Tuesday, 30 October 2007

La petite joueuse de harpe - superbly illustrated by Chabada

Il n’y avait là que cette fillette rousse

Dans sa robe de tulle blanche, avec sa harpe

Sur l’épaule. Mais comment une fille si douce

Eût pu soutenir un si grand poids ? Son écharpe


Bleue pendait, frêle, alors que ses doigts s’agitaient.

Que dire de cette musique hors du temps ?

Mon regard d’une note à une autre volait,

Tout mon être imprégné de ces sons envoûtants.


La mélodie sortait des cordes et de ses doigts

La mélodie sortait de ses doigts et des cordes

La virtuose ne regardait pas vers moi

Mais elle m’envoyait sa leçon miséricorde.


Ses paupières closes égrenaient le rythme en grappe,

Ses doigts délicats frottaient, pinçaient et glissaient

Sur les membres filandreux de cette harpe,

Ses cheveux vibraient dans l’air sur les accents vrais.


Je regardais ses yeux me guider lancinant

Vers l’endroit où elle prenait la corde du pouce,

Et ses lèvres entrouvertes me murmurant

L’air lustral que sa harpe me jouait : l’ode douce.



Puis s’ensuivit un long silence monocorde.

La fillette éteinte, la harpe à ses côtés,

Laissait ses bras ballants, attendant quelqu’ordre

Du mécanisme de la clef que je tournais.


R.B. (29/10/2000)

Monday, 29 October 2007

Sina ëa nórë vanesseva

Sina ëa nórë vanesseva, sina ëa mana cenenyë,

Paluina nye lá ar amba i helletëanna;

Sina ëa i nórë epeatarion ar autuvanyes.

Marto et tulyuvanyë i rávanna,

Maranwë caruvanyë telconta ettelen tier,

Lúmë caruvanyë únolya, se lúmer,

Nórë sina sa pála nu messimë talinyë,

Ar se exë lúmer lá milyuvanyë már –

Mal istanyë sa rimbë lumbë hayassi pella,

Oronti luini as ringë amatírë pella,

Pallë ar vercassi síri ar ëari pella,

Alta latini laiquë vandaron pella,

Mahtalepalari usquië serceo ar nimbeo pella –

Istanyë sa vanessë lá larta mí hendi nerio

Mal marë mí annurë cilyar endo,

Istanyë sa sina ëa atarenórenya, yassen nenyë nóna,

Hápina melmenen ar tévlenen, i níra lelyanen ar lemyanen ;

Istanyë si sina ëa nórë ve lá exë (sa) cenuvanyë,

Ar sa sinomë nortuvanyë, as i astor ar i axor atarinyon.


This is a land of beauty, this is what I see,

Spread beyond me and to the horizon;

This is the land of my ancestors and I shall leave it.

Fate will lead me out into the wild,

Fate will have me tread foreign paths,

Time will have me forget, sometimes,

This land that throbs under my youthful feet,

And at other times I shall not (even) long for home –

But I know that beyond many weary distances,

Beyond mountains blue with cold promises,

Beyond wide and wild rivers and seas,

Beyond great plains of green expectations,

Beyond battlefields reeking of blood and sadness –

I know that beauty lasteth not in the eyes of men

But dwells in the heart’s deepest recesses,

I know that this is my fatherland, in which I grew up,

Fostered by love and hate, by the will to leave and to remain;

I know that this is a land like no other I will see,

And that there will I remain, with the ashes and bones of my fathers.

R.B. 17/12/06

Sunday, 28 October 2007

La nuit, tous les chats sont...endormis...


Les pieds ballants assis sur le bord du lit. Le sommeil ne vient pas bien que les paupières soient lourdes. Il faut dormir. Se reposer. Demain est un jour comme les autres, pourquoi cette nuit ne l’est-elle pas ? […] Le corps s’étire, s’allonge au fur des heures de la nuit. Les pieds ne sont mes pieds ; ils coulent le long de la pente du lit. Je ne sens plus mes mains comme durant le jour, mon dos est voûté par le poids écrasant du sommeil. […] Le chat, lui, dort. Dort du sommeil du juste. Ses ronronnements s’entendent bien dans le silence de la chambre. Il a l’air content. Il a bien joué aujourd’hui. Il a l’air d’apprécier sa nouvelle souris ; vu qu’il a perdu l’autre, il fallait bien la remplacer. Tiens, il a pris aussi une pelote de laine. Bah, qu’il s’amuse, ce gentil Pépino. […] Je n’ai pas envie de lire, pas encore. Les lignes ne veulent rien dire. Les mots traversent les pages, bougent sans arrêt, ne veulent pas rester calme, bien ordonnés, en rang d’oignons. Ecrire ne sert à rien. Il faut être éveillé pour écrire correctement. Et là, entre le sommeil et la veille, ce n’est pas un état pour faire quoi que ce soit. […] Il fait trop chaud. […] Il fait trop froid. […] La nuit dehors, tranquille comme un moulin à vent dans la brise, continue son petit bonhomme de chemin. La lune est invisible derrière un manteau de nuages. Va-t-il pleuvoir ? Il ne manquerait plus qu’il pleuve. Ils ne pourraient pas faire leur sortie au jardin, comme il est prévu depuis des semaines. Les autres seraient déçus. Espérons qu’il ne pleuve pas. […] Je me demande à quoi Pépino peut bien rêver, ses moustaches bougent drôlement. […] La nuit est trop bleue. Ai-je fermé l’eau ou pas ? Je ne sais plus. Le robinet n’a pas l’air de goutter. En tout cas, je n’ai pas fermé l’œil, ça c’est sûr. […] Dormir. Dormir. Compter les moutons n’a jamais aussi peu servi. Des nuits comme celles-ci on peut en compter des cheptels entiers. Des nuits sans sommeil. Des nuits sans lune, sans étoiles. Est-ce les étoiles qui apportent le repos, l’envie de rêver et donc l’envie de dormir ? La lune ? […] Le reflet de la lampe sur les fenêtres a quelque chose d’hypnotique. Ne surtout pas le regarder trop longtemps. Rien qui puisse retenir l’attention trop longtemps, rien qui puisse faire que le cerveau travaille. […] Pffffff. C’est long. S’allonger au moins, ce n’est pas en restant assis que le sommeil daignera venir. L’oreiller est froid. Ça doit faire un moment que je suis comme ça. Eteindre la lumière. Eteindre le reflet sur les carreaux des fenêtres. Se laisser un peu de répit. Fermer les paupières. C’est drôle comment on veut désespérément fermer les yeux mais qu’on ne le peut pas. La gravité terrestre devrait pouvoir faire quelque chose contre ça, non ? Pourtant on veut dormir, on ne veut que ça, mais les yeux restent ouverts quoi que l’on fasse. […] Ah, l’impression de s’étirer revient. J’ai l’impression de mesurer des kilomètres de long. Comme si mes membres s’allongeaient sans fin. Tout comme la nuit s’allonge. […] Dormir. Dormir. […] Dis-moi, oreiller, compagnon de mes nuits, pourquoi ne veux-tu pas cette fois m’accompagner ? Pourquoi restes-tu froid et sourd à mes appels ? Ton odeur même est différente, et ta chaleur disparue. Qu’y a-t-il ? Tu as partagé mes peines, mes joies, mes courtes nuits, mes siestes, mes grasses matinées, mes jeux aussi; mes réflexions, mes coups de blues, mes confessions. Tu as même soigné les angoisses des cauchemars, aidé à apaiser les nuits agitées, les nuits qui s’annonçaient sans sommeil. Pourquoi d’un coup ce revirement ? […] Voilà que je parle à mon oreiller. […] Boire un peu pourrait aider. […] Il paraît qu’il faut boire du lait chaud. Avec du miel, je crois. Je ne sais plus. C’est sans importance. Je vais bientôt m’endormir de toute façon. Le tout, c’est d’y croire. […] Quelle heure est-il ? […] Pépino dort vraiment bien. Je l’envie. […] On ne se rend compte que le sommeil est doux que lorsqu’il vient à nous manquer, à nous fausser compagnie. D’ailleurs il fait ça en traître, il ne prévient pas. On croit être parti pour une autre nuit de beaux rêves ou tout simplement de repos mais on se retrouve les yeux grands ouverts à regarder le noir et à se demander pourquoi on fait ça. N’est-ce pas, oreiller ? Tu sens que je tourne la tête. Que je virevolte dans ce lit trop petit, trop grand, avec mes bouffées de chaleur ou mes frissons de froid. […] Tu demandes quand cela finira-t-il ? Lorsque j’aurai trouvé la paix de l’assoupissement. La bénédiction de Morphée. Bref. […] Tu connais le mot « hypnagogie » ? Non ? C’est un moment bizarre du sommeil. C’est au tout début et que tu ressens tout autour de toi parce que ton corps est au calme. Tout tes sens sont en éveils. C’est pendant ce moment que tu as l’impression de tomber des fois, parce que tous tes muscles se relâchent d’un coup ! Si, si, c’est vrai ! […] Oui, quand j’étais petit, je faisais souvent des crises de somnambulisme. Je jouais sous la table de la cuisine, tout seul. […] Non. Pas du tout. Les terreurs nocturnes ne sont pas comme les cauchemars. Tu es dans un profond sommeil, le sommeil des rêves, quand tu fais un cauchemar. Alors que ces moments de terreur surviennent au tout début du sommeil, quand tu dors un peu mais pas beaucoup. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Si, Bon. […] Je n’aime pas les cauchemars, parce que tu t’en souviens toujours. Alors que les plus beaux rêves sont les plus éphémères. Ils s’effacent lentement, en te laissant un goût sucré dans la tête. Tu as déjà fait un de ces rêves ? Je pense que Pépino en fait souvent, lui. Regarde-le. Il bouge ses petites pattes. Il doit courir après une souris. […] Une fois aussi il m’est arrivé de ne pas pouvoir bouger en me réveillant. J’étais paralysé. Mon corps ne voulait plus répondre. C’était vraiment bizarre. Oui, j’ai eu peur ! Qui peut se vanter de n’avoir pas eu peur de ne plus pouvoir faire le moindre mouvement ? […] Des fois tu rêves que tu rêves. Tu te vois dormir mais tu sais que tu rêves. Tu sais, en fait, peut-être que je rêve que je ne dors pas ? Ce serait drôle, n’est-ce pas, en me réveillant tout à l’heure ! En fait j’aurai bien dormi tout en rêvant d’insomnie ! Hihi ! […] Ben c’est pas drôle de rêver d’insomnie... on s’ennuie. Un peu de valériane serait la bienvenue. C’et drôle comme des fois tu as l’impression de voir des trucs dans le noir, comme des formes. Non ? Tu ne vois jamais ça ? Ça doit être moi alors… […] Je vais avoir du mal tout à l’heure. J’espère que je ne vais pas me mettre à piquer du nez devant tout le monde. […] Mais qu’est-ce qu’il se passe ici. Je voudrais bien dormir moi. Bref. […] Voilà que je me mets à bâiller. AAAAaaaah. Si c’est un rêve c’est un bien mauvais rêve. […] Heureusement que tu es là, toi. On ne peut pas compter sur Pépino pour avoir un peu de compagnie la nuit. Quel mot ? Ah, « hypnagogie ». Un mot nouveau à chaque fois ? Parce que tu penses honnêtement que je compte être insomnié toutes les nuits ? […] C’est un sacré royaume, que celui de la nuit. On dit que tous les chats sont gris. Mais Pépino garde ses belles couleurs. Plus sérieusement, les objets prennent des textures différentes, des aspects bizarres parfois. La nuit tout est différent. La lumière y joue pour beaucoup. Mais il n’y a pas que cela. C’est un royaume que nos ne somme pas censés côtoyer communément. Nous ne sommes pas censés l’habiter. Juste le découvrir de temps à autres. […] Ça te fait peur ? Il ne faut pas avoir peur. Peur du noir ou de la nuit ou des cauchemars. Il faut accepter la nuit telle qu’elle est. Avec ou sans sommeil. Avec ou sans rêve. Tout le monde rêve. C’est juste que nous ne nous en souvenons pas. Tu sais, nous avons tous besoin des rêves, pour nous échapper dans ce beau royaume de la nuit. Rencontrer des gens formidables, des êtres fantastiques. Les hallucinations que l’on a parfois en font partie. Les cauchemars aussi. Il faut de tout pour faire un monde. […] J’aime bien mon lit, ma chambre. J’aime bien les couleurs. J’ai tout assorti à mon bonnet de nuit et à Pépino. Mon bonnet ? Pas qu’il fasse froid non, c’est juste psychologique. Quand je le mets, je me dis que c’est l’heure de dormir ! Si, si je te jure, ça marche ! […] Des fois c’est les soucis je pense. Les ennuis traînent jusque dans le lit, nous collent aux basques et envahissent la tête qui au contraire a besoin de se vider. Des soucis ? Moi ? À part que je ne dors pas, non. Je rigole ! Non, pas que je sache. Pas l’ombre d’un nuage en vue. C’est gentil de t’inquiéter, oreiller. Avec toi je sais que j’ai un ami sur lequel je peux compter. Avec toi je peux dormir sur mes deux oreilles, je sais ! Hihihi ! […] Tiens, le ciel change de couleur on dirait. Non ? C’est moi qui hallucine alors. AAAaaaaaaaaaaah. […] C’est vrai, tu as raison. Tout est calme. On n’entend que Pépino qui ronfle de plaisir. Quelle paix en ce royaume ! J’ai l’impression que je suis plus concentré que durant le jour. C’est vrai, c’est bizarre. Sérénité, voilà le mot. « Sélénité ». C’est un bon jeu de mot hihihi ! Séléné est la déesse de la lune dans le panthéon grec. Oui, je sais, mais quand même, non ? […] Bref…tu sais quoi, je pense….qu’il…...serait……..temps……...de…….......dorm……….......

Friday, 26 October 2007

La vision

Le voyageur fatigué dans le bas logis

Rompt son pain sale et en donne un peu au lépreux,

(Il n’a pas peur de la mort – lui qui est si vieux)

Rassure l’aubergiste en lui donnant son prix.


Son long chemin l’a mené dans bien des pays,

L’a malmené entre les enfers et les cieux

L’a amené plus d’une fois à venir ici

Tels ceux qui croient la vérité loin de chez eux.


Sa quête qui fut sans autre but que Dieu

S’achèvera enfin sans un bruit cette nuit

Loin des villes sur lesquelles il posa les yeux

Loin des cieux où en vain il crût être avec Lui.


C’est au fond d’un verre de mauvais vin moisi

Qu’il vît soudain son visage se fendre en deux.

R.B. (14/09/2003 ; St Malo)

Les larmes aux yeux


Ce n’est pas des larmes que tu vois dans mes yeux,
Ce n’est que la rosée du soir où tu t’en vas.
Non, je préfère l’obscurité, j’y suis mieux,
Oui je pleure – mais – ce n’est pas ce que tu crois.

Il n’y a rien là à voir dans mes tristes yeux
Que ce que ton départ représente pour moi,
Non, il n’y a pas de quoi être malheureux,
Sauf l’idée que demain tu ne seras plus là.

Ce n’est plus des larmes que tu vois dans mes yeux,
Sauf si tu veux y voir ce que tu ne veux pas
Si mon être tremble dans ce froid ténébreux,
C’est parce que ton regard est déjà là-bas.

Oui, j’aurai voulu voir des larmes dans tes yeux,
Mais je sais bien tu ne m’aimes plus, déjà,
Que ton cœur est parti dans ces étranges lieux,
Et je sais aussi que tu n’en reviendras pas.

Pas pour moi, moi qui ai des larmes dans les yeux.
Moi, celui dont le sort t’importe peu – ou pas –
Qui souffrait tes infidélités, tes aveux,
Parce que tu revenais toujours dans mes bras.

Pars, pars – laisse mes larmes couler, je le veux,
Car au final, je n’aurai jamais eu le choix
Que de t’ouvrir mes bras et de fermer les yeux –
Ces larmes qui coulent, égoïste, elles sont pour moi
 

Les champs élysées


Les champs Élysées sont rebattus par les vents,
Blanchis par les souvenirs des os oubliés des morts –
Délaissés par les vieux mourants et les arrivants
Pour aller où l’on sent encore moins son corps.


Le havre tant attendu par tous est décevant –
Tous ces morts amuïs par tous leurs efforts –
Présente ses tristes plaines et autant de tristes champs
Aux hurlements des vents si forts, si forts.


Tous alors se mettent en marche vers le lointain
Pour voir les champs noirs et ocre des autres nations,
Quittant sans regrets la désolation,
Tous ainsi s’en vont, tous, sauf un.


L’homme au beau milieu des champs en jachère,
Cerclés par l’horizon des mornes cieux,
S’accroupit et dit : « Voilà une bonne terre »,
Se met à genoux et prie les dieux.

Thursday, 25 October 2007

Leaving my position on the Atlas

Leaving my position on the Atlas
I walk across the surfaces
No latitude but my legs and arms
Swinging in one motion towards the East.
Writing words I ignored until then,
Carving a story I ignored until then,
Embracing mountains dipped in mist
One step, one hand ever closer to harm.
Southeasterly winds blow off of the intended course
And no medium sharper than vision
To overwhelm distances with gusto;
Hunger shall be dealt with later;
Thirst quenched whenever needed
But physical pain relished with pleasure,
Every mile felt like a grain of sand
Upon the back of my hand.
Northwestern tides bearing me forth
Squaring my shoulders against currents
Drifting fleets of boats and cargoes away.
Paying no heed but to my thoughts only -
For the time being.
I intend to follow my instinct.
And no more lessons.
I intend to follow the dragonflies.
Goosebumps riddling my skin
And ask no more but for the sea, the sea,
The moon, the winds, the tides
And bursts of life throbbing,
Pulsing like a vengeance through my veins.
R.B. 10/08/07 (location unkown for the time being)

Genuine path through Scotland II


La suite du chemin.

Genuine path through Scotland


Le genre de chemin que j'aime bien suivre.

Targe

This is no longer home

On the train back to the old place unsure if any memory is left there Surely there must be an old cigarette burn hissing embers fusing ...