Monday, 29 November 2010

La neige

Réveil sous la neige.
Soleil intense d'après-midi.
Froid intense de la terre.
Naissance du brouillard.
Le jour touche à sa fin.




 Voilà, en bref,
 l'origine

















de ces trois clichés.

Wuzhen pian

"Qui sait qu'on peut vivre caché dans la grande ville,
Cesse de cultiver la quiétude solitaire au fond des monts."

(attibué à) Zhang Boduan, Wuzhen pian "Versets de l'éveil à la vérité", XIème siècle



J'ai des fois l'impression que je pourrais écrire des romans entiers rien qu'avec deux phrases comme ça...

Tuesday, 23 November 2010

Citation

"Merece lo que sueñas"

Octavio Paz, Libertad bajo palabra, "¿Águila o sol?", 1962



"Mérite ce que tu rêves."

Octavio Paz, Liberté sur parole, "Aigle ou soleil ?", 1962

Merci à Carlotta pour cette découverte !

 

St Michel, la nuit.

Quelques photos prises ce soir du port de St-Michel-Chef-Chef, petite bourgade réputée de par le monde pour...pour quoi d'ailleurs ? Ah ! Oui : ses galettes. Les fameuses galettes St Michel.

Dernière escapade au bord de la mer avant de partir, dernière fois où je me lèverai ici et je sentirai la bonne odeur des galettes et du chocolat en ouvrant les volets. En parlant de chocolat, j'ai initié quelques personnes - des élu(e)s - aux arcanes suprêmement mystérieuses des Michelettes. Si vous ne connaissez pas encore cette tuerie gastronomique, ruez-vous ici (en plus c'est beau)...elles valent carrément le détour.

Sinon, je parlais de photos...

Nota bene : suite aux nombreuses réactions de la part de personnes soupçonneuses de la véracité de ce que je prends en photo, je ne retravaille rien...j'avoue : je ne sais pas comment faire. Si une âme charitable veut se dévouer pour m'apprendre, eh bien qu'elle s'en abstienne. C'est à ce prix qu'on apprend à faire de belles photos - à celles qu'on a gâchées.

La première donc, de photo :


Je suis plutôt content de moi sur ce coup-là, surtout qu'il commençait à faire un peu froid (j'ai fini à l'étape après la cryogénisation d'un glaçon). Pas trop de lumière, mais c'était sans compter une bonne exposition bien longue et un sang-froid impeccable pour ne pas bouger d'un poil. J'aime beaucoup les couleurs.

Même principe pour la deuxième (y'en aura cinq en tout, alors soit vous zappez les commentaires, soit vous patientez) :





J'aime l'aspect lisse de la mer (sauf de l'écume sur le rivage) et la forme que prend la lumière des lampadaires.

La troisième est intéressante (en ce qui me concerne, y'en a qui dorment au fond). La source lumineuse qui n'est pas en ligne avec les autres n'est autre qu'une belle lune rousse (je ne parle des fesses de personne). Je trouve ça dingue qu'elle ait la même luminosité que les lampadaires.


























Celle-là, c'est juste pour le plaisir.



Et comme je n'aime pas le bouder, mon plaisir, voici un effet que j'aime bien faire (ce n'est pas grand' chose, mais je trouve que ça donne un petit côté test optique sympathique - surtout que la seule surface nette sur la photo, à savoir l'eau - est en fait trouble de par son mouvement.)




Encore un endroit chargé de souvenirs. Lorsque je reviendrai ici, je ne serai plus le même (et heureusement d'ailleurs), comme à chaque fois que je viens ici.

Ça sent la tournée d'adieu à plein nez, mais ce n'en est pas une. Je rends visite aux endroits comme je le fais pour les gens que j'aime, car mis à part les souvenirs qui y sont nés, il y a tout un monde d'odeurs, de lumières, de saveurs, de sensations qui leur sont propres - et c'est cela que je viens chercher. Peut-être me ressourcer par là-même. Sûrement.

Et je suis certain que mademoiselle Myriam ne me contredira pas : il y a une poésie qui ne se retrouve nulle part ailleurs.

Sunday, 21 November 2010

Two "clouds"

One more thing - it seems you can't get rid of me today - before I clap my keyboard shut. I meant two.

These are clouds seen during the same day, distant in space and time by few hours and another angle.

The first one I saw as I was heading due South:







In case you wondered, the cloud in question is not the altocumulus up in the sky, but the very long cumulonimbus, sort of laying flat on the horizon. It was very impressive, it reminded me of a massive wave looming in the distance, getting closer and closer.

The other one - which actually is the same large strip of cloud, but later in the day (mid-afternoon) and more menacing - was taken from up close and heading South-West:



In fact this cloud was drawing a long crescent like a half moon, circling the sky (and God there's a good bunch of sky in these parts) at an approwimate 220° angle. Had my camera been equipped with a large, panoramic lense, I couldn't have pictured it in one go. What you see here is just one end, continuing on the right and ending in the same narrow, sombre fashion.

Both were seen on my home and then around Bonneval - France.
 

Fiat lux, et facta est tenebræ

Almost the same day, four hundred kilometres apart.

Pornic, France.



Chartres, France.


























Come to think of it, it wasn't the same day, or it didn't feel like it was.

It felt more like undique nox profunda, densior caligo tenebrarum (Quintilian, Declamationes maiores, XVIII and Peter 2:17 for the last two words) : "the depths of the night all around were thicker than the mist of darkness."

Mes deux haïku préférés de Kobayashi Issa



On présente souvent Bashō Matsuo comme le père des haïku, et c'est un peu vrai dans leur forme actuelle, mais on oublie trop souvent qu'il reste néanmoins trois autres grands maîtres classiques : Buson Yosa, Ryōkan Taigu et Kobayashi Issa. Ce dernier a gagné mes faveurs il y a des années de cela, notamment par l'un de ses plus célèbres poèmes (celui qui se termine par "sarinagara" - vous trouverez un excellent livre de Philippe Forest qui porte ce titre).

Avant tout chose, je tiens à m'excuser platement auprès de mon Smog préféré, et auprès des lecteurs/lectrices, pour les éventuelles grossières erreurs de japonais et de traduction que je vais vous infuser. Elles sont dues de mon seul fait (à ma décharge, ce n'est pas simple d'apprendre tout seul sans pouvoir être corrigé et sans pouvoir le parler, le confronter à la réalité du terrain).



Voici donc le texte original :

露の世は露の世ながらさりながら
tsuyu no yo wa tsuyu no yo nagara sari nagara (1819)

Monde de rosée
Notre monde est fait de rosée
- et pourtant.

Écrit à la mort de sa première fille, ce poème explique que selon la pensée bouddhiste il ne faut pas s'attacher aux choses matérielles - pourtant le chagrin fait qu'il est impossible de s'en détacher. Le poète sait que le monde est fait de cette rosée prête à s'évanouir au moindre rayon de soleil : il sait aussi que malgré la douleur de la perte, il est bel et bien vivant. La vie, qu'on le veuille ou non, continue.
Je ne vais pas m'étendre sur ce poème, il est largement commenté dans toute anthologie qui se respecte.

Le deuxième poème est beaucoup moins connu, et il ne me toucherait pas autant si ne je vivais pas la même chose :


亡母や海見る度に見る度に
naki haha ya umi miru tabi ni miru tabi ni (1812)

Une traduction littérale donne ceci :

Feu ma mère -
A chaque fois que je vois la mer
A chaque fois...


Mais ce qu'il entend résonne un peu plus comme cela :

Mère, je pleure
A chaque fois que je vois la mer,
A chaque fois que je vois la mer.



Toute la différence et la subtilité du japonais résident dans le contexte. On peut omettre une partie de la phrase, parfois une grande partie, car on en a induit le sens. Au lecteur de le déduire, de l'interpréter si besoin est, d'où le "lost in translation".

Issa a perdu sa mère très tôt, encore enfant et l'océan, qui représente une barrière mythique entre les deux mondes, l'empêche de revoir sa mère. Toute sa vie il cherchera ceux qui s'en sont allés.
Beaucoup notent dans les poèmes d'Issa une satire ou un comique peu communs - et ils ont raison - mais il faut garder à l'esprit qu'il était un homme dans la souffrance (il a perdu ses quatre enfants en bas âge, et n'a pas vu la naissance de sa fille issue de son troisième mariage), dans la compassion et bouddhiste usque ad finem, habité par le souvenir, hanté parfois, à l'image de ce haïku écrit deux ans avant sa mort :


踊る声母そっくりそっくりぞ
odo[ru] koe haha sokkuri sokkuri zo

La voix de ce danseur -
Comme celle de maman
Exactement comme celle de maman!

(N.B. J'ai longuement hésité entre "mère" et "maman", et le zo met un point d'emphase très fort sur la phrase, d'où le "exactement" qui pourrait être discutable. Merci Smog d'apporter tes lumières et de rectifier tout ce qui te semblerait erroné.)

Plus de cinquante ans après sa mort, Issa se souvient encore du timbre de voix de sa mère, que ce danseur ainsi que le festival du O-Bon (ou juste Bon, festival pour honorer l'esprit de ses ancêtres) semblent lui rappeler.

Saturday, 20 November 2010

D'un extrême à l'autre

Les premières photos pourraient avoir été prises après avoir bu à la bouteille d'Alice au Pays des Merveilles,
Les secondes pourraient avoir été prises du Galaxy Express 999.
Les premières me font frémir autant qu'elles me laissent admiratif,
Les secondes me font rêver autant qu'elles me font frémir.
Les premières ouvrent une porte que les secondes ferment.
Les secondes n'auraient pu être prises avant les premières.
Vous ne souffrez pas de micropsie en regardant les premières,
Vous ne souffrez pas non plus de téléopsie en regardant les secondes.
Les unes et les autres ne seraient rien sans lumière.
Les autres et les unes voient leur beauté dans l'œil du spectateur.

Toutes émanent de la volonté de voir plus loin que le bout de notre nez.

D'un extrême à l'autre.

Histoire de boyaux dès le matin.

L'impression qu'avec Ludwig (van Beethoven, what else?), chaque note est à sa place et surtout que c'est que vous l'auriez placée, et nulle part ailleurs. On aime l'enchaînement, la précision, l'allusion. L'interprétation aussi, car selon une certaine prof (de piano, si elle me permet la précision), la partition a beau être là, l'interprète en donne sa version (et j'acquiesce). Mais on aime, bon dieu oui ! On se surprend à mimer le joueur de violon, tailladant l'air de mouvements saccadés, avec dans la main un archet imaginaire et l'autre bras plié en accent circonflexe inversé.

On se prend également à regarder les feuilles jaunes, oranges, rouges et violines ballottées par le vent, et à penser, à écouter chaque vibration de cet opus 131 des quatuors pour instruments à cordes, le calme après le troisième Rasumovsky.

Et à l'instar de je ne sais plus qui, qui se demandait comment des boyaux de chat pouvaient vous faire venir les larmes aux yeux, on se demande si l'on n'est point trop sensible pour ce monde de brutes, car même si les intestins de chats n'ont jamais été utilisés, ceux de moutons si (pour leur plus grande résistance et leur souplesse).

Et on se dit que ce n'est pas la fabrication des instruments de musique qui ont amenés à la déforestation, ni à l'élevage des ovidés en batterie, mais l'homme, car il paraît que la musique ne nourrit pas. Pourtant, si on se satisfaisait plus souvent l'esprit que l'estomac, je pense que nous irions plus loin, et plus sûrement. Chi va piano va sano, e va lontano, dit-on. Ou Andante, ma non troppo, selon Beethoven. On y revient. Prendre son temps, apprécier. Se dire que ce ne sont pas que 71 pièces de bois de 4 à 7 essences différentes, du vernis, des cordes en métal et une âme nichée dans une caisse de résonance - et je ne parle là que d'un violon. Il faut prendre en compte la diversité des cordes frottées. Se dire aussi que ce n'est pas en frottant une guitare que vous obtiendrez le même son, encore moins un piano (visualisez la scène si possible, moi ça m'a fait sourire).

Alors si vous voulez l'écouter en pensant à tout cela, à toute heure du jour ou de la nuit :




A bon entendeur.

Silly little details

  You said it was the way I looked at you played with your fingertips drowned in your eyes starving your skin you felt happiness again your ...