Sunday 13 September 2009

Plaine vélique

– Silence des feuilles malgré le boréal –
La plaine ocre du soir sous l’empire du souffle
S’est immobilisée dans l’haleine hiémale –
– Rien n’évolue ici ; même le temps s’essouffle –

Le vent, rien que le vent dans les statues de sel
Jonchant simple fétus le sol dur tels les cœurs,
Le vent, plus que le vent figeant le triste ciel
– Plus d’amour, de peine ; plus d’envie ou de peur –

Régisseur d’espace, profileur d’horizon.

Un seul son entendu dans le morne éthéré :
Le râle déchirant, la lente exhalaison
De l’oraison du vent ratissant de ses rets

Invisibles les mers des hommes, et la plaine –
Voilà pourquoi ce vent m’emplit de tant de peine.

Le visionnaire dans l’ombre d'une cave

Délateur grandiose amené dans le sombre
Par ses mots délicats émergés de l’obombre,
Le voici croupissant dans le fond d’une cave :
Il est bien Ezéchiel, l’homme à la voix si grave.

Amené en terre de la page inhumée.

Proclamé régisseur de la voix de Dieu –
Nautonier cénotaphe anonyme exhumé,
Et bien plus ; Ezéchiel, fatigué et vieux,
Expire silencieux de l’incompréhension

Des hommes ; le message est passé sans passion.

L’impétus des verbes étranglé dans les gorges
Par le fer ambiguë né du noir feu des forges.
Regrettant ses visions se lamente Ezéchiel –
Tant d'hommes insensés – il contemple le ciel
Du caveau infâme, et d’un coup, il pardonne.

Friday 11 September 2009

Monsieur Virgile #1

     « Mmmh, ce dont vous avez besoin…c’est d’un bon Queneau. Pourquoi pas Exercices de style ? Vous m’en direz des nouvelles. » A ces mots, il extirpa d’une étagère en hauteur, perché en équilibre du fait de sa petite taille sur une échelle de bois patiné, un ouvrage neuf à la couverture luisante. « C’est une belle édition, vous verrez. Vous vous sentirez beaucoup mieux ensuite. Pour le retour, glissez simplement l'ouvrage dans la boîte qui se trouve sur la porte d'entrée. Au revoir, madame. » Il l’emballa dans un sac en papier marron. La dame, visiblement satisfaite du diagnostic et du traitement, posa l’appoint sur le comptoir vieilli puis poussa la porte de la boutique. La clochette tinta à l’ouverture puis, doucement, comme cherchant à reprendre son souffle, tinta sourdement à la fermeture. Le vieil homme se pencha sur un immense livre. « Mmmh, madame Désibert ne devrait pas tarder. Elle a lu tous les Hugo…mmmh…peut-être que Borges en traduction lui irait…ou alors du Chateaubriand si elle n’aime pas la médecine étrangère. » Du bout des doigts il prit une plume, la trempa dans un encrier et inscrivit d'une main sûre la prescription qu'il venait de délivrer, le nom de la cliente, la date et le prix. Il tira ensuite un trait, proprement, en prenant garde que l'encre ne bave pas. Il leva les yeux, scruta la rue derrière la vitre. Des années qu'il regardait ces mêmes pavés, ces mêmes passants lui semblait-il. Le monde n'allait pas mieux. Il sentait la douleur, sourde, vibrante, du monde. Tout autour de lui se trouvait la solution – ou plutôt les solutions – chacun la sienne. Il y avait forcément une solution, parce qu'il y avait problème. Chaque livre ici il l'avait lu, l'avait patiemment répertorié pour tel ou tel problème. On venait le voir de loin, de très loin parfois, pour se faire soigner. Il prodiguait conseils et sourires, délivrait ses prescriptions, réconfortait, racontait, à l'occasion, des anecdotes ou des histoires. On l'écoutait avec attention, monsieur Virgile.
     Du doigt il passa en revue la liste des personnes susceptibles de venir. Non, plus personne à part madame Désibert. Seul le hasard pourrait faire entrer quelqu'un d'autre aujourd'hui. Il faisait gris. Les gens passaient, engoncés dans leur manteau au col relevé, la mine maussade. La rue fut passante, autrefois. La zone commerçante s'était étendue, les gens s'étaient créés d'autres besoins, donnés d'autres priorités. Mais en fin de compte son activité avait beau avoir ralenti, le bouche à oreille fonctionnait toujours. Et puis il y avait les habitués, et les récalcitrants. Ah, s'il n'y avait pas ceux-là...il – quelqu'un arriva du coin de la rue et semblait chercher son chemin. Ce n'était pas madame Désibert, elle était plus...La personne leva la tête, s'avança. Il vit la femme rentrer, tenant la main de sa fille. Elle ne devait pas avoir plus de neuf ou dix ans. Ce n'est pas qu'il n'aimait pas les enfants, mais bon, ça ne se soignait pas de la même manière que les adultes. Ce qu'il fallait avant tout, c'était les éduquer. Bien entendu, il avait les livres pour ça, pour les enfants et pour les parents. Celle-ci avait un bandage sur l'œil droit, derrière des lunettes aux montures rouges un rien trop voyantes. Sa mère se présenta comme ayant de violents maux de tête. Classique.
« Tellement que ça me réveille la nuit.
_ Ah? Bon, je ne pense pas qu'il faille s'inquiéter outre mesure. Vous lisez souvent?
_ Euh...eh bien en fait, je, je n'ai pas trop le temps, avec le travail, ma fille...
_ Vous savez que je ne peux rien pour vous si vous ne prenez pas le temps de vous soigner.
_ Oui...je, c'est une amie qui m'a dit, je ne pensais pas –
_ Écoutez, il n'y a pas de mal à essayer. Vous verrez. Je vais vous donner une édition facile à lire, pas trop encombrante et assez rapide. Juste une question: quel genre de livre préférez-vous? » Il baissa les yeux, se concentra sur les informations qu'il inscrivait, bien droit, sur une seule ligne. Il attendit quelques instants puis, devant le mutisme de la femme, il releva la tête.
     « Quel genre de – »
     Il ne vit pas le visage cramoisi de la mère, mais aussitôt ce fut l'absence de la fillette qui lui sauta aux yeux. Il tourna la tête vers le fond de la boutique. Rien. Il fit le tour du comptoir.
« Hélène! Viens ici! Je suis désolée, elle n'a touché à rien j'en suis sûre. Hélène! » Il trouva la fillette au beau milieu d'un rayon. Elle avait le bras en suspension dans l'air, le doigt touchant presque l'un des volumes. Il sentit son pouls s'accélérer subitement. Elle rougit, devint écarlate, presque autant que la monture de ses lunettes. Elle baissa la tête et s'avança. Passa devant lui, sous son regard sévère. Il n'aimait pas que l'on fouine, que l'on furète. Il retourna au comptoir à la suite de la fillette. La mère se confondait en excuses, était devenue de la même couleur d'andrinople que sa fille. Il n'écoutait pas, repassa derrière le comptoir. Il s'arrêta net. Il avait dû poser sa plume trop vivement pour aller voir où se trouvait la petite. Peste. Il y avait trois gouttes, oblongues, nettes, se détachant nettement sur le blanc un peu passé de la feuille. C'en était trop.
      « Madame, je vais vous donner le titre de l'ouvrage qui vous soignera, puis je vous demanderai de partir. » Il prit un longue inspiration. « Lisez L'écume des jours, de Boris Vian. Les maux de tête ne cesseront pas tout de suite, il faudra que vous attendiez les deux-tiers du livre pour constater une amélioration. Si malgré tout rien ne s'arrange, je vous prierai de vous tourner vers la médecine conventionnelle. Au revoir madame. » A ces mots, il tourna les talons et fit mine de s'occuper avec la couverture d'ouvrages à réparer. Il entendit, après quelques instants, le double tintement de clochette. Il soupira. Il avait su garder son calme. Après tout, ce n'était pas si grave. Et puis si, justement. Elle lui avait fait perdre le fil et il avait taché son grimoire à cause d'elle. Elle avait pourtant un joli oeil bleu.

Pluies vues par la fenêtre

Thursday 10 September 2009

Thrène

Garde mon souvenir lorsqu’en des jours lointains
Tu verras l’avenir dans l’oubli de tes mains,
Tu verras les demains dans le marbre porphyre
De ce tombeau serein désormais mon empire.

Lorsqu’en des jours lointains, gardant mon souvenir,
Voyant le feu éteint de mon las devenir,
Un large sourire sur tes lèvres carmin
Seul devra m’écrire les mots de ton chagrin.

Peut-être que demain on ouïra retentir
Le sanglot du tocsin annonçant mon périr

Mais rien ne doit franchir le seuil de tes yeux bruns,
Ni larme, ni soupir de tes lèvres nadirs
Car je mourrai très loin dans le royaume éteint
Durant des jours lointains parmi tes souvenirs.

Wednesday 9 September 2009

Monographie

L’agitation vaine de ces quelques heures
ploient les fleurs d’herbe assoupies
sur les quatre-vingt vents polymathiques

des hommes et des femmes de papier

que nous sommes au bord du drame
langagier des voies mortes ou éteintes
L’homme est foncièrement hors de propos
En fin de compte rien n’est acquis

Ce que la mer ne reconnaît pas
elle l’abandonne au sable du rivage

laissé à notre médiocre disposition
faméliques charognards oublieux de la raison
par les dimensions enconstellées comme autant
de myrmidons

L’homme
n’a de destin hors l’ombre
hors la poussière lierreuse des ans

Nous avons bien peur que cela soit nos limites

Ultimes pantomimes silhouettées dans la brume
les paupières ruisselant de crachin
ou bien est-ce de chagrin universel
ou la joie d’être – néanmoins transients –

argile primordiale aux pieds d’airain scellés au sol

Aux pleurs d’une mère perdue
Aux vêpres d’une enfance sacrifiée
En l’autel de l’atavisme

hagiographie des Terribles

Rien de plus ou de moins qu’une somme
infinitésimale d’atomes X Y Z et T

qu’une chair frissonnant sous la rosée estivale
sous le feu réchauffant une engelure
une gorge déployée par le rire idiot
par l’oreille sourde aux appels de fausset

L’homme est né hypocrite et meurt solitaire

L’amour ne se peut plus au fur du
ressentiment de l’injustice

gnomon des idées massacrées par le fait
baromètre social de l’instabilité du temps

Il n’y a pas de construit plus social qu’un point à la ligne

se substitue à la peur de n’être plus
dans le sens de la marche d’une ellipse
tronquée d’une boucle lacée autour d’un hiatus

méconnaissable en regard glacé d’une pupille
noire béante dans laquelle tout
devient un néant de plus
dérivant en un espace creux
fluide et clapotant telle une rivière en furie

L’homme s’embarque sur la crue
pour y sauver non des rameaux
des hommes monstres d’indigence

pourris de hargne, d’envie, de fatuité
indignes de malchance

plèbes charnues défilant en moëbius

restes étiolés de voyageurs traînant la semelle
sur le tranchant des pierres jonchant
les sillons symboles de l’utilité
à mauvais escient édictée par la main lippue

par la bouche avide de puissance cornucopéique

Le ciel, lui, défile ses nuages sans consigne
La pluie décerne ses couronnes d’argent
Le pied-de-vent étire en silence son arc-en-ciel

Le sang coule sur les plaines et rouille les ramures
Les minutes s’égrènent eu égard à la photosynthèse
Les agonies râlent dans les poitrines ouvertes

Bientôt la mousson fertilisera les plaies
temps bénis de placidité

pourtant l’ennui maîtrise tout en ses tentacules.

The man made of haiku

#1
a bent head
lying on the side of a breastbone
sweating under the rain

#2
a left foot
supporting a bleeding right foot
limp and in the shade

#3
a left hand
spasms running along its fingers
end protruding

#4
a right hand
at long last still as if dead
motionlessness

#5
wind blowing wildly on the skull
wild hair
the mound wet with rain

#6
carving through skin and flesh
remnants of voyages
unpared toenails

#7
mighty and mysterious
a shiny veiny left biceps
bemutes the ages

#8
as one of us
shivering under the angry cold stars
right elbow

#9
muscular thighs
remember adventures and fights
and sloughy darkness

#10
deeply scarred
by the damp, black, erect, thorny hair
the sad, white forehead

#11
raindrops
falling by thousands on the showing rib
soothe the blood

#12
intolerable beauty
in the delicate fold on the neck
omphalos of the world

#13
anonymous hands
piercing through and through and again
doubts and agony

#14
words banging on the
wooden carcass of the mouth
parched with thirst and glory

#15
unbeknownst to them
the sad immobility
undeciphered

#16
imbecile man
not yet dead waiting for what
– stop their agony –

#17
betrayed and naked
the lame man is leaving an
empty cenotaph

#18
beyond the words is
what this here lonely man feels
and the key to all riddles

#19
The cicadas’ cry
forgotten images of childhood
forgotten to the world

#20
the thrush’s song
in the clear resounding morning
he suddenly remembers

#21
the large cut on his
flank bleeds and bleeds and bleeds
water like Pegasus’ spring

#22
The hammered nail
Ignores bones tendons veins and blood
Wood only stops him

#23
Sweatbead, tear, rain, lymph
Wound-precipice
Shame and honour

#24
to endure as sole commandment
nothing to worry about
but the rain

Wednesday 2 September 2009

Les résignés

Frêle esquif transi dans la cohorte des vagues ;
Les rames dégondées depuis presque deux jours ;
L’horizon que rien hormis les lames n’endaguent ;
Les cieux furieux dont rien n’esquisse le contour.

On cherche l’espoir derrière chaque vague,
Un bout d’atoll qui ne serait pas un écueil ;
Les bastaings que les crêtes en fouettant élaguent
Craquent sinistrement comme un vieux cercueil.

Eperonnée dix fois, et bientôt mille fois,
Notre birème nue que mille rouleaux rague
S’éboule sous les eaux d’un titanesque poids ;
Et nous accrochés à quelque débris qui vague,

Nous attendons que la tempête enfin se calme,
Ou que la mort soit plus clémente avec nos âmes.

With the End Suddenly in View

Pull down a curtain over the bright sun,
Cover your ears to the boys having fun,
To the unstoppable ticking of time
For one is dead of a slayerless crime.

Leave your best suit where it is in the press,
Leave out the hoover and don’t mind the mess,
Feed the cat, feed the dog, water the plant,
Have nothing in your mind but your dead friend.

Leave this day’s mail lying dead on the floor,
Make sure the bell rings on a lockéd door,
Sit down, take a drink, the night will be long
And whistle softly your friend’s favourite song.

Now imagine the Sundays without him
– Cry once and for all if that is your whim –
But the steam-streakèd sky’ll still see the sun
And the young children will still have some fun.

But today is a black and mournful day.
For your friend didn’t have the choice to stay,
For your old friendship has come to an end
Without your having time to shake his hand.

Eyelid and coffin lid shut together
For both of you: he mourned and you mourner:
In his wooden box your friend dies again,
Others hide behind dark glasses and pain
– Let no one cry aloud that he is dead,
For no sound must reach your friend’s final bed.

Tuesday 1 September 2009

L’envol du héron

L’envol du héron, alerte et mesuré,
Délie l’aube carmin et dorée
De la cyphose instinctive de son cou
Les glèbes ravagées de l’Anjou.

Le vol du héron, tranquille et désolé,
Cadence et prend le matin de lait
Du métronome de ses ailes d’ankou
Les étangs silencieux du Poitou.

Le héron, posé parmi les roseaux noirs,
Observe les eaux de sa hauteur ;
Ces eaux de boue qui ne sont pas des miroirs
Renferment l’octroi de ce pêcheur.

Ce héron, son œil et son bec meurtriers,
Fend les vagues comme des couteaux ;
Son plumage gris-blanc tel le ciel strié,
Chinant son pain maillé d’oripeaux.

Les nuages pèlerins du bleu atlas,
Comme les feuilles du néflier
Sous la bruine, que même le temps n’efface
Ne perçoivent la mort se déplier
En un éclair jaune que rien ne surpasse.

Le héron, monarque des eaux et des sables,
Délaisse les rives criardes de mouettes
Et plus solitaire que l’aigrette
Renie le mitan de ses semblables.

Sis solitaire au centre du champ aqueux,
Le héron du paysage en peine
Féodalise les univers dès que
Son essor est pris pour la Touraine.

Ses ailes protéennes battant le temps,
Encyclent la mesure des choses
Et permettent tous les recommencements
Comme la poussière se dépose.

Mais ce roi tisserand rejoignant ses cendres
De son dernier envol de décembre
Enseigne son chant fait de silence aux astres
Pour y perpétuer l’ode du désastre,

Pour faire vibrer l’empreinte de son passage
Parmi les touffes de roseaux sauvages –
Pendant ce temps-là, sur l’horizon de verre,
Vibrent les lourdes vagues de fer.

Entretemps l’homme n’y va pas de main-morte…–…
L’agonisant héron dans la rouille…
Ses plumes ravagées par la houille…
Solitaire se souvenant des cohortes –

Aucun de ces lents moments de honte
Que l’homme vit en son quotidien morbide
Le héron n’a ; ni veule pitié ni -cide ;
Immobile en les eaux de la sente.

L’échassier attend tellement de la pluie :
Qu’elle essuie les collines de leur ennui,
Qu’elle lave le fleuve des morts :
Qu’on reparte du zéro du sort,

Mais la pluie vient mais la pourriture reste
L’eau coule et le cycle continu
Car l’homme est bien pire que sa peste
Et le héron vole dans les grises nues.

Le héron, moëbius volant, blanc amibe,
Grand appropriateur des vivants,
Gaņeśa de l’existence, impavide
Oiseau terni de mille tourments,

Combien te faudra-t-il donner de tes plumes
Pour étancher nos soifs d’écrire le mal ?
Croupit cependant au fond du val
Ton cadavre enveloppé d’écume.

L’œil du héron, gouffre infranchissable,
Orbe l’espace entre les ourlets du monde,
Exténue les sables périssables
Des hypogées que sont nos bauges immondes.

L’œil du héron, invincible cataracte
Où tout se détend et se rétracte,
Décompacte le phlogiston des mirages,
Terrifie les vils freux noirs d’orage.

Tout ce qui vient et tout ce qui meurt
Depuis les millénaires des millénaires
Et les monocellules de fer,
Tout ce qui tient et tout ce qui est fait d’heure
Se forme dans ce si clair iris
Né prémat d’une béante cicatrice.

Cet œil, nous ne savons pas que nous l’aimons.
Nous les hommes de varech et de limon.

Cet œil, nous ne savons pas que nous l’aimons
Et nous le prenons pour un démon,
Incapables que nous sommes de n’y voir
Rien d’autre que notre désespoir.

L’œil indescellable du héron de cendres,
Simple point d’unique constellaire,
Erre lente inscrite en une autre aire,
Tout cela l’insolite comète engendre.

Ce hiéroglyphe qui perce le secret
– Ce secret qui gonfle nos poumons –
Bâtit forcément un secret plus épais
Plus abject que du goémon.

Et le héron, délaissant parfois les eaux
Pour les plaines herbues de la terre,
S’en va soustraire ses tristes os
Aux yeux des hommes qui commandent l’enfer.

S’en va se dérober au destin de plomb
Qu’administre la bêtise humaine –
Nous qui voyons ce héron dans l’aquilon
Pouvons-nous oublier notre haine?

thirty thousand people

The day was torn and  grim birds yet began to sing as if they knew nothing’s eternal and old gives way to new that man, one day, will fall ...