Monday 22 July 2013

Dent-de-lion



the air is full of clocks' hair
dandelion everywhere
seas of white floating foam
in the fleecy breeze roam
passing through this white fog
gruelling weird glorious slog
time slowed down to a halt
I tread the eerie field
firn under a white vault
concealed in the revealed

Sunday 21 July 2013

Le cheval de Chronos



Nos ihrams sont incrustés de poussière
ainsi que nos barbes, étiolées par la guerre
et par des jours de rationnement.
On abat nos brides sauvagement
car jamais on a vu bête si véloce :
Nous poursuivons le cheval de Chronos.

Trois mois que nous cavalons
sans relâche ; nous laissons les vallons
pour le désert puis la toundra.
Jamais nous ne reverrons Pétra
dans cette course atroce
derrière le cheval de Chronos.

Mais le crottin est frais ce matin
alors on remercie le destin
et on affronte la chaleur du jour
c'est le point de non-retour -
la nuit nous voit tomber sur le colosse :
enfin nous avons trouvé le cheval de Chronos.

Profitant du sommeil équin
On attrape à pleine main
Les testicules du cheval de Chronos
Pour qu'il cesse de cabrer
Pour l'amener à arçonner
Mais il rue et il tue, le molosse.

Un poème en étoile de fond
me traverse tout-à-coup l'esprit
alors que le chevalin typhon
boit mon sang et hennit de mépris :
on n'a jamais vu bête si féroce
que l'infernal cheval de Chronos.

Saturday 20 July 2013

Right between the too


"Laws too gentle are seldom obeyed; too severe, seldom executed."

Benjamin Franklin, statesman, author, and inventor (1706-1790)

Dans la nuit



nous ne sommes qu'un tas de pierres brisées
on nous fait avancer dans la nuit, pieds et poings liés,
les étoiles comme une cascade de tessons de verre
et les orbites noires des fusils nous fixent
avides du moindre faux-pas, gueules de fer,
éclatants tonnerres dans la sorgue d'onyx

le mal s'élance des reins jusque dans nos jambes
et beaucoup ont courbé l'échine si bas qu'ils trébuchent
aucun ne doit tomber car on nous abat comme des bûches
et on nous laisse traîner à même le chemin, sans tombe
ni dernier regard ni même un mot sur un morceau de roche
pour indiquer qui fut fauché-là sans même un son de cloche

alors on avance dans des bruits de chaînes
qu'on finit par ne plus entendre
et l'empyrée à notre passage déchaîne
comme un volcan son nuage de cendres
des millions de braises incandescentes

alors on poursuit notre marche harassante
les yeux rivés sur les pierres de la sente
ou sur la ligne d'horizon cyanescente

on n'a que faire de la beauté en pareil cas
le destin nous paraît pour le moins indélicat
de nous donner à voir spectacle si beau
alors que nos chemises en lambeaux
laissent engouffrer une brise pénible
qui nous fait frissonner tout entier
alors que le soudard irascible
beugle comme un charretier
jure devant dieu qu'il va tous nous tuer
si nous n'accélérons pas le pas

et dans l'aurore à peine née
la foudre sur mon voisin s'abat
le reître vient de tuer mon compagnon
mon maître que je rattrape par ses haillons

mais je n'ai pas la force de lutter contre le mercenaire
qui me fait lâcher prise et qui d'un coup de crosse
me remet dans la ligne qui jamais ne revient en arrière

le jour se lève et éteint doucement le cosmos
les limbes de cette nuit longue et belle et atroce
s'accrochent à nos poings et nos pieds de pierre
cette nuit à jamais constellée de tessons d'univers

Friday 19 July 2013

Chocolate



Who knows what it feels like to have only
one piece of chocolate to eat in a day?
What it tastes when you put it
whole into your mouth
but suck on it, crunch it, bit by bit
and then, in truth,
run your choc-coated tongue,
gooey with saliva, all along your gums?
Wouldn't this smack like the best treat in the world?
You sure wouldn't want to miss the powerful aftertaste
as you delay the drinking of water cold,
as this would irremediably wash off the paste,
the earthy, warm, which-can-discombobulate,
musky, dizzying savour of the chocolate.
Only those whose throat burns when off to bed they go,
Only those whose fridge's whiteness is all aglow,
Only those who did keen hunger undergo
the real taste of chocolate know.

Thursday 18 July 2013

Prince Rupert's drop

I just love science!




Wikipedia says this:

Prince Rupert's Drops (also known as Dutch tears) are glass objects created by dripping molten glass into cold water. The glass cools into a tadpole-shaped droplet with a long, thin tail. The water rapidly cools the molten glass on the outside of the drop, while the inner portion of the drop remains significantly hotter. When the glass on the inside eventually cools, it contracts inside the already-solid outer part. This contraction sets up very large compressive stresses on the exterior, while the core of the drop is in a state of tensile stress. It can be said to be a kind of tempered glass. The very high residual stress within the drop gives rise to unusual qualities, such as the ability to withstand a blow from a hammer on the bulbous end without breaking, while the drop will disintegrate explosively if the tail end is even slightly damaged. (Source)

Some things incomprehensible


"In some circumstances, the refusal to be defeated is a refusal to be educated."

Margaret Halsey, novelist (1910-1997)

Les autres



L'autre soir, le regard perdu dans les étoiles,
Par une de ces nuits où l'obscurité dévoile,
Je me suis fait la réflexion
que j'étais au bout du rouleau.
Plus de surprise, plus d'action,
plus même le goût du boulot.
Plus d'amis ou de sourires, plus de fêtes.
Parfois, autant que tout s'arrête.
On ne veut plus de nouvelles,
même pas savoir ce qui advient d'elle.
Celle-ci est-elle enceinte ?
Celui-ci est-il heureux ?
Pour être honnête,
je m'en fous un peu.

Exilé là depuis si longtemps
comme un lièvre empharé en terre païenne,
j'ai si bien chu en-deçà de la moyenne
qu'il m'arrive de prendre un remontant –
ainsi je ne pense plus,
je n'existe plus
et mes problèmes non plus.

Hier, il a plu.
Je me rends souvent soudain compte
que j'ai passé plusieurs heures
devant la fenêtre, en sueur
surtout par cette chaleur de fonte,
à regarder les gens passer et repasser,
les nuages danser devant le soleil,
et comme si je sortais d'un profond sommeil
parce qu'un corbeau vient de coasser,
je fais le compte des heures concassées
un sourire en coin d'avoir tué tant de veille.

Le peu des autres qu'il reste dans ma vie,
à un comptage manuel je l'ai réduit :
la vieille dame du deuxième, celle dont le chien,
trop pressé ou trop content d'arriver au trottoir,
laisse comme le petit Poucet sur son chemin
des petits jets de pisse sur les murs du couloir ;
puis vient le couple du premier gradin,
ceux qui ont depuis longtemps perdu espoir :
Ils ne font plus l'amour (les murs sont fins)
et s'engueulent du matin jusqu'au soir,
même au téléphone lorsqu'un est au turbin.
Les deux voisins de palier en haut du perchoir,
ceux qui se retrouvent au PMU du coin
pour boire leur ballon de mauvais vin
et finir soûls comme des cosaques, si noirs
qu'ils enchaînent l'un après l'autre les gadins,
viennent achever ce tableau titré « l'Assommoir ».

Alors comment, vous en conviendrez,
faire pour ne pas tous les encadrer ?
J'ai depuis longtemps pris le parti
d'adopter la philosophie de Bouddha :
du moment qu'ils restent tous lambdas
il n'y a aucun risque de psychopathie.
Les autres, un jour, je les verrai de plus près
je le sais, mais ce sera un coup du hasard,
qui facétieusement l'aura bien fait exprès :
j'espère seulement qu'il sera trop tard
et que tous ces humains fadasses, ou à peu près,
auront trouvé leur place au chaud dans le Tartare.

Wednesday 17 July 2013

Dialogue in the woods, where the path branches into a fork, somewhere north of anywhere



“Long have I stared at the path in the wood.”
She asked: “Does it really make any difference?”
“Ultimately, this is of no importance.”
She appeared to muse for a while, then to brood
And replied sharply: “Don't mind me being rude
But I can't stake my fate on inadvertence.
I'd try hard and observe, ponder and conclude.”

“Easily said. On what basis can you found
Your reasoning?” I was a little unnerved.
She glanced left and right and listened to no sound,
Saw but the endarknessed end where the paths curved.
Then she spoke, and such a gruff voice never I heard:
“One should then follow the hound, follow the hound,
For the inner, primal hound's scent never swerved.”

Immobile, her grey gaze bore straight into mine.
I stood there with her for what seemed an age
And each second felt like a whole new stage
And hot and cold chills thundered along my chine.
In time I saw her stare fall and her head incline,
On her mouth a pain no word could assuage:
“In the past, you'd no trouble reading the sign.”

And with that same husky voice she fell silent,
And left me where the path splits into a fork.
I sat exhausted beneath some gnarled giant.
The trees the howling winds seemed to bend and torque,
And in the stifling stillness I could see no mark.
Yet all of a sudden the feel of the bark
Stirred some unknown strength in me and defiant
I bounced up and ran softly into the dark.

Tuesday 16 July 2013

Les harpies



Les harpies planent en cercle sous un ciel de coton
Leurs cris me parviennent dans un souffle de vent
L'air chaud à trancher au couteau
La sécheresse fait craindre le feu de brousse
Dans chaque buisson des criquets bruissent
Et cavalant comme des folles là-haut
Elles jouent à se jeter de serre à serre le corps d'une enfant
Leurs sordides gloussements me donnent des frissons.

Les voilà caquetant, la mère implorant,
Mais l'on ne retrouvera rien, pas même du sang,
Ou seuls de fins lambeaux de vêtements
Voletant dans l'air nébuleux du matin
Qui témoigneront encore quelques temps
Du passage des harpies sous un soleil de satin.

thirty thousand people

The day was torn and grim birds yet began to sing as if they knew nothing’s eternal and old gives way to new that man, one day, will fall t...