Random play stumbled across this piece in my Itunes library. Thought I'd share the exquisite pleasure of randomness with you.
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Thursday 23 February 2012
Saturday 21 January 2012
Sunday 15 January 2012
Nyenasuma
Leaving
never is a more beautiful landscape than when the foot treads the
first acre of an unknown path. We discover ourselves under the rain
and the phosphorus, paying attention to the language of the wind. The
smell of the days of sunshine mottles our face, never to disappear.
Nyenasuma is etched inside of us, while we turn round to see
our footsteps carved in the sand.
We
seek wisdom in the salt of the lakes, and the nostalgia of the shrubs
catches up with us. We walk, because we do not want to do anything
else. Because we cannot do anything else. Because we do not know what
else to do. A stride cannot be etched into stone.
We
cross entire fields of women-trees erected by centuries of doom.
These are evil mothers, but they are bloodthirsty only because they
have been cursed. The child suckling on their breasts does not leave
any footprint in the snow, for the spider is posted at the fringe of
the mountains. As for us, we do nothing but take note of this natural
phenomenon, filling our gourds with fistfuls of snowflakes. Here is
the nyenasuma whom some call, with restraint and a slow gaze,
hiba hati.
There
is no frolicking here, for the falcon is on the lookout, and sharpens
its gaze on the edge of the mountains. Twining round balls of hair
which it mistook for the branches of a dwarf beech.
Once,
one of these women-trees was a young woman. She used to wear a green
felt coat, buttoned-up to the chin. She was carrying one of these
very discreet leather handbags. Every time a man sat in front of her
in the train, she used to present the oval of her face only. Averted
her eyes she always did, slowly. Even though she smiled. Ever so
faintly, right about enough for the men to notice it, but not enough
to carve a dimple in her cheeks. Yes, perhaps was she sad.
There
existed a sky devoid of aerial lines, but it is nowhere to be found
now. At present we have to leave, regardless of what appears in these
grey skies, grey with frost. We must leave this field of silence
before it becomes our sojourn. Our fate is to leave the beings to
theirs. And to walk as far as our heart allows it, before it turns to
stone so that it would best dwell somewhere it belongs, because it
will have elected this place in full knowledge of what is elsewhere,
which will henceforth bear the proud name of 'home'. Our gaze will,
then, shine with the things discovered, without hesitation, even if,
ultimately, it will, with an infinite slowness, stumble upon the
footprints in the sand and the trail of the falcon.
_______
Nyenasuma:
sadness, nostalgia (literally 'slow gaze') in Bambara (language
spoken in Mali, Burkina Faso, Côte d'Ivoire/Ivory Coast, Gambia,
Mauritania, Senegal)
Here is one of the paintings which, among others, inspired this poem:
Giovanni Segantini, Le Cattive Madri (The Evil Mothers), 1894
Nyénasuma
Partir
n'est jamais un plus beau paysage que lorsque le pied foule le
premier arpent d'un chemin inconnu. On apprend à se connaître sous
la pluie et le phosphore, attentif au langage du vent. L'odeur des
jours de soleil tatoue des marbrures sur nos visages, à jamais.
Nyénasuma se grave en nous, alors que nous nous retournons
sur nos pas inscrits dans le sable.
On
cherche la sagesse dans le sel des lacs, et la nostalgie des halliers
nous rattrape. On marche, parce qu'on ne veut rien faire d'autre.
Parce qu'on ne peut rien faire d'autre. Parce qu'on ne sait rien
faire d'autre. Une foulée ne se grave pas dans la pierre.
On
traverse des champs entiers de femmes-arbres érigés par les siècles
de malédictions. Ce sont des mères cruelles, mais qui ne sont
sanguinaires que parce qu'elles ont été maudites. L'enfant se
nourrissant à leurs seins ne laisse aucune empreinte dans la neige,
car l'araignée est apostée à l'orée des montagnes. Nous, nous ne
faisons qu'observer ce phénomène naturel, remplissant notre gourde
avec de pleines poignées de flocons. Voici le nyénasuma que
certains appellent, du bout et des lèvres et le regard lent, hiba
hati.
On
ne batifole pas ici, car le faucon guette, affûte son regard aux
arêtes des montagnes. S'enroule dans des pelotes de cheveux qu'il
avait pris pour des branches de faux.
Jadis,
l'une de ces femmes-arbres fut une jeune femme. Elle avait pour
habitude de porter un manteau en feutre vert, boutonné jusqu'en
haut. Elle portait un de ces sacs à main en cuir très discret.
Chaque fois qu'un homme s'asseyait en face d'elle dans le train, elle
présentait seulement l'ovale de son visage. Elle détournait
toujours le regard, lentement. Même si elle souriait. Un sourire si
ténu, juste assez pour que les hommes le remarquent, mais pas assez
pour creuser des fossettes dans les pommettes de ses joues. Oui,
peut-être était-elle triste.
Il
exista un ciel dénué des sillons aériens, mais celui-ci demeure
introuvable de nos jours. À présent il nous faut partir, quoi qu'il
s'affiche dans ces cieux gris de givre. Nous devons quitter ce champ
de silence avant qu'il ne devienne notre logis. Notre sort est de
laisser les êtres au leur. Et de marcher aussi loin que notre cœur
le permet, avant qu'il ne se change en pierre pour mieux résider là
où il se sent chez lui parce qu'il aura élu ce lieu en toute
connaissance de ce qui se trouver ailleurs, et qui dorénavant
portera le fier nom de 'foyer'. Notre regard, alors, brillera des
découvertes, sans hésiter, même si, en fin de compte, il
trébuchera avec une infinie lenteur sur les traces de pas dans le
sable et le sillage du faucon.
_________
Nyénasuma :
tristesse, nostalgie (littéralement « regard lent ») en
Bambara (langue parlée au Mali, Burkina Faso, Côte d'Ivoire,
Gambie, Mauritanie, Sénégal)
Voici l'une des peintures qui m'a inspiré pour ce poème, mais pas seulement :
Giovanni Segantini, Le Cattive Madri (Les Mauvaise Mères), 1894
Thursday 22 December 2011
Etude en deux temps, quatre mouvements
Évariste-Vital
Luminais (1821 – 1896) – qui, au passage, porte le même prénom
qu'un de mes héros de la science, Évariste Gallois – était au
moins aussi lumineux que son patronyme. J'ai découvert il y a peu
cet artiste, qu'on m'a présenté comme méconnu, alors que ce
monsieur a été décoré à de très nombreuses reprises, notamment
de la Légion d'honneur (du temps où celle-ci représentait encore
quelque chose...).
La
plupart de ses œuvres sont dispersées au quatre coins de France
et de Navarre : Nantes, Rennes, Quimper, Dunkerque, Carcassonne,
Paris (Orsay), Rouen, Moulins, Sydney (si, si !), avec une plus
forte représentation dans les trois premières ville citées.
Je
me suis intéressé à son œuvre la moins méconnue – Les Énervés
de Jumièges (j'en vois tout de suite qui se disent : « Ah,
oui...les, les quoi ? »), tout en sachant que si vous
allez à la Bourse de Commerce de Paris, vous pourrez admirer son
immense coupole (quelque chose comme 1500m2) représentant l'histoire
du commerce sur tous les continents, peinte en partie par ce Luminais
(qui s'est coltiné l'Amérique). L'histoire des énervés de Jumièges, ou plutôt la légende,
pour faire court, donne ceci :
Vers
le milieu du VII ème siècle, Clovis II entreprend un pèlerinage en
Terre Sainte. Son fils aîné reprend le
royaume, avec l'aide de sa môman, la reine Bathilde (peut-être
Mathilde avec un gros rhube). Le fils prend la mère en grippe (^^)
et décide de fomenter un p'tit complot avec son frère aîné contre
papa/maman cum roi/reine. Cloclo reçoit un fax cum pigeon voyageur
et rentre au bercail mater ses rejetons.
La
punition du papa est temporisée par l'amour de la maman (merci
Sigmund) : plutôt que de les passer à la potence, on va leur
brûler les nerfs des jambes, histoire de leur apprendre les bonnes
manières. D'où le terme « énervé », à prendre
littéralement. D'ailleurs, en aparté, je peux comprendre un terme
comme « dératé ». Dans la Grèce antique, on pensait
que le fameux point de côté survenant en pleine course était causé
par la rate. Avec force décoctions de prêles, ils tentèrent de
dérater les athlètes. La rate nettoie le sang d'une partie de ses
impuretés en stockant temporairement une partie de ces déchets.
Sans cet organe, une personne voit sa quantité d'hématies, aka
globules rouges, augmenter. Les hématies transportent l’oxygène
dans l’organisme. Donc plus il y en a, plus l’oxygénation est
importante. Une personne dératée a donc théoriquement un taux
d’oxygène dans le sang plus élevé, et donc de meilleures
capacités cardiaques, et peut-être sportives, qu'une personne ratée
(la bonne blague). Ergo, courir comme un dératé. Cependant, ne
tentez pas la
splénectomie (ablation de la rate), vous pourriez finir complètement
raté. Ergo, tout ceci restant théorique, ne vous passez pas la rate
au court-bouillon et faites avec le point de côté.
Autant
je ne comprends pas comment un terme comme « énervé » a
pu désigner quelqu'un, dans son usage moderne, d'irrité ou dans un
état d'excitation inhabituel, donc quelqu'un de nerveux, alors qu'a
contrario, le terme désignait quelqu'un ayant subi le supplice de
l'énervation (et pas de l'énervement, celui-là nous le connaissons
tous) et donc d'apathique.
Aparté terminé.
Les
deux frangins, du coup un peu handicapés, demandent à être placés
en monastère (la DDASS n'existait pas encore). Bathilde, qui a
sûrement d'autres chats à fouetter, les balourde à bord d'un
radeau sur la Seine (pas la scène). Blablabla les deux énervés, un
peu écœurés, arrivent à
Jumièges où ils sont reçus comme des papes par un Saint et les
voilà moines. Cloclo et Baba reçoivent un mail de l'Abbaye disant
qu'elle a accueilli les deux rejetons et que le nerf de la guerre,
c'est l'argent et que les temps sont durs. Visite des parents,
pleurs, repentance, dons, blablabla en avant Simone, c'est moi qui
conduit, c'est toi qui klaxonne.
Comme
toutes les légendes, quand l'histoire s'en mêle, on se rend compte
qu'on a été mené en bateau. Clovis II est mort trop jeune pour que
ses fils soient en âge de se rebeller contre lui, autre qu'en lui
balançant leurs jouets en bois à travers la tronche. Il n'a pas non
plus vu la queue de la Terre Sainte.
Reste
qu'en art on se fout de l'histoire, sauf si elle croustille autant,
voire plus, que la légende. Voici donc les quatre versions des
énervés de Jumièges, dont on pourrait parler pendant des heures,
mais comme les images parlent d'elles-mêmes, on ne fera que
remarquer en silence la beauté des gestes.
Première pensée (circa 1880), huile sur toile,
41 x 32 cm,
Musée des beaux-arts de Rouen
Etude pour les énervés de Jumièges ; figure au revers (circa 1880)
Huile sur carton, 36,5 cm x 48,5 cm,
Musée des beaux-arts de Rouen
Les fils de Clovis II (circa 1880),
huile sur toile, dimensions non trouvées,
Nouvelle-Galles du Sud, Sydney.
Les Énervés de Jumièges (après 1880),
huile sur toile, 1,97 m × 1,76 m,
Musée des beaux-arts de Rouen
Friday 9 December 2011
Thursday 8 December 2011
Gustav-Adolf Mossa (1883-1971)
Tout le monde ne le connaît pas. Et c'est bien dommage. Un jour, il y a peu, je suis tombé sur ce tableau.
Here's someone who isn't so famous. Shame. One day, not so long ago, I stumbled across this painting.
J'ai eu un choc. Voilà quelqu'un qui a compris quelque chose à la nature humaine. Pas étonnant, me diraient certains. Mossa était un peintre (d'origine Niçoise) inscrit dans la mouvance symboliste, mais très influencé par Baudelaire, Huysmans, les Préraphaélites, Mallarmé, l'Art Nouveau entre autres. Ses peintures et ses écrits sont imprégnés de ses lectures et de sa vision assez lucide de l'art de son époque.
Voici un lien qui regroupe un nombre certain de ses oeuvres picturales.
I had a shock. Here was someone who understood something about human nature. This isn't surprising, some may tell me. Mossa was a French Symbolist painter from Nice who was clearly influenced by Baudelaire, Huysmans, the Preraphaelites, Mallarmé and by the Art Nouveau, amongst others. His paintings and writings are steeped in his reading and his quite lucid vision of the art of his time.
Here is a link which gathers a fair number of his paintings.
J'espère vraiment que vous aimerez ce peintre aux oeuvres mésestimées.
I really hope you'll like this painter and his undervalued masterpieces.
Wednesday 14 September 2011
Ernst Haas
I missed, two days ago, the anniversary of the death of Ernst Haas, brilliant photographer who brought colour photography where it is today, member of the Magnum Photos Agency.
He had his pics shown in the MoMA, he also worked on some films, like Little Big Man and The Misfits.
To discover his immense and diverse work, it's here.
Saturday 20 November 2010
Histoire de boyaux dès le matin.
L'impression qu'avec Ludwig (van Beethoven, what else?), chaque note est à sa place et surtout que c'est là que vous l'auriez placée, et nulle part ailleurs. On aime l'enchaînement, la précision, l'allusion. L'interprétation aussi, car selon une certaine prof (de piano, si elle me permet la précision), la partition a beau être là, l'interprète en donne sa version (et j'acquiesce). Mais on aime, bon dieu oui ! On se surprend à mimer le joueur de violon, tailladant l'air de mouvements saccadés, avec dans la main un archet imaginaire et l'autre bras plié en accent circonflexe inversé.
On se prend également à regarder les feuilles jaunes, oranges, rouges et violines ballottées par le vent, et à penser, à écouter chaque vibration de cet opus 131 des quatuors pour instruments à cordes, le calme après le troisième Rasumovsky.
Et à l'instar de je ne sais plus qui, qui se demandait comment des boyaux de chat pouvaient vous faire venir les larmes aux yeux, on se demande si l'on n'est point trop sensible pour ce monde de brutes, car même si les intestins de chats n'ont jamais été utilisés, ceux de moutons si (pour leur plus grande résistance et leur souplesse).
Et on se dit que ce n'est pas la fabrication des instruments de musique qui ont amenés à la déforestation, ni à l'élevage des ovidés en batterie, mais l'homme, car il paraît que la musique ne nourrit pas. Pourtant, si on se satisfaisait plus souvent l'esprit que l'estomac, je pense que nous irions plus loin, et plus sûrement. Chi va piano va sano, e va lontano, dit-on. Ou Andante, ma non troppo, selon Beethoven. On y revient. Prendre son temps, apprécier. Se dire que ce ne sont pas que 71 pièces de bois de 4 à 7 essences différentes, du vernis, des cordes en métal et une âme nichée dans une caisse de résonance - et je ne parle là que d'un violon. Il faut prendre en compte la diversité des cordes frottées. Se dire aussi que ce n'est pas en frottant une guitare que vous obtiendrez le même son, encore moins un piano (visualisez la scène si possible, moi ça m'a fait sourire).
Alors si vous voulez l'écouter en pensant à tout cela, à toute heure du jour ou de la nuit :
A bon entendeur.
On se prend également à regarder les feuilles jaunes, oranges, rouges et violines ballottées par le vent, et à penser, à écouter chaque vibration de cet opus 131 des quatuors pour instruments à cordes, le calme après le troisième Rasumovsky.
Et à l'instar de je ne sais plus qui, qui se demandait comment des boyaux de chat pouvaient vous faire venir les larmes aux yeux, on se demande si l'on n'est point trop sensible pour ce monde de brutes, car même si les intestins de chats n'ont jamais été utilisés, ceux de moutons si (pour leur plus grande résistance et leur souplesse).
Et on se dit que ce n'est pas la fabrication des instruments de musique qui ont amenés à la déforestation, ni à l'élevage des ovidés en batterie, mais l'homme, car il paraît que la musique ne nourrit pas. Pourtant, si on se satisfaisait plus souvent l'esprit que l'estomac, je pense que nous irions plus loin, et plus sûrement. Chi va piano va sano, e va lontano, dit-on. Ou Andante, ma non troppo, selon Beethoven. On y revient. Prendre son temps, apprécier. Se dire que ce ne sont pas que 71 pièces de bois de 4 à 7 essences différentes, du vernis, des cordes en métal et une âme nichée dans une caisse de résonance - et je ne parle là que d'un violon. Il faut prendre en compte la diversité des cordes frottées. Se dire aussi que ce n'est pas en frottant une guitare que vous obtiendrez le même son, encore moins un piano (visualisez la scène si possible, moi ça m'a fait sourire).
Alors si vous voulez l'écouter en pensant à tout cela, à toute heure du jour ou de la nuit :
A bon entendeur.
Wednesday 17 November 2010
De l'or raffiné et de l'art brut.
Mon weekend parisien, mis à part l'exposition "L'or des Incas" à la Pinacothèque, une petite expo sur Théodore Monod au Jardin des Plantes, celle plus grande du "Trésor des Médicis" au musée Maillol et le Ballet de Hambourg qui interprétait Parzifal - Episodes et Echo (John Neumeier) à l'Opéra Garnier, fut relativement calme.
J'ai sciemment omis d'inclure dans la liste des choses faites la Halle Saint Pierre (18ème) qui abrite jusqu'au 2 janvier une exposition sur l'art brut japonais ma foi fort intéressante, voire captivante, dans le sens maladif du terme.
Tout le monde connaît l'art brut, donc je n'ai pas besoin d'écrire qu'il a été abondamment décrit par Mister Dubuffet the painter, qui en a inventé le terme, soit dit en passant. Il regroupe tous les gens qui n'ont aucune formation artistique mais qui font quand même de l'art, pour faire simple(iste?). Comme dirait Brassens : les besogneux, les gueux, les réprouvés. Et autres malades mentaux, prisonniers, déficients intellectuels, psychotiques, délirants, internés etc. Tout une ribambelle de personnes qui n'ont pas ou plus trop mis les pieds dans notre réalité depuis un certain temps.
La première fois que j'ai mis un pied (mouillé) dans un musée dédié à l'art brut, c'était à Lausanne. Grosse claque dans ma figure pleine de gouttes de pluie. Dehors, il tombait des trombes d'eau mais il faisait beau comparé à la tempête qui soufflait (souffle encore pour la plupart) dans la tête de ces pauvres âmes.
Celui qui m'a accueilli était ce cher Wölfli, déjà croisé à Vienne alors que je n'y connaissais goutte à l'art brut de décoffrage.
Remarquez qu'il y a de quoi être titillé de la glande esthétique. Surtout par cette figure récurrente (on peut l'apercevoir au centre de ce tableau, et sur les côtés du tableau précédent) qui se retrouve dans tous ses tableaux, dessins etc.
Mais pas de Wölfli à Paris, que des japonais, dont un certain Yuji Tsuji (pas du tout noyé dans la masse des plus de soixante artistes exposés dans la Halle). Ce type, visiblement dérangé, dessine au crayon ou au marker des quartiers entiers d'une ville non pas imaginaire, mais qui se trouve être dans sa tête, en vue aérienne. En voici un exemple :
(Source)
Et un autre exemple :
(Source)
Malheureusement, aucun de ces deux formats ne rend justice à l'incomparable minutie du détail, à l'impression quasi-hypnotique que cette ville existe, que nous avons sous nos yeux le polaroïd d'une ville japonaise lambda à un moment donné de son existence, à cette volonté pathologique de montrer un monde particulier, d'ouvrir une porte sur une âme torturée. J'en ai eu le souffle coupé. Surtout lorsque je me suis penché littéralement sur le troisième ou quatrième tableau de cette série intitulée "Ma ville vue de mon cœur" : il faut voir la précision du geste, le rendu des voies de chemin de fer. Le tout paraît inextricable, mais ce n'est pas comme ces jeux où il faut amener la petite fille avec son panier plein de gâteaux à la maison de sa mère-grand en la faisant passer par le bon chemin, perdu au milieu d'une pelote de fils - non, ici il y a ordre, méthode, perspective, et surtout rien n'est mélangé, comme dirait Thom Yorke : "Everything in its right place".
Je vous conseille, si vous avez un peu de temps et de curiosité (maladive ou pas, il n'y a bien qu'en anglais où la curiosité a tué quelqu'un ou quelque chose - le chat en l'occurrence), d'aller visiter cette exposition troublante (si vous passez par Lausanne également, le musée d'art brut est un must du genre, si ce n'est le best) et pas trop mal présentée. Je regrette qu'il n'y ait pas, à l'instar de Lausanne, de résumé (quasi-clinique parfois) du parcours des artistes accompagnant les œuvres. Toujours est-il que quand on ressort de ce genre de musée, on se dit que ceux qui nous trouvent bizarres ou excentriques ou timbrés feraient bien d'y aller à leur tour. On se dit au final qu'on n'est pas malheureux, qu'on est bien portants et pas fous - et que quelque part c'est dommage parce que du coup on est banals.
Je ne pourrais conclure ce billet sans vous enjoindre, une fois le pied posé dans notre belle capitale encrassée et anonyme, d'aller voir les autres expositions (même celle sur Théodore Monod, car aussi courte soit-elle, elle est située au Jardin des Plantes), surtout celle sur "L'or des Incas" qui vaut son pesant de cacahuètes. Du grand or, en somme. Tout comme le Trésor des Médicis, très bien faite, très fournie en tableaux de maîtres (Botticelli (dont l'Adoration des mages), Fra Angelico, Michel-Ange etc), très détaillée (parfois un peu trop...). Beaucoup de pièces uniques à admirer sous tous les angles, surtout dans le cabinet de curiosité.
Pour finir ce long billet, je vous laisse avec les mots de Baudelaire : "J’aime passionnément le mystère, parce que j’ai toujours l’espoir de le débrouiller." Le Spleen de Paris (1862).
J'ai sciemment omis d'inclure dans la liste des choses faites la Halle Saint Pierre (18ème) qui abrite jusqu'au 2 janvier une exposition sur l'art brut japonais ma foi fort intéressante, voire captivante, dans le sens maladif du terme.
Tout le monde connaît l'art brut, donc je n'ai pas besoin d'écrire qu'il a été abondamment décrit par Mister Dubuffet the painter, qui en a inventé le terme, soit dit en passant. Il regroupe tous les gens qui n'ont aucune formation artistique mais qui font quand même de l'art, pour faire simple(iste?). Comme dirait Brassens : les besogneux, les gueux, les réprouvés. Et autres malades mentaux, prisonniers, déficients intellectuels, psychotiques, délirants, internés etc. Tout une ribambelle de personnes qui n'ont pas ou plus trop mis les pieds dans notre réalité depuis un certain temps.
La première fois que j'ai mis un pied (mouillé) dans un musée dédié à l'art brut, c'était à Lausanne. Grosse claque dans ma figure pleine de gouttes de pluie. Dehors, il tombait des trombes d'eau mais il faisait beau comparé à la tempête qui soufflait (souffle encore pour la plupart) dans la tête de ces pauvres âmes.
Celui qui m'a accueilli était ce cher Wölfli, déjà croisé à Vienne alors que je n'y connaissais goutte à l'art brut de décoffrage.
Remarquez qu'il y a de quoi être titillé de la glande esthétique. Surtout par cette figure récurrente (on peut l'apercevoir au centre de ce tableau, et sur les côtés du tableau précédent) qui se retrouve dans tous ses tableaux, dessins etc.
Mais pas de Wölfli à Paris, que des japonais, dont un certain Yuji Tsuji (pas du tout noyé dans la masse des plus de soixante artistes exposés dans la Halle). Ce type, visiblement dérangé, dessine au crayon ou au marker des quartiers entiers d'une ville non pas imaginaire, mais qui se trouve être dans sa tête, en vue aérienne. En voici un exemple :
(Source)
Et un autre exemple :
(Source)
Malheureusement, aucun de ces deux formats ne rend justice à l'incomparable minutie du détail, à l'impression quasi-hypnotique que cette ville existe, que nous avons sous nos yeux le polaroïd d'une ville japonaise lambda à un moment donné de son existence, à cette volonté pathologique de montrer un monde particulier, d'ouvrir une porte sur une âme torturée. J'en ai eu le souffle coupé. Surtout lorsque je me suis penché littéralement sur le troisième ou quatrième tableau de cette série intitulée "Ma ville vue de mon cœur" : il faut voir la précision du geste, le rendu des voies de chemin de fer. Le tout paraît inextricable, mais ce n'est pas comme ces jeux où il faut amener la petite fille avec son panier plein de gâteaux à la maison de sa mère-grand en la faisant passer par le bon chemin, perdu au milieu d'une pelote de fils - non, ici il y a ordre, méthode, perspective, et surtout rien n'est mélangé, comme dirait Thom Yorke : "Everything in its right place".
Je vous conseille, si vous avez un peu de temps et de curiosité (maladive ou pas, il n'y a bien qu'en anglais où la curiosité a tué quelqu'un ou quelque chose - le chat en l'occurrence), d'aller visiter cette exposition troublante (si vous passez par Lausanne également, le musée d'art brut est un must du genre, si ce n'est le best) et pas trop mal présentée. Je regrette qu'il n'y ait pas, à l'instar de Lausanne, de résumé (quasi-clinique parfois) du parcours des artistes accompagnant les œuvres. Toujours est-il que quand on ressort de ce genre de musée, on se dit que ceux qui nous trouvent bizarres ou excentriques ou timbrés feraient bien d'y aller à leur tour. On se dit au final qu'on n'est pas malheureux, qu'on est bien portants et pas fous - et que quelque part c'est dommage parce que du coup on est banals.
Je ne pourrais conclure ce billet sans vous enjoindre, une fois le pied posé dans notre belle capitale encrassée et anonyme, d'aller voir les autres expositions (même celle sur Théodore Monod, car aussi courte soit-elle, elle est située au Jardin des Plantes), surtout celle sur "L'or des Incas" qui vaut son pesant de cacahuètes. Du grand or, en somme. Tout comme le Trésor des Médicis, très bien faite, très fournie en tableaux de maîtres (Botticelli (dont l'Adoration des mages), Fra Angelico, Michel-Ange etc), très détaillée (parfois un peu trop...). Beaucoup de pièces uniques à admirer sous tous les angles, surtout dans le cabinet de curiosité.
Pour finir ce long billet, je vous laisse avec les mots de Baudelaire : "J’aime passionnément le mystère, parce que j’ai toujours l’espoir de le débrouiller." Le Spleen de Paris (1862).
Friday 22 October 2010
Tailleur de fer
Voici un lien très intéressant, communiqué par une chère hispanique très curieuse.
Allez donc voir à quoi ressemble le travail de Christophe Dumont, tailleur de fer de son état, et fier de l'être (et il a bien raison).
Je ne suis pas trop fan de son "land art", mais pour ce qui est de ses sculptures, j'en reste
1. admiratif
2.subjugué
3. baba
Les photos sont quant à elles très bien prises, mettant bien en valeur les sujets. Un bon site, quoi.
Bon surf !
Allez donc voir à quoi ressemble le travail de Christophe Dumont, tailleur de fer de son état, et fier de l'être (et il a bien raison).
Je ne suis pas trop fan de son "land art", mais pour ce qui est de ses sculptures, j'en reste
1. admiratif
2.subjugué
3. baba
Les photos sont quant à elles très bien prises, mettant bien en valeur les sujets. Un bon site, quoi.
Bon surf !
Thursday 21 October 2010
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I am a man of habits I got to this conclusion because I flash-realised that I am hoping that someone, someday will see the patterns the rou...
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