Monday, 19 July 2010

Imuhagh


Notre sein comme un désert de sable et de pierres –
Pas même un lichen pour couvrir les flétrissures de sécheresse.

Marcher longtemps et loin pour puiser un peu d'eau pure
En lisière du monde vivant, où la vie est plus propice,
Puis s'en retourner, la soif étanchée jusqu'au cœur,
Et des libations jusqu'à la prochaine prière.

Le matin exhale pourtant sa diaphane écharpe de brume
Pendant quelques instants – assez pour que le corps s'en imprègne –
Car oasis ici est un mot sans définition aucune –
Avant que l'ardent du soleil ne vienne
Écraser tout ceci de sa chaleur de solstice.

Ici nous portons habits de couleur de deuil
Et le thé nous brûle les doigts et les lèvres.

Nous assurons la pérennité de la race humaine
Là où l'homme justement ne pense plus à chercher,
Là où l'homme ne pèse pas plus que la pierre,
Pas plus que le sable ou le vent ou l'absence ;
Où la dextérité commande et fait loi,
Imposée par la plus grande vigilance.

Ici, où il n'y a rien et où rien ne manque.
Peut-être y a-t-il eu de la vie dans cette aridité –
Et les coquillages trouvés alors que
Nous fouillons le désert pour enterrer nos morts,
Semblent aller en ce sens – mais pourquoi devrions-nous les croire?
Nous nous bornons à les mettre sur les yeux des défunts –
Traçant ensuite des signes compliqués à même le sable
Pour nous souvenir du lieu, de l'homme – et l'oublier.

Nous besognons l'horizon des roues de nos charrues
Et entre les parallèles des traces celles des pas de nos mules.

Le solitaire parfois cherche la dune mugissante
pour y reposer ses mains lourdes de détresse.
L'amoureuse cherche la dune muette
Pour y enfouir ses baisers au témoin du couchant.
L'enfant y joue et y trouve les djinns de sa jeunesse.
Le vieillard les voix du passé, l'homme celle de l'avenir.

Nous cherchons les qanats, en vain, sur des routes sans cartes,
Trompés par les Fata Morgana dirigeant nos regards
En larges courbes par-delà l'horizon.
Loin des grandes tribulations, nous traçons des routes éphémères,
Sous la bure d'un ciel sans nuage incendié de soleil.

Et ce vent que rien, pas même nos corps, n'arrête.

Et nos pas, échos venus du fond des âges.

Robustes quêteurs des distances,
Nous sommes différents de vous,
Car contre vous en errance,
Nous connaissons notre voie.

4 comments:

  1. Une mère agitée19 July 2010 at 23:28

    C'est vraiment très beau.
    Merci...

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  2. Il faudrait créer un recueil de tous ces magnifiques poèmes ! Continue de nous faire rêver, penser, réfléchir !

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  3. Chab, tu es la troisième personne à me le dire! Le recueil est en route, "déposé" par mail aux Éditions Al Dante. Réponse dans six mois minimum. On verra bien!

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