Saturday 31 October 2009

Chroniques d'un égoïste ordinaire #6


      Désert Libyque.
      Elle lit, ballottée par la démarche chaloupée du chameau. Elle a tout d'abord, comme à son habitude, feuilleté l'ouvrage. Bribes éparses sans possibilité de donner un sens à toute cette mascarade. Si elle veut savoir, elle doit tout lire, depuis le début. Elle en aura le temps. Hafez a prévu deux jours de voyage à dos de chameau, ensuite une journée en jeep jusqu'à cette ville poussiéreuse dont elle se fiche du nom. Puis un taxi. L'hôtel où elle pourra enfin se laver, la télévision, la civilisation.
      Il fait diablement chaud ici. Il y a des paysages magnifiques, des vues sur le désert, sur des sculptures de calcaire à couper le souffle. Elle se dit que cela pourrait être une prochaine destination de voyage...mais non, ce pays est désormais souillé par son empreinte. Il a toujours laissé des marques indélébiles, chez les gens ou dans les lieux. Toujours on se souvient de lui, plus souvent en bien qu'en mal, certes. Mais là...ça sent la putréfaction. Elle n'a jamais vu ou même senti de cadavre avant cela. Oui, il laisse encore des marques, dans tous les esprits; il n'épargne personne, pas même lui. Contrée corrompue par la présence d'un homme qu'elle ne sait ni aimer ni haïr, voilà ce qu'est devenue la Libye à ses yeux. Comment revenir sans voir autant de beautés annihilées du coup par cette odeur âcre et tenace, ou même le souvenir de cette odeur, par ce cadavre en rémanence sur sa rétine?
Jour 1, sur la route.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas fait d'auto-stop. On rencontre tout un tas de gens sympathiques, ou pas. Plus important, on fait beaucoup de chemin. Me voilà à Strasbourg. Il est vingt heures, j'ai planté la tente, je n'ai pas faim. J'observe les gens qui commencent à déplier leur auvent, à se faire des voisins, à s'inviter à l'apéro. This is life. This is what being human is all about. « We only exist insofar as we hang together. » Conrad avait raison. Et je reste persuadé que ce n'est pas incompatible avec ma façon de voir les choses.


Jour 2, encore sur la route.
J'avance moins vite, même si j'ai pris les grands axes. Moins de gens veulent d'un auto-stoppeur en route vers le bout du monde. Les gens n'ont plus d'humour. Encore en France, à attendre sur le bord de la route. Du temps, je ne sais pas combien j'en ai. Je vais continuer à pied. L'homme est né marcheur, alors il marche, se doit de marcher.
      C'est tout lui, ça. On ne comprend jamais où il veut en venir avec tous ces mots, toutes ces idées obsolètes d'auteurs morts depuis des lustres. Comme si les gens avaient les mêmes références que lui, pensaient comme lui. Comme s'il était inutile d'expliquer aux gens, qu'ils devaient comprendre par eux-mêmes. Voilà ce qu'on lui reprochait toujours en tant qu'écrivain, souvent en tant que personne; à toujours prendre les gens de haut, même sans le vouloir. Il était né sans tact, voilà tout.
      Hafez la regarde à la dérobée, avec insistance. Ce n'est pas pour lui déplaire, mais pas là, pas ici, pas avec la tache blanche dans son esprit.

Friday 30 October 2009

Chroniques d'un égoïste ordinaire #5


      Londres.
      « C'est comme ça que j'ai retrouvé sa trace. Il n'a pas utilisé sa carte bleue avant ça. Selon la compagnie aérienne, il a pris un aller-retour Tirana – Londres.
      _ C'est où Tirana?
      _ En Albanie. Il est resté quatre jours ici, avant de retourner là-bas, et s'il ne vous a pas vu, il est venu voir qui?
      _ Je sais pas. Les seuls personnes qu'il connaît je les connais aussi. J'ai bien une idée...mais non, le connaissant, c'est pas possible.
      _ Dis toujours.
      _ Il t'a déjà parlé d'une certaine Pauline?
      _ Oui, vaguement. Quelques fois. Il m'avait parlé d'une embrouille avec elle il y a longtemps.
      _ Tu sais s'il l'a revue?
      _ Je pense pas.
      _ Si c'est elle qu'il est allé voir, alors ça veut dire qu'on le connaissait pas assez.
      _ Il s'est passé quelque chose entre eux?
      _ Ils sont sortis ensemble en première année de fac. Ça a pas duré longtemps. Elle était carrément trop possessive – on pense que c'est pour ça qu'il a préféré finir cette histoire. Enfin bon, ce qu'on pense ça se trouve c'est de la merde. Tu sais, avec lui on savait pas souvent sur quel pied danser. Un coup blanc, l'autre noir. Cyclothymique. Il aurait adoré ce mot.
      _ Tu crois qu'il est allée la voir...pour...enfin...tu sais...finir ce qu'il avait commencé?
      _ Je sais pas. Peut-être. Il se retrouve face à lui-même, face à ce truc qui le bouffe à petit feu. Personne ne sait ce qui peut lui passer par la tête, pas même lui. Il doit réagir à l'instinct, sans se préoccuper de qui ou de quoi que ce soit.
      _ Il s'en fout bien de nous ou de ce qu'on pense de lui.
      _ Techniquement il ne sait pas que tu le recherches, d'ailleurs tu dois bien être la seule.
      _ Comment ça? Tu veux dire que certains sont contents qu'il soit parti?
      _ Non, ce que je veux dire, c'est que ses amis ont accepté sa décision, parce que déjà elle est unilatérale, et ensuite on le connait, le bougre. Pas du genre à changer d'avis. Peut-être qu'il n'en a rien à secouer, et ça ne m'étonnerait pas de lui, mais tout ça c'est de la spéculation. Tout ce que je sais, c'est qu'il est pas venu nous voir. Il en est arrivé à se foutre de ses meilleurs amis, alors qu'on pourrait l'aider, on a toujours été là pour lui. Personne ne comprend, et apparemment toi non plus. »

Thursday 29 October 2009

Chroniques d'un égoïste ordinaire #4


      Chartres.
      Biiip. Message reçu à huit – heures – quarante – quatre: « C'est moi. Je comptais tomber sur toi. Tant pis, je vais devoir te dire tout ça via une boîte vocale sans âme. Je comprends ton désarroi. Tu veux m'aider et je ne le veux pas. Sache qu'il y a beaucoup de choses que je ne veux pas. Ce que je ne veux surtout pas que tu vois, c'est ma déchéance. Je ne me suis jamais considéré comme un abruti, et les gens se sont souvent arrêtés à ce trait de personnalité, je ne veux pas que tu sois témoin de ce que je ne suis plus, au fur et à mesure, au jour le jour presque. Je perd la boule, la mémoire; je vois double, triple, des couleurs que je connaissais pas; certes je vomis moins, mais je ne supporte plus ton regard de compassion au sortir des toilettes. Mes maux de tête me tiennent éveillé tout ou partie de la nuit, je m'ennuie à mourir. Et je veux vivre seul ces choses que j'ai toujours voulu faire. Mon temps est compté et oui, je suis égoïste. Je ne veux pas partager ça, ni avec toi ni avec personne d'autre. Je veux être seul, vivre avec moi-même et être le seul à me supporter, à observer ce lent déclin, ces prémisses à la ruine. Je ne veux plus être lié à qui ou quoi que ce soit d'autre que le ciel au-dessus de ma tête et la terre sous mes pas. Je veux mourir seul. Je pars. » Appuyer – sur – un – pour – rappeler – votre –correspondant – sur – deux – pour – conserver  – ce – mess – Bip – message – effacé.
      Eh bien pars si c'est ce que tu veux. Meurs seul, je ne serai plus là quand tu auras besoin de moi.
      Finalement ils s'étaient revus la veille de son départ. Le hasard faisait décidément mal les choses. En plein centre-ville. Ils firent un peu de chemin ensemble. Il avait redit les mots, elle avait pleuré.
      « Allez, arrête de pleurer. Viens là. Je sais que tu auras du mal à couper le lien, j'aurais sans aucun doute moins de mal que toi, j'admets, mais ça ne veut pas dire pour autant que je n'aurais pas de mal du tout. Ça sera dur, mais au fur et à mesure j'aurais d'autres choses en tête, notamment une tumeur. Tout ce que je peux te promettre, c'est que tu me retrouveras, mort ou vif. Je ne peux rien te promettre de plus. Si tu es attachée à quoi que ce soit de matériel, il faudra que tu fasses vite. »
      Voilà comment elle en est arrivée là, sous le soleil libyen, à ne savoir que faire de son cadavre, lui qui avait passé près de deux années à traverser le monde de part en part.

Wednesday 28 October 2009

Chroniques d'un égoïste ordinaire #3


      Chartres.
      « Tu sais, je vais me mettre à brûler la chandelle par l'autre bout. Tu vas te brûler les ailes avec moi, passer le reste du temps qui m'est compté et puis, quand tout sera fini, tu feras quoi? Tu essaieras de reprendre une vie normale? J'en ai encore pour quoi, deux, trois ans au grand maximum? Pendant toute cette période-là tu perdras pied avec le monde, avec ta vie, avec ton boulot, tes amis, ta famille. Tu penses que tu pourras reprendre comme si de rien n'était, alors que le monde a continué sa route. Tu te trompes. Je ne veux pas que tu gâches ta vie alors que je m'en vais perdre la mienne dans un dernier tour de piste. En plus, je dormirais où je pourrais, me laverais si je peux, mangerais si je trouve de quoi. C'est pas vraiment des conditions pour toi.
      _ Tu penses que je vais te freiner?
      _ Il y a de ça aussi, oui.
      _ Tu ne m'aimes plus, alors?
      _ On en a déjà parlé. Tu sais que ce n'est pas ça du tout, que ça n'a plus rien à voir. Je vais mourir et ni toi ni moi n'y pouvons rien. On a partagé beaucoup de bons moments ensemble. Tu as l'occasion de partir, saisis cette chance. Tu es encore jeune. Tu sais qu'entre nous ça va plus très fort. De toute façon on vend la maison. Il n'y a qu'un poste et il est pour toi. J'aurai bien suivi et tu le sais, mais je sais aussi que ce voyage-là, c'est le tien. C'est ton pays depuis toujours. Tu t'y sens bien. Tu pourras recommencer à zéro de là-bas. Tu auras des opportunités, tu sais que tu en auras.
      _ Ça a l'air de te faire plaisir.
      _ Pas dans le sens où tu le penses. On a été heureux dès le début. On a appris à construire ensemble. On s'est soutenus, on a parlé, on s'est confiés l'un à l'autre. On est devenus meilleurs. On sait ce que c'est que de faire confiance à présent.
      _ Tu veux te débarrasser de moi.
      _ Bon. Apparemment tu ne veux pas comprendre. Je ne veux plus avoir cette conversation. Tu sauras rebondir. J'ai pris ma décision. Si tu veux qu'elle soit égoïste, libre à toi. Je la prends en mon âme et conscience. J'ai pesé le pour et le contre, exercé le peu de logique que j'ai acquis dans ma courte vie. Je ne veux pas balancer l'argument de la souffrance, mais ça m'arrive à moi, à moi. Et malgré tous les changements qui s'opèrent en moi contre ma volonté, je pense être quelqu'un de raisonné. Si tu ne veux pas te rendre à l'évidence – mon évidence certes – eh bien tant pis. Je ne veux rien dire de plus. »
      L'agent immobilier était passé, avait estimé, avait posé des questions gênantes. La maison n'avait pas tardé à être visitée, puis vendue, à un bon prix. Ils y avaient investi beaucoup de temps, pendant qu'ils se construisaient – pour rien, pensa-t-elle. À partir de ce moment-là, les rapports s'étaient faits moins fréquents, plus espacés, plus froids. Puis, un matin, il avait laissé un message pour dire qu'il partait. Il avait appelé deux fois puis laissé un message. Elle n'avait pas voulu décrocher. Sur le coup elle était loin de le regretter.

Tuesday 27 October 2009

unevideorocktouslesmatinscafaitdubien - site à voir pour bien se réveiller

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Chroniques d'un égoïste ordinaire #2


      Désert blanc
      Pas d'ombre, nulle part. Pas même derrière ces dunes comme des vagues figées pour quelques heures. Le guide dit qu'elles changent sans arrêt de place. Le vent. Difficile à croire que ce vent, qu'ils appellent « ghibli » entre eux, puisse déplacer de telles masses de sable. Elle regarde la couverture en toile blanche, soulevée de temps à autres par le ghibli. Alors le voilà. Après tout ce temps à se demander où il était. Bientôt deux ans. Son visage a-t-il changé? Il doit être marqué, éprouvé. Mais y a-t-il un rictus de douleur, des rides au coin des yeux, près des ailes du nez, aux commissures des lèvres, qui pourraient témoigner d'une atroce souffrance, d'un calvaire quotidien, d'un combat acharné contre le mal qui le rongeait? Sans aucun doute, sinon pourquoi serait-il parti, lui qui avait toujours raison?
      Elle hésite. Elle n'a pas fait trois mille cinq cent kilomètres pour rien, pour ne pas l'affronter. Elle l'avait cherché, ça oui, au début. Six mois sans nouvelles. Puis une piste qui n'avait menée nulle part, ou plutôt si, mais loin, en Albanie. Pas une lettre, pas un email ou même un coup de téléphone. Silence total. Et le voilà étendu de tout son long, sur le dos. Elle n'a plus envie de pleurer, les larmes elle a déjà donné et ça n'a rien amené de bon, pas même un peu de soulagement. On l'avait plaint, on l'avait vilipendé, traité de tous les noms, mis plus bas que terre. Elle n'est pas certaine que cela l'ait aidée à l'oublier. Elle se demande pourquoi, après tout ce temps et ces kilomètres qu'elle a parcourus à bride abattue, elle n'a pas plus envie que cela de le voir, ni même de le ramener. Pourquoi d'ailleurs le ramener, exécuter les dernières volontés d'un égoïste pareil? Elle a bien envie de le laisser pourrir ici. Que les bestioles s'il y en a viennent se repaître de cet homme qui a fait souffrir plus que de mesure! Que le sable recouvre ce corps voué à une mort violente et prématurée!
      Le vent souffle un peu plus fort. Les trois hommes la regardent, ils semblent inquiets. Elle ne peut détacher les yeux de cette silhouette blanche sous laquelle se dessine le visage tourné vers le ciel, les bras le long du corps, les jambes tendus, les pieds. Ils ont déplacé le corps, l'ont retourné par curiosité ou par nécessité – un corps étendu face contre terre doit être retourné – puis ils ont trouvé le livre. Celui qu'elle n'a cessé de lire depuis que le bédouin le lui a tendu de sa main noueuse et tannée par une vie de soleil accablant. Ce livre, le journal qu'il a tenu depuis le jour de sa fuite organisée, ce livre, elle ne peut s'empêcher de l'ouvrir, de le sentir, de le toucher, mais les mots, les mots! Ceux-là qu'il aimait tant et ceux pour qui il a tout quitté, ces foutues idées, ces foutus bouquins qu'il lisait sans cesse. Ils étaient plus importants que les gens, que la réalité; plus importants même que ceux qui les avaient écrits. Ces mots, elle les hait du plus profond de son âme. Mais elle n'a rien d'autre. Plus rien d'autre; non pas pour comprendre, mais pour accepter. Elle va devoir tout reprendre depuis ce jour maudit.

Monday 26 October 2009

Chroniques d'un égoïste ordinaire #1


      Désert blanc.
      Elle est là. Elle avait dit venir dans quatre ou cinq jours, une semaine tout au plus. Hafez sourit. Elle a tenu parole. Schelem sourit aussi. Ils se regardent. Ils sont habitués au désert, et Schelem n'a mis qu'un jour et demi de moins pour venir lui annoncer sa venue. Azdim était resté à l'aéroport de Tripoli pour préparer le voyage de la femme; ils avaient dû partir sur-le-champ. Apparemment elle n'est pas du genre à attendre ou à faire du tourisme. Tant mieux, toute cette histoire commençait à sentir comme du lait de brebis en plein soleil. Et le grand désert se réveille. Le ghibli souffle plus fort depuis ce matin, rapproche l'erg du hamada. Le corps devra être déplacé. Elle dira.
      Azdim suit derrière, avec le chameau et les vivres. Elle marche devant. Elle a des lunettes, un chèche blanc, comme lui avait, noué autour du cou. Elle a quelque chose à la main, un livre. Le livre, au bout de son bras qui suit le mouvement de sa marche. Elle a un doigt coincé entre deux pages, comme si elle était en train de le lire. Il a l'air d'avoir de l'importance pour elle.
      Pour lui, comme pour Schelem, ils n'avait compris que l'inscription en arabe agrafée sur la couverture du livre. Les caractères à l'intérieur étaient occidentaux, probablement français. Il lisait et parlait un peu l'anglais mais ne reconnaissait pas cette langue. Sûrement du français, oui. Ils n'étaient « que » des bédouins, après tout. Leur jour de chance était venu lorsqu'ils étaient tombés sur le corps, dix jours plus tôt. C'est rare, de tomber sur des cadavres comme ça. Celui-ci ne paraissait pas avoir été touché. Pas de sang, ni de blessure. Il n'y a pas de bête suffisamment grosse ici, humaine ou animale.
      L'inscription disait de contacter une certaine Arzu à Tripoli, en cas de besoin. Elle saurait quoi faire. Il y aurait une récompense. Deux jours pour aller à Sebha, trouver un téléphone. Madame Arzu avait dit s'occuper du reste. Elle avait rappelé quelques minutes plus tard, donnant des instructions. La femme viendrait avec l'argent, dans une semaine tout au plus. L'argent est donc là. Il ne se serait jamais cru avide à ce point, mais avec ça il pourrait soigner sa nièce, payer l'hôpital et les frais médicaux. L'homme était mort, sa nièce vivrait.

Tuesday 20 October 2009

Definition d'Ectropion

Definition et illustration d'ectropion à la sauce Bino




Par ailleurs,  un ectropion désigne en ophtalmologie l'affaissement de la paupière, en générale celle du bas.

Friday 16 October 2009

Haïku

Past the marshes
a smell of rotten egg
someone farts!

Sounds of a spring
I am waiting for the moon
to see the stream.


Banana trees
hang their leaves over me
featherless clouds.

Steam on the window
my sister is cooking the meal
wet noodles, again.

Kogi – at last
I understand your meaning
fragrance of the world.

Kagetsuhiro
felt in the midst of
autumnal buds.

Resting in the shadow
of a blooming dahlia
Nightfall.

Homesick on the boat going west
I look upon the stars
the seaman shouts!

Hesitation
Clear-cut momentum in the sky
I wait like a cloud

Wolves howl
I run through briars, mud and deaths
Dying to live

Yet again!
A long haiku is a solid paradox
Always going further

So rash an act!
The rest of the kanji
On the table

Haïku


Le moine s’avance
sur la verte prairie qui s’étend loin
pourtant le pèlerinage se fait en hiver

thirty thousand people

The day was torn and grim birds yet began to sing as if they knew nothing’s eternal and old gives way to new that man, one day, will fall t...