Il
fait froid. Nous grelottons. La nuit d'acier broie nos âmes
Le
vent cisaille notre peau, gerce nos lèvres,
Nos
ombres courant sur les murs sont des origami
Pliages
courbant l'échine
Nous
aurions pu avancer fièrement
Avec
un peu moins de malchance
Car
nous ployons sous les croix des drames
L'acier
des couteaux luit dans les réverbères
Celui
des canons est de la matité de la nuit
Celui
des regards comme une braise va s'éteindre
À
demi-morts, à demi-nus, à demi-mots
La
gêne s'installant de se voir ainsi dépouillés
Il
n'en fallait pas plus pour détourner les yeux
Nos
mains en coupe protégeant des œillades notre entrejambe
Exposés
dans des cages de verre et d'acier
Sur
les photos de mariage nous sourions, pourtant,
Alors
l'acier nous nourrissait
À
présent il nous a désappris à sourire
Il
a tranché dans le vif des clichés
Le
feu a équarri, le vent abattu, la mer nivelé,
Mais
c'est l'acier qui a enseigné les plus grandes leçons
On
ne referme pas aussi facilement ses entailles
Agélastes
par le seul fait d'un couteau mis sous la gorge
Le
jour si présent par nos paupières amputées
Amputée
notre masculinité, notre féminité
Bafoué
notre droit de respirer
Voilà
des années que nous sommes en apnée
Alors
que nous ne demandions qu'à être pendus haut et court
Nous
ne demandions qu'à avoir la gorge tranchée d'un trait
Pas
que nous renâclons à souffrir
Mais
c'est l'attente qui nous chiffonne,
C'est
l'acier qui rugine, qui équarrit, qui ruine
C'est
sa capacité à surprendre les chairs encore fermées
À
s'y frayer un chemin alors qu'on respire encore.
L'acier,
dans tous ses usages, fait frémir.
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