Monday, 25 June 2012

Undómiel



La première étoile du soir brille devant moi et je ne peux suivre son cap,
Non pas que les nuages l'obscurcissent à ma vue;
La nuit est claire, l'horizon dégagé.
Les lames éperonnent le navire dont je suis le capitaine,
Mais il n'y a aucun vent; nos voiles semblent des suaires.
Mes instruments ne réagissent pas au contact de l'astre.
Elle jette ses lumières mordorés à la face du monde,
alors qu'au dehors, la nuit terrifie les plus courageux.
Comme si, pour une fois, elle aimerait
Que l'on suive un cap autre que le sien.
Elle ne sait pas qu'elle n'y en a pas d'autres.
Alors elle aveugle, désoriente, fait douter.
Tout le monde sur le pont susurre, de peur d'éveiller
Quelque malédiction enfouie dans les eaux noires.
Il y a comme un grand vide autour d'elle qui ne s'explique pas.
Elle reste suspendue, comme veillant ou attendant.
Il y a peu nous étions sereins. Je l'étais.
Je regardais les pages du livre de bord,
Rien n'annonçait ce désastre.
Elle est l'unique page blanche qui ne se peut écrire.
On lui a donné mille nom, cents offrandes,
On lui tout donné parce qu'on lui doit tout,
Mais elle ne reçoit rien, inatteignable.
Elle ne voudrait être que pour un et pas pour tous,
Pour celui qui guide nos jours.
Cent yeux tournés dans ma direction, alors que nous devrions,
Tous, avoir le visage rivé au ciel car cette nuit,
Comme toutes les autres d'ailleurs, il n'y a pas d'autre chemin
Que par son éclat.



"Parfois, la nuit,
le simple fait de regarder une étoile
me fait tourner la tête."

PS : Vieux poème daté de juin 2010 dont je ne retrouve aucune trace sur le blog...c'est donc que j'ai oublié de le poster.

1 comment:

  1. Effectivement, ce texte s'inscrit bien dans ta série de 2010. L'eau, la nuit, le voyage... C'est superbe !

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