du boulot par-dessus la tête. Des canettes vides, de la gerbe, des cotillons, des tessons de verre, des mégots, de la viande soûle partout. Les gens ont bien réveillonné. Les fastes d'une société moderne livrée à elle-même pour quelques heures. Tout un monde qui aime à fêter jusqu'à perdre la tête puis qui aime à en souffrir. Des petites jeunes la tête entre les mains à attendre le SAMU ou les pompiers assises pelotonnées les unes contre les autres. Grelottant de froid parce que l'alcool ne fait plus effet. Je ne mélange pas le travail et le plaisir. Trop risqué. On ne distingue plus les fêtards cuvant leur vin des banals poivrots. Il y a ceux qui continuent de chanter et de danser au beau milieu de la rue une bouteille à la main.
Ce matin était tranquille malgré tout. Travaillé de trois heures jusqu'à onze. Juste le temps de rentrer se doucher, mettre des habits propres, écrire ces quelques lignes pour me donner du courage, préparer la prochaine entrée où je raconterai mes sanguines frasques avec la jeune vendeuse. Et y aller.

25 décembre, fin de soirée.

Friday 9 January 2009

Opus #17

23 décembre,
Nuit de merde. Pas fermé l'œil. Douleur plus aiguë encore. Mains tremblantes. Ce soir. Besoin de tuer.

24 décembre,
[Il n'a pris aucun plaisir à abuser de ce corps sans vie. La douleur s'est un peu atténuée certes, mais il l'a sent encore palpiter au creux de ses reins. Pourtant cette fille avait tout pour plaire, des rondeurs alléchantes, une peau au goût et à l'odeur de pain d'épice. Il avait laissé le hasard prendre les rênes quand il n'avait pas vu la fille d'hier poireauter derrière son comptoir. Il avait pris la première proie venue, la facilité en jupe courte et bas résille. Le cœur n'y était pas. Il voulait la fille, n'avait pu l'avoir et à présent le sang et les humeurs coulaient en tourbillon avec l'eau de la douche et s'évacuaient en spiralant par la bonde sale. Il s'était baugé dedans. Il lui avait ouvert la gorge pour la saigner à blanc puis l'avait ravagée avec hargne. De magnifiques sautes de haine avaient accompagné leur étreinte. Il l'avait prise de son vivant, avait joui de sa mort. Mais rien n'y avait fait, même après tout ce déploiement de sévices. D'habitude cela suffisait. La satisfaction n'était malgré tout pas venue. Demain, il retournerait dans la galerie et il aborderait celle dont le visage hantait ses journées. Ses hanches, ses seins, ses jambes qu'il verrait enfin. La jeunesse même entre ses mains, voilà ce qu'il aurait d'ici peu.]
Pas grand chose de neuf aujourd'hui, mais je me sens assez fatigué pour dormir sur mes deux oreilles. Un peu mal au ventre quand même. Il faudrait penser à ne pas abuser des bonnes choses pendant les fêtes.

Lichen

The blind woman next to me fidgeting in her seat visibly uneasy brushed my arm as if in need of help with her train ticket but she tricked ...