Random play stumbled across this piece in my Itunes library. Thought I'd share the exquisite pleasure of randomness with you.
Thursday, 23 February 2012
Tuesday, 21 February 2012
Spéciale dédicace! Deep Blue Something - Breakfast At Tiffany's
Désolé Chab, j'ai pas pu m'en empêcher ^_^
Monday, 20 February 2012
Wednesday, 15 February 2012
Saint Claude Vs Saint Valentin
Je ne sais pas vous, mais pour ma part je préfère fêter la saint Claude que la saint Valentin. Déjà parce que c'est mon deuxième prénom, ensuite parce que je boite (Claude vient du latin claudus, boiteux. On retrouve cette étymologie dans le verbe 'claudiquer') et pour finir parce que c'est un superbe pied-de-nez à tout le merchandising qui s'est développé autour de la fête de la saint Valentin. Je m'explique.
Qu'il ait été prêtre ou moine, qu'il ait vécu au IIIème siècle ou avant, qu'il ait été de Rome ou de Terni ou d'ailleurs, le Valentin que vous fêtez (j'assume le "vous" exclusif) fut martyrisé par un Empereur Romain nommé Claude. Claude le Gothique fit torturer et exécuter (peut-être décapiter) Valentin de Rome. Claude le Cruel (on n'a jamais mieux porté un surnom pareil) fit rouer de coups et décapiter (là on est déjà plus sûr) Valentin de Terni. Tout cela sur la via Flaminia à Rome. Histoire de montrer l'exemple.
Alors la plupart des gens souhaitent fêter l'amour que les deux saints professaient, honorer leur mémoire ou pour le symbole de résistance et d'amour du genre humain blablabla. C'est beau, vraiment. Mais que ce soit en célébrant des mariages que l'Empire Romain n'acceptait pas ou en redonnant la vue à de jolies damoiselles, ou simplement pour le fait qu'ils furent chrétiens, ils professaient et moururent pour l'amour de Dieu. L'amour de son prochain également, cela va de soi. Mais pas l'amour à grand coups de bouquet annuel car il faut bien se le souhaiter. Pas les chocolats pour se faire pardonner d'être invivable les 364 autres jours de l'année. Pas les flonflons roses et rouges (couleur de la passion, certes, mais passio en latin signifie "souffrance"... et pendant que j'y suis, l'assimilé de la Saint-Valentin était auparavant une coutume païenne datant de l'antiquité dont l'église a fini par s'emparer, et toujours auparavant elle célébrait l'amour physique, et pas l'amour romantique comme maintenant - et en ça c'est pas un mal. Un peu de romantisme, bordel !)
Je pense, mais je m'avance peut-être, que chacun des saints aurait préféré voir des fleurs honorer l'amour de l'être aimé une fois de temps en temps, plutôt qu'une fois par an, histoire de sauver les meubles ou de suivre ces braves moutons de Panurge (qui, au passage - mais vous connaissez mon amour de la digression - est un pote de Pantagruel, personnages créés par François Rabelais, et qui s'interroge sur la nécessité du mariage dans le Tiers Livre, et qui encore aida à créer cette si jolie expression "moutons de Panurge" dans le Quart Livre en balançant un encombrant mouton par-dessus bord - afin que les autres le suivent. Ce mec savait vraiment tout faire - d'où son nom qui en grec signifie "celui qui sait tout faire" (Πανοῦργος, un truc du genre "Panourgos"). Parenthèse refermée.)
En résumé, si vous voulez véritablement faire un geste qui ait du sens, offrez des chocolats à votre bien-aimé(e) ou allez lui cueillir des fleurs...demain.
J'assume aussi le fait d'être un grand rabat-joie sans vergogne, acariâtre et/ou atrabilaire. Briseur de rêves aussi. Et oui, je suis célibataire (et je ne m'en porte ni mieux ni moins bien), mais cela ne m'empêche pas d'offrir des fleurs quand j'en ai envie et à qui je le souhaite (ou de les cueillir pour les offrir) ! Pour finir, je tiens à dire que je ne suis sponsorisé par aucune des grandes marques de fleuristes, ni ne les sponsorise d'ailleurs.
Coup de gueule fini. Ça va mieux.
Tuesday, 14 February 2012
L'hombre
Il
était une fois un jeune garçon qui était né sans ombre. On ne
s'en était tout d'abord pas aperçu. C'était un jour où il
s'amusait avec sa mère à faire des ombres chinoises que l'on avait
remarqué l'absence de lapin sur le mur. Ils avaient beau essayer de
le mettre au plus près de la lumière, il n'y avait point d'ombre
dessinée sur le sol. Enfant, il ne comprenait pas pourquoi cela
créait tant d'agitation. Il n'y avait pas de quoi fouetter un chat.
On
avait consulté un médecin, qui n'avait rien diagnostiqué
d'anormal. On avait effectué des batteries de tests, mais rien de
concluant n'avait été trouvé. Alors, vu que l'enfant allait bien
et qu'il ne se plaignait pas, on ne s'en était pas formalisé plus
que cela.
D'ailleurs,
il ne se plaignait jamais. Pas même un pleur lorsqu'il avait faim et
qu'on oubliait de lui donner à manger. Mais cela n'arrivait pas si
souvent que cela, fort heureusement. Il se souvint qu'un jour on
avait même oublié de l'emmener en vacances, mais on était revenu
le chercher, bien entendu. Il ne s'était donc douté de rien, du
moins pas à ce moment-là. Cela devait arriver à tous les parents
d'oublier leur enfant.
Puis,
se brossant les dents devant le miroir, debout sur son tabouret, il
remarqua que ses traits devenaient au fur des matins plus fins, moins
dessinés. Le temps passant, il eut de plus en plus de mal à viser
sa bouche. Il tâtonnait, devinant son emplacement plus qu'il ne le
voyait. Il pouvait distinguer sa brosse à dents s'activer en
filigrane derrière sa joue. Quelques jours plus tard, il parvint à
voir le mur derrière lui – et sur le mur derrière lui, se détacha
son ombre grisâtre. Il était devenu parfaitement invisible,
traînant pourtant son ombre comme un témoignage irréfutable de son
existence.
Ses
parents, bien évidemment, remarquèrent le changement. Leur fils
était bien là sous leurs doigts, ils l'entendaient lorsqu'il
parlait et puis ils voyaient bien son ombre grise, mais lui ils ne le
voyaient pas. Pas étonnant qu'ils en venaient à l'oublier, parfois.
Une fois de plus, ils consultèrent moult médecins et spécialistes.
Rien n'y fit. Ils consultèrent même, sur les conseils de
Marguerite, la doyenne de la famille, 103 ans et plus une dent, un
rebouteux. Le pendule oscilla vigoureusement au-dessus de lui, les
cartes de tarot racontèrent de bien funestes et mystérieuses
choses. Mais rien qu'une petite donation à la mesure du mal à
soigner, et tout rentrerait dans l'ordre. La transaction fut ainsi
conclue, et le mal fut exorcisé une nuit de pleine lune. Alors que
ses parents allaient se mettre à désespérer, après quelques
semaines, il commença à reprendre consistance. On poussa un soupir
de soulagement. Et son ombre subsista, quoiqu'elle fut grise – on
ne pouvait pas tout avoir non plus. Tout rentrait dans l'ordre.
L'enfant
alla à l'école, au collège, au lycée. Parfois, son ombre lui
jouait des tours, et le secret ne put être gardé plus longtemps,
mais dans l'ensemble tout allait bien. Il avait néanmoins écopé du
surnom de l'homme-ombre, qu'un journaliste pas très fin avait
écourté en « l'hombre ». Un mauvais jeu de mot qui le
suivait comme, bien entendu, son ombre. Mais l'un de ses profs lui
expliqua que cela signifiait également « homme » en
espagnol. Alors, du coup, ce n'était plus si grave. Il était un
« hombre » comme tous les autres.
Lorsqu'il
rentra à l'université, deux ans plus tard, il était loin de se
douter de ce qui se tramait dans l'ombre de son corps. Il se leva un
matin, et n'arrêta pas de se prendre les pieds dans tous les meubles
de son appartement. Il mit cela sur le compte de l'étroitesse de son
logement et sur le fait qu'il n'était pas bien réveillé. Deux
jours durant. Il lui fallut bien admettre que cette maladresse était
inquiétante. Le miroir de sa salle de bain le rassura : son
corps n'était pas transparent. Une bonne chose. Et son ombre était
là. Mais elle n'était plus grise. Elle était devenue noire comme
la suie, et étrangement consistante, presque huileuse.
On
ne se confond jamais avec son ombre. Il eut beau se coller contre le
mur, il ne put la faire disparaître, ne put la forcer à rentrer en
lui.
Il
devrait donc apprendre à vivre avec cette projection solide et noire
de son corps.
Il
apprivoisa donc son double obombré, se mit à sa place afin de ne
plus buter dans tous les objets du quotidien. Glisser sur les murs
lui apportait pourtant un plaisir particulier. Son ombre, comme tout
entière faite de la plus fine soie, glissait sur les bâtiments,
fluide et ondine. Les objets, eux, étaient rugueux et s'accrochaient
à lui. Il n'y avait qu'à imaginer son face-à-face avec un cadre
photo en apparence innocent, fixé au mur de son salon. Il s'était
levé précipitamment pour répondre au téléphone. Le choc avec son
crâne fut aussi terrible que s'il s'était cogné le petit orteil
sur le pied de la table basse. Le cadre fit un tour complet sur son
crochet, mais resta en place. Sa tête devait être fendue, à n'en
pas douter. Il observa la bosse se développer en quelques instants
sur le front de son ombre. Depuis ce jour-là, il bannit toute
décoration et se contenta de son plafonnier pour s'éclairer. La
sobriété était devenue une question de survie.
Il
découvrit cependant un univers regorgeant de couleurs, de nuances,
de textures et d'atmosphères toutes différentes : se balader
tôt le matin dans les rues de la ville, les pierres se réchauffant
progressivement au soleil, l'écorce des arbres, les pavés humides,
l'herbe et la rosée gelée du parc, les bancs, l'alternance des
bandes blanches aux passages-piétons – et son ombre épousant
chacune des formes, chacun des contours, chacun des replis, des
recoins, des angles. Une sensation vipérine sur et dans chacun de
ses membres. Passer alternativement sur les grilles entourant les
espaces publics, les vitres des arrêts de bus, les flaques d'eau, la
carrosserie des voitures, les étals de fruits et légumes, de fleurs
sur le marché, les gens assis aux terrasses des cafés.
Il
admirait la souplesse de son ombre. Pour le comprendre, pour se
mettre à sa place, il fallait se figurer être épais de quelques
microns et volage comme un voile de soie, léger comme une caresse
qui se fait attendre. Il se sentait grandi aussi, et étiré, ou
alors rapetissé et contenu, mais cela n'avait en fin de compte
aucune importance, les sensations étaient préservées intactes,
toutes épidermiques et fraîches.
Il
se rendit compte que les gens n'avaient que peu d'ombre, que cela
dépendait beaucoup de la lumière et qu'en hiver ou en automne, ils
n'en avaient presque pas du tout. Surtout les jours de pluie, où
leur ombre était remplacée par leur reflet. Et, de toute façon,
ils s'en fichaient, de leur ombre, surtout lorsqu'ils avaient la
possibilité de s'admirer sur une surface vitrée ou un miroir. Lui,
il aimait par-dessus tout faire sinuer son ombre sur les miroirs. Il
en avait toujours des frissons. Comme une caresse électrostatique
qui serait toujours sur le point de vous envoyer une décharge. Il
était en osmose avec son ombre et parfois, dans l'obscurité de la
nuit, il ne faisait qu'un avec elle, et il devenait la nuit,
embrassant le monde de son ombre gigantesque.
Il
se passa quelques années ainsi. Il fonda une famille, un foyer, de
solides amitiés. Et puis arriva un jour fatidique de mars où sa
femme, arrivant de la chambre dans le salon, sursauta en le voyant et
lâcha un petit cri, une main sur sa poitrine. Elle ne l'avait pas
vu. Lui, assis sur le canapé en train de lire un livre, les jambes
croisées, la regarda d'un air perplexe. Il parlait peu, certes, mais
il portait tout de même son pull orange vif, celui qu'elle
surnommait le « pull DDE ». Puis, tout en secouant la
tête et murmurant pour elle-même, sa femme se rendit dans la
cuisine préparer le petit-déjeuner des enfants.
Ce
jour-ci, qu'il avait oublié alors presque aussitôt mais qu'il se
remémorait à présent parfaitement, était celui où son corps
avait commencé à perdre de sa substance. Comme la fois où, petit,
il s'était regardé, impuissant, devenir graduellement invisible.
Comme avant, le rebouteux fut contacté, mais celui-ci refusa de
faire quoi que ce fut, prétextant que les astres ne devaient pas
être détournés de leur course une fois de plus.
Son
ombre devint plus noire encore, et lui disparaissait chaque jour plus
en plus. Il devenait transparent, et au fil du temps, lorsqu'il
clignait des yeux, il se retrouvait à la place de son ombre. Sa
perspective changeait à chaque réveil, et de plus en plus souvent
il se retrouvait à regarder sa femme et ses enfants en
contre-plongée, ou alors d'un angle bizarre, toujours décalé.
Il
perdit son travail et le sommeil et sa femme partit « quelques
temps avec les enfants, en attendant que tout rentre dans l'ordre »,
comme elle avait dit. Son corps perdit sa substance tout-à-fait deux
jours après. Il n'avait plus aucune consistance et seule la
sensation vipérine de son ombre subsista. Il n'avait d'autre
interaction avec le monde palpable que celle-ci. Elle fut totale,
symbiotique. Il ne vivait plus que pour glisser sur le monde. Mais le
monde prenait peur à la vue de cette ombre sans corps. On le prit à
part, on lui expliqua qu'on comprenait bien sa situation, mais on le
pria de rester chez lui. Alors il décida d'explorer le monde la
nuit, et là plus personne n'avait peur de lui. On discutait avec
lui, même. Certaines femmes aimaient le mystère qui se dégageait
de lui, elles aimaient qu'il les touchent, les caressent, les
effleurent. Lui adorait les voir se tordre de plaisir sous lui, les
enveloppant tout entières dans son ombre.
Mais
les nuits étaient longues, et solitaires. Il eut un pressentiment,
un soir, qui se confirma quelques temps plus tard : son ombre
s'étiolait à son tour. À son tour, elle devenait transparente. Et
les nuits furent plus longues encore. Il ressentait de moins en moins
le monde autour de lui. Et alors que la longueur de la nuit aurait dû
chanter à ses oreilles, il n'avait plus le cœur à cela. Il était
triste. Ainsi, par une nuit sans lune, comme il n'avait plus que cela
à faire, il sortit de sa maison, ondoya sans bruit sur les graviers
de l'allée et se fondit dans le voile de la nuit. Pour toujours,
enveloppant le monde, il serait l'hombre.
Phrases And Philosophies For The Use Of The Young
"One should always be a little improbable."
Oscar Wilde, poet, dramatist, journalist, editor etc...a writer (1854-1900)
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Sunday, 12 February 2012
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