Saturday, 30 October 2010

Bang Bang Club

 
Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas ce groupe (mythique dans le monde du photojournalisme) de quatre fêlés sud-africains, voici un bref résumé du Bang Bang Club.

Composé d'un noyau dur de quatre garçons dans le vent (Kevin Carter, João Silva, Greg Marinovich et Ken Oosterbroek (mais pas que, il y avait aussi quelques joyeux drilles en coulisse)), il se montra très actif dans les townships d'Afrique du Sud, et un peu partout en Afrique, au début des années 90. Il ne couvrait que les conflits armés (d'où le nom).

Nous connaissons presque tous - ou du moins l'une de ses photos - Kevin Carter qui le premier a couvert le "supplice du pneu" ou "necklacing" - méthode de lynchage qui consiste à remplir un pneu d'essence, de le passer autour du cou du ou de la coupable de vol, d'adultère etc. et d'y mettre le feu:


On lui a décerné, entre autres prix dont le Ilford, le Pulitzer Prize for Feature Photography avec cette photo:


On lui a beaucoup reproché de ne pas avoir aidé cette fillette qui rampait vers l'avion qui apportait des vivres à la population soudanaise. Il s'était déjà posé la question lors du necklacing : "I was appalled at what they were doing. I was appalled at what I was doing. But then people started talking about those pictures... then I felt that maybe my actions hadn't been at all bad. Being a witness to something this horrible wasn't necessarily such a bad thing to do." C'est comme cela qu'il a réussi à rester vingt minutes (l'avion qui apportait les vivres et avec lequel il était venu ne restait qu'une demi-heure) à attendre que le vautour déploie ses ailes. L'oiseau de malheur ne lui a pas fait cet honneur. Peut-être avait-il faim, lui aussi. Aussi lui a-t-il collé un ramponneau avant de repartir, mais peut-être était-ce pour aider la fillette. On ne sait ce qui advint d'elle.

En 1994, son grand ami Ken Oosterbroek prend une balle perdue lors d'un échange musclé entre des partisans de l'African National Congress et la Force Nationale de Maintien de la Paix ; Greg Marinovich est gravement blessé. Kevin, déjà dépressif, apparemment criblé de dettes et une petite fille à charge, ne supportera pas cette perte, se rendra en voiture là où gamin il aimait jouer, près de Braamfontein Spruit river, attachera un tuyau à l'échappement de sa voiture. Il mourra à l'âge de trente-trois ans.

Là ne s'arrête pas l'histoire du Bang Bang Club. Il y a une semaine maintenant, João Silva, alors au Kandahar en Afghanistan, marche sur une mine. Gravement blessé - il finira amputé des deux jambes, juste au-dessous des genoux - et attendant d'être héliporté dans un hôpital, il continuera à photographier le lieu de l'explosion. L'histoire est là-bas.

Marinovich exerce toujours. Il a, à l'instar de tous ses camarades, Silva inclus, gagné de très nombreux et prestigieux prix.

Un documentaire a été tourné en 2006 ("The Death of Kevin Carter") et un film, qui a fait la première du Festival de Cannes cette année, sera bientôt - ou est déjà - sur les (grands) écrans.
 
 
En espérant vous avoir donné envie de voir, de lire ou de découvrir.
 

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