Ses souliers soigneusement cirés, son complet usé impeccable, rasé de frais mais la mine grisée par l'implacable roue qui broie les hommes, il se tient droit, digne et dépité, la main tendue et les doigts tachés de ceux qui fument. Le regard affolé cherchant celui de ses congénères mais il est le mur auquel il doit s'adosser de peur de se faire mettre à terre. Il m'avoue, alors qu'à mon tour dos au mur je lui tends une maigre obole alimentaire, d'une voix aigre et mesurée, qu'il s'essaie aujourd'hui à la mendicité, pressé par la misère et la faim et l'usufruit. Que ne sachant comment s'y prendre pour faire ce métier qu'on ne veut apprendre, il a fait comme avant quand il travaillait. Je n'ai pas eu besoin de lui dire que ses efforts étaient vains et bien pires que de ne rien faire, car déjà ses paupières étaient lourdes de tort. Je l'ai quitté, me faufilant dans le flot des passants.
C'était il y a à peu près un an.
Je l'ai recroisé hier, assis par terre, échevelé, la barbe drue, pouilleux et puant, la main expertement tendue, les pièces toutes d'argent. Son œil s'est illuminé - le croiriez-vous - et son sourire était celui d'un fou.
" Tu vois, aujourd'hui j'ai appris, et je n'ai plus faim ! "
A Paris, le 24 octobre 2010.
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