Saturday, 21 January 2012
Friday, 20 January 2012
Ici
« Ton
ici est mon ailleurs, »
dit
le voyageur,
à
celle dont le cœur,
épris,
pleure.
Et
sur l'heure,
elle
sourit.
« Je
suis ici et ailleurs, »
dit-elle
sans pudeur,
à
celui qui vit,
sans
heurts,
là
où l'on meurt,
puis
revit.
« Voyageur,
je
te suis ici. »
Thursday, 19 January 2012
Perhaps I will be an enchanter too, one day.
"In a library we are surrounded by many hundreds of dear friends imprisoned by an enchanter in paper and leathern boxes."
Ralph Waldo Emerson, writer and philosopher (1803-1882)
Wednesday, 18 January 2012
Cathédrale St-Pierre-et-St-Paul de Nantes
Figure de la Justice, statue d'angle du tombeau de François II, dernier Duc de Bretagne, et de Marguerite de Foix, mère d'Anne de Bretagne
Figure de la Prudence. La tête du vieillard se situe à l'arrière de la tête de la statue. La Prudence tient un miroir pour mieux se connaître, le visage du vieillard symbolisant les années passées, la sagesse et l'expérience. Noter l'utilisation des cheveux pour faire la barbe...ou l'inverse.
Pas grand-chose sur cette stèle...des amateurs éclairés ?
Christ en croix déposé.
J'aime beaucoup l'escalier en colimaçon ajouré.
Les deux battants des portes. Des plaques rappellent les dates de décoration (et de pose ?) des portes: 1481
Ou comment se choper un cancer des poumons en faisant les poussières
The cathédrale.
A handful of opinions on solitude
"I owe my solitude to other people."
Alan Watts, British writer, philosopher and interpreter of Eastern philosophies (1915 - 1973)
"The worst solitude is to have no real friendships."
Francis Bacon (which one? Does anyone know? I lean towards the philosopher...but nothing's certain.)
"Writing is sweat and drudgery most of the time. And you have to love it in order to endure the solitude and the discipline."
Peter Benchley, American writer and father of Jaws (1940-2006)
"La tristesse vient de la solitude du coeur."
Charles-Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, moraliste, philosophe et écrivain (1689-1755)
Tuesday, 17 January 2012
Prayers
"I prayed for freedom for twenty years, but received no answer until I prayed with my legs."
Frederick Douglass, Former slave, abolitionist, editor, and orator (1817-1895)
Monday, 16 January 2012
How many times have I told my students that they could shape the OED?
"Language is not an abstract construction of the learned, or of dictionary makers, but is something arising out of the work, needs, ties, joys, affections, tastes, of long generations of humanity, and has its bases broad and low, close to the ground."
Noah Webster, lexicographer (1758-1843)
Sunday, 15 January 2012
Nyenasuma
Leaving
never is a more beautiful landscape than when the foot treads the
first acre of an unknown path. We discover ourselves under the rain
and the phosphorus, paying attention to the language of the wind. The
smell of the days of sunshine mottles our face, never to disappear.
Nyenasuma is etched inside of us, while we turn round to see
our footsteps carved in the sand.
We
seek wisdom in the salt of the lakes, and the nostalgia of the shrubs
catches up with us. We walk, because we do not want to do anything
else. Because we cannot do anything else. Because we do not know what
else to do. A stride cannot be etched into stone.
We
cross entire fields of women-trees erected by centuries of doom.
These are evil mothers, but they are bloodthirsty only because they
have been cursed. The child suckling on their breasts does not leave
any footprint in the snow, for the spider is posted at the fringe of
the mountains. As for us, we do nothing but take note of this natural
phenomenon, filling our gourds with fistfuls of snowflakes. Here is
the nyenasuma whom some call, with restraint and a slow gaze,
hiba hati.
There
is no frolicking here, for the falcon is on the lookout, and sharpens
its gaze on the edge of the mountains. Twining round balls of hair
which it mistook for the branches of a dwarf beech.
Once,
one of these women-trees was a young woman. She used to wear a green
felt coat, buttoned-up to the chin. She was carrying one of these
very discreet leather handbags. Every time a man sat in front of her
in the train, she used to present the oval of her face only. Averted
her eyes she always did, slowly. Even though she smiled. Ever so
faintly, right about enough for the men to notice it, but not enough
to carve a dimple in her cheeks. Yes, perhaps was she sad.
There
existed a sky devoid of aerial lines, but it is nowhere to be found
now. At present we have to leave, regardless of what appears in these
grey skies, grey with frost. We must leave this field of silence
before it becomes our sojourn. Our fate is to leave the beings to
theirs. And to walk as far as our heart allows it, before it turns to
stone so that it would best dwell somewhere it belongs, because it
will have elected this place in full knowledge of what is elsewhere,
which will henceforth bear the proud name of 'home'. Our gaze will,
then, shine with the things discovered, without hesitation, even if,
ultimately, it will, with an infinite slowness, stumble upon the
footprints in the sand and the trail of the falcon.
_______
Nyenasuma:
sadness, nostalgia (literally 'slow gaze') in Bambara (language
spoken in Mali, Burkina Faso, Côte d'Ivoire/Ivory Coast, Gambia,
Mauritania, Senegal)
Here is one of the paintings which, among others, inspired this poem:
Giovanni Segantini, Le Cattive Madri (The Evil Mothers), 1894
Nyénasuma
Partir
n'est jamais un plus beau paysage que lorsque le pied foule le
premier arpent d'un chemin inconnu. On apprend à se connaître sous
la pluie et le phosphore, attentif au langage du vent. L'odeur des
jours de soleil tatoue des marbrures sur nos visages, à jamais.
Nyénasuma se grave en nous, alors que nous nous retournons
sur nos pas inscrits dans le sable.
On
cherche la sagesse dans le sel des lacs, et la nostalgie des halliers
nous rattrape. On marche, parce qu'on ne veut rien faire d'autre.
Parce qu'on ne peut rien faire d'autre. Parce qu'on ne sait rien
faire d'autre. Une foulée ne se grave pas dans la pierre.
On
traverse des champs entiers de femmes-arbres érigés par les siècles
de malédictions. Ce sont des mères cruelles, mais qui ne sont
sanguinaires que parce qu'elles ont été maudites. L'enfant se
nourrissant à leurs seins ne laisse aucune empreinte dans la neige,
car l'araignée est apostée à l'orée des montagnes. Nous, nous ne
faisons qu'observer ce phénomène naturel, remplissant notre gourde
avec de pleines poignées de flocons. Voici le nyénasuma que
certains appellent, du bout et des lèvres et le regard lent, hiba
hati.
On
ne batifole pas ici, car le faucon guette, affûte son regard aux
arêtes des montagnes. S'enroule dans des pelotes de cheveux qu'il
avait pris pour des branches de faux.
Jadis,
l'une de ces femmes-arbres fut une jeune femme. Elle avait pour
habitude de porter un manteau en feutre vert, boutonné jusqu'en
haut. Elle portait un de ces sacs à main en cuir très discret.
Chaque fois qu'un homme s'asseyait en face d'elle dans le train, elle
présentait seulement l'ovale de son visage. Elle détournait
toujours le regard, lentement. Même si elle souriait. Un sourire si
ténu, juste assez pour que les hommes le remarquent, mais pas assez
pour creuser des fossettes dans les pommettes de ses joues. Oui,
peut-être était-elle triste.
Il
exista un ciel dénué des sillons aériens, mais celui-ci demeure
introuvable de nos jours. À présent il nous faut partir, quoi qu'il
s'affiche dans ces cieux gris de givre. Nous devons quitter ce champ
de silence avant qu'il ne devienne notre logis. Notre sort est de
laisser les êtres au leur. Et de marcher aussi loin que notre cœur
le permet, avant qu'il ne se change en pierre pour mieux résider là
où il se sent chez lui parce qu'il aura élu ce lieu en toute
connaissance de ce qui se trouver ailleurs, et qui dorénavant
portera le fier nom de 'foyer'. Notre regard, alors, brillera des
découvertes, sans hésiter, même si, en fin de compte, il
trébuchera avec une infinie lenteur sur les traces de pas dans le
sable et le sillage du faucon.
_________
Nyénasuma :
tristesse, nostalgie (littéralement « regard lent ») en
Bambara (langue parlée au Mali, Burkina Faso, Côte d'Ivoire,
Gambie, Mauritanie, Sénégal)
Voici l'une des peintures qui m'a inspiré pour ce poème, mais pas seulement :
Giovanni Segantini, Le Cattive Madri (Les Mauvaise Mères), 1894
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