Et la lune qui ne me quitte pas de son œil de
marbre, frondé de nuages liserés d'argent. Elle veille sur ma
veille sur un monde qui a perdu sa splendeur, son intérêt, sa
saveur.
Il n'y a plus d'herbe, plus de temps, de mots.
Les lumières de la ville se sont éteintes. Les
lampadaires grésillent encore, inertie de chaleur estivale.
Je suis fatigué. Tout comme les feuilles molles au
fond du lit de la rivière, si basse cet été qu'on peut compter
chaque pierre, qu'on voit les gardons frénétiques dans leur flaque
se battre pour rejoindre le maigre courant.
J'ai donné la dernière once d'espoir. À bien y
réfléchir, je n'en ai jamais réellement eu besoin. Maintenant que
je suis sur le seuil de la nuit à attendre l'aube, je n'ai plus
besoin de rien que le manteau des nuages. Il n'y a plus d'autre
intérêt que le vol, le cheminement aérien avec les oiseaux entre
les nappes de brume, les orages et les embruns. Rien de tel que de
voir un éclair du dessus foudroyer le monde en bas.
Ce matin, j'ai ouvert les yeux sur le désert de ma
vie, et je me suis mis en marche, une gourde d'eau à la ceinture et
une poignée de dattes attrapées à la va-vite dans la poche. Ne
reste plus qu'à se mouvoir à pas de loups sur les cordes du violon
et à écouter le sable chanter.
L'envie de vomir passe avec l'émeute, et ce n'est
pas vraiment du dégoût, mais de l'attente concentrée qui est
devenue amère. On ne devrait jamais être amer. Il est bien navrant
de pleurer de ces choses-là.
Je fais partie des gens laids.
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