Friday, 8 September 2017

La Marche


A couvert du murmure des ramondies
l'ombre du vent louvoie l'air de rien
entre les pierres chaudies d'après-midi
obombre les fourbes ophidiens.
Intranquille, l'enfant suit son père,
foule sa foulée, comme instruit ;
il suit son regard aux cieux,
mimant l'inquiétude, mais curieux
des signes décryptés par son père –
Regarde bien, c'est un jour de vipère,
les nuages ne mentent pas comme
le font si souvent les hommes –
la marche alourdie, pesante,
est aussi un signe de serpent.
L'air est sifflant, touffu, crissant au toucher.
L'ombre de l'enfant dans l'ombre paternelle
frémirait si elle avait des ailes –
l'envie d'empoigner cette énorme main calleuse,
cette pogne pleine d'une volonté féroce,
est si forte qu'elle en noue sa gorge –
mais le colosse au cœur de roche veille,
il sent la peur de son enfant qui le suit
couler comme la lumière sur la treille,
il avance comme son père avant lui –
sa bouche est pâteuse comme après l'hostie,
pourtant il est plus confiant à suivre son père
que le berger des grandes eucharisties,
dans le sillage de l'idole aux pieds de fer,
de battement de cœur en battement de cœur,
la peur un poids qui sale les perles de sueur.
Et en un instant,
l'herbe n'est plus herbe, le champ devient ciel,
le ciel devient champ devient herbe
devient le soleil seul œil à ne pas cligner
devient le chant oppressant des criquets
suspendu ou accompli
l'horizon aboli
un pas après l'autre,
un pas devient l'autre,
un éclair, peut-être noir, peut-être bleu
divise soudain le vaste monde en deux.
 

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