Je marche contre le vent des papillons
des plaines.
Quelque chose naît. Je le sens dans
mes vieux os.
Pour l'instant rien ne bouge, si ce
n'est l'aurore.
Un jour comme aujourd'hui, j'ai soif et
je n'ai pas d'eau.
La chaleur grésille et les ailes
courroucées fulminent.
Mais d'ici je ne les vois pas encore.
Un jour, on m'a dit de me reposer quand
je serai fatigué.
Cela voulait dire « Cours ! »
non pas sans s'arrêter,
Car il y a aussi un paysage à
contempler,
Car il y a aussi des visages à qui
parler.
On sent comme une pulsation dans l'air
du Nord.
Je marche contre le grondement des
ailes furieuses,
J'avance lentement dans les heures
laborieuses.
Au loin, c'est comme une pluie de
météores.
Il n'y a plus qu'à attendre les
lépidoptères,
et les secousses des images des ocelles
parviennent jusqu'à moi avec un raffut
de tonnerre.
Je perçois enfin le roulement de leurs
ailes.
Je tremble, moi qui ai affronté la
manticore.
Je m'arrête au sommet de la plus haute
dune.
De là je contemple les hordes de
l'horizon blêmi.
Et les reflets des soies brillantent la
lune.
Du haut de mon mirador de sable, je
frémis.
La nuée immense avance, cumulus
chromophore.
Un jour, ma mère m'a dit : « On
récolte ceux que l'on aime. »
Je ne l'ai pas compris alors. Mais
aujourd'hui je sème.
Bientôt, il n'y aura plus qu'un monde
versicolore.
Ainsi qu'un shamal bigarré, la cohorte
obscurcit les cieux
de milles teintes, comme une fresque
démesurée recouverte avec soin.
Voilà les papillons qui soufflètent
mon corps, mes mains, mes yeux.
Demain, j'aurai oublié l'ouragan
diapré de satin. Mais demain, c'est loin.
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