Sunday 20 June 2010

Une histoire désopilante


Voilà, "finitatum est", comme aurait dit une connaissance à moi. J'ai dû lui faire sa fête. Il a eu son compte, il ne m'em...merdera plus. Faut dire aussi que ça trainait depuis un moment, cette histoire.

Tout d'abord, je ne l'ai pas vu, planqué derrière les autres, à ras de terre. Il disait rien. Toujours de bon poil, quoi. Pas un mot plus que l'autre. Faut dire aussi que tous les matins ils sont en rangs d'oignons, et y'en a pas un qui moufte. Ce n'est qu'à la mi-journée que certains deviennent horripilants. Mais pas lui. Il attendait sagement dans son coin, en bon fourbe quoi. Pas bougé d'un cil quand je leur ai fait leur fête, aux autres, histoire de leur apprendre les bonnes manières et que ceux qui étaient restés à leur place se sont poilés comme des manches. Faut pas bouger, et ils le savent. Mais y'en a toujours qui veulent être plus malins que les autres et même s'ils savent pertinemment que je vais leur tomber sur le poil à bras raccourcis, il faut qu'ils la ramènent. Alors on les tond à grands coups de serpe devant les autres ou alors on les défrise, et en général ça marche au poil.

C'est pas rose tous les jours. On a beau représenter une certaine autorité, ça se pousse dans tous les sens; alors on réorganise, on ramène ceux qu'il faut dans le rang, on met de la discipline, on essaie de booster ceux qui ont un baobab dans la main. À chaque jour suffit sa peine. J'ai vraiment pas un métier facile, à enseigner à tous ces chevelus, à ces tondus, à ces mariolles de tous poils, à ces scalpés de la vie.

On fait ce qu'il faut, mais y'en a toujours un qui faisande dans son coin. Toujours. On l'attend au tournant parce qu'on ne sait jamais où il se planque. Tapi dans l'ombre. Faut dire aussi que les cours, c'est rasoir. C'est barbant, quoi. Mais c'est pas ça le problème, avec le petit fourbe. Je devrais plutôt dire le petit roquet, parce que c'est toujours, mais alors toujours, le plus petit qui aboie le plus fort, une fois qu'il est sorti de sa cachette. Il s'en faut parfois d'un cheveu pour qu'il en ait un sur la langue et que ça rende le truc encore plus ridicule. Faut dire qu'il y en a des hargneux, et ils reprennent du poil de la bête quand les autres suivent leur exemple. Mais on brosse tout le monde dans le sens du poil et ça repart comme sur des chapeaux de roue.

Sauf que des fois, c'est vraiment la cata. Celui qui préparait son coup en douce se manifeste un peu comme du poil à gratter, il démange, il gratte, il est tout rouge. Alors comme il nous cherche des noises, ben il nous trouve: on le gratte à rebrousse-poil, on lui taille un costard bien propre et souvent ça suffit. Mais des fois il se rebiffe et là encore il prend bien son temps, le petit fumier. On sait pourtant qu'il va revenir à la charge mais des fois c'est tellement long qu'on l'oublie. Et il revient comme un cheveu sur la soupe et alors là on a deux options: soit on se fait des cheveux blancs soit on se les arrache. Parce que dans toute la tignasse on sait qu'il n'y en a qu'un qui fait tout pour vous hérisser le poil, mais alors d'une puissance! Et puis il a tellement pris son temps qu'il a bien pris racine. Et y'a plus qu'une chose à faire: on prend la pince à épiler, et on triture, et on re-triture, et ça saigne, et c'est moche, voire très laid, la bidoche à nue, et ce satané poil qui ne se rend que parce qu'on va le chercher loin. À un poil près, ça nous gâcherait la journée.

Histoire pour les profs de tous poils, ou pour les esthéticiennes. À toutes et à tous, mea culpa.
 

4 comments:

  1. Celle qui voit bien de quoi il retourne20 June 2010 at 22:21

    Je n'aurai qu'une seule chose à ajouter : "A poil les profs" !!!

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  2. J'aime bien ce style familier. Cela a dû te faire du bien d'écrire ce texte, mine de rien on peut se défouler grâce aux mots.

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  3. Me suis bien poilé, en effet.

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  4. Celle qui retourne à ses poêles21 June 2010 at 19:23

    Et pour ton quotidien dépoilant, un plan prévu au poil de fion ? (elle n'est pas de moi, mais j'aime bien !)

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