(Je sais je suis en retard, mais faut savoir se faire désirer (ou plutôt gérer les soucis dans l'ordre dans lesquels ils arrivent), je raconterai tout dans l'épisode berlinois). Bonne lecture !
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Aaaaah msterdam ! Ville d'eau, ville du vice, ville du calme et des vélos. Que dis-je, royaume des vélos ! Des vélos si raptors que l'on ne sait parfois plus où garer le sien ! N'empêche que toute la ville et le mode de vie de ses habitants tournent autour de ce moyen de locomotion aussi vert que les parcs ,qu'ils ont en abondance.
Une chose qui m'a particulièrement frappé ici, c'est que personne ne vous dévisage d'un sale œil. Habillés en clochard ou en star d'un soir, puant la pisse ou le cannabis, on vous prend tel que vous êtes sans se prendre la tête (notez l'effort des rimes). La devise étant, selon Caroline (Amstellodamoise pure souche) : « tant que tu ne m'emmerdes pas, tu fais ce que tu veux. » A ne pas prendre au premier degré, mais on comprend bien l'état d'esprit. Les gens vous laisseront vous asseoir à leur table s'il n'y a pas d'autre endroit, discuteront un brin avec vous si le cœur leur en dit, et plus si affinités.
Je suis allé, pour cela, non pas dans ce superbement éclectique Quartier Rouge où la viande sèche derrière les vitrines bien propres, où le cannabis et autres substances végétales hallucinogènes embaument chacune des ruelles, où les touristes en mâle de testostérone arborent des sourires gênés et où celles qui les accompagnent voient leur curiosité piquée au vif – il faut dire que le maillot des demoiselles qui vous accueillent à bras ouverts (voire plus cela va de soi, moyennant finances, cela va de paire(s de c....)), est effectué au micropoil, d'une main de maître, sur l'ensemble de la surface du corps – mais bel et bien dans de quartier De Pijp (prononcez « païp », comme l'anglais « pipe ») où l'on ne pratique pas cet art consommé du Red Light District, mais où une partie de la jeunesse active de la ville se retrouve jusqu'à pas d'heure dans les quelques bars du coin – coin qui, d'ailleurs, tirerait son nom de pipe de par sa forme vue du septième ciel.
Plus à l'ouest de ce quartier tranquille, hormis le marché permanent (sauf le dimanche !) qui s'étire sur une longue rue déjà bien animée, je suis allé traîner mes guêtres dans le quartier du (attendez je prends mon guide) du Leidseplein (à prononcer LedZepplin tout d'un trait, si je ne m'abuse). Riche culturellement, avec le Rijksmuseum, le musée du diamant (pas fait parce que pas le temps et trop cher), le musée municipal et celui de notre ami et regretté Van Gogh. Seul ce dernier établissement de peinturlure a su capt(iv)er mon attention jusqu'au bout, le premier étant en partie en travaux. D'ailleurs, je passe mon coup de gueule ici, et maintenant. Imaginez-moi donc le visage empourpré, les veines du cou saillantes et la rage dans la voix : c'est le bordel ici, tout est en travaux ! La gare centrale, le Rijksmuseum, le palais royal, des églises à la pelle (et pas à l'appel, quoique), toute l'avenue Damrak/Rokin et j'en passe et des meilleurs ! Ah ce sera chouette Amsterdam dans dix ans ! Non seulement ils polluent le paysage, mais en plus ils réduisent la surface visitable des musées, et c'est pas comme si le billet d'entrée était donné...RAAGH !
Je suis donc allé calmer mes nerfs à vif dans le Vondelpark...oasis de bien-être, de calme, de sérénité dans cet univers technocratique en perpétuel chantier. En résumé et en un mot comme en cent : le Vondelpark c'est wunderbar ! Grand, bordé d'arbres et constellé d'étangs, sillonné de pistes cyclables et recouvert d'herbe verte et tendre (déconseillée au fumeur cependant) où l'un des nombreux plaisirs reste celui de la sieste.
J'ai beaucoup aimé, dans le même style, ma promenade de cet après-midi, dans le quartier du Jordaan (sans Mickael) : on se croirait à Notting Hill, mais à la sauce hollandaise (depuis le temps que je voulais la caser celle-ci, mais je ne me voyais pas la balancer au milieu du Quartier Rouge ! Et mine de rien, je suis content de moi.) Flânerie vélocipédique, culminant, pour reprendre des forces perdues à trop lorgner sur les canaux (rien de sexuel, croyez-moi, même si les Amstellodamoises demeurent agréables à l'œil, voire plus, cela s'entend), dans la contemplation, la photographie, puis l'absorption non point goulue mais hautement respectueuse et sacro-sainte, d'une sublime tarte au citron meringuée chez Pompadour, Huidenstraat, dans Jordaan. La Marquise n'y est pour pas grand chose dans ce petit travers que j'ai depuis tout petit pour les tartes (au citron, je le répète, on n'est jamais trop prudent), mais ce qu'ils font là-bas tient du divin. Je n'ai pas goûté aux autres spécialités, comme les macarons et autres gâteaux au nom aussi farfelus que ceux susmentionnés, ne voulant point polluer mon palais qui se souvient encore du savoureux de la meringue.
Il me fallait bien ça, vu qu'en fin de matinée je suis allé visiter la maison d'Anne Frank. Pas joyeux-joyeux, mais hautement intéressant, avec une foultitude d'explications. Il m'a fallu affronter des hordes de touristes, sous un soleil de plomb, pendant trente longues minutes. Il paraît qu'on peut réserver par Internet...je m'en veux un peu. Bref.
Hier soir donc, à la terrasse du Chocolate Bar, où j'ai rencontré Suuzie, Pauline et ùµ%^£:§ (ça ressemblait à Charlotte, mais avec des gutturales à toutes les syllabes à faire trembler les murs de la cathédrale de Chartres), je me suis entendu dire que la vie à Amsterdam n'était pas si trépidante que cela. Certes, il y a le Quartier Rouge, mais le gouvernement veut « l'assainir », nonobstant le fait que ce lieu hautement touristique est aussi un lieu de pèlerinage pour les aficionados de beuh et pour les les bœufs qui veulent officier auprès de la gent féminine et débridée (on en trouve bridée aussi, pour celles et ceux que cela intéressent). N'oublions pas ceux qui viennent y perdre leur virginité sur un coup de tête, après un pari stupide ou « tirer leurs dernières cartouches » avant de se faire passer la corde au cou(illes). L'endroit a encore de beaux jours devant lui, mais pas grâce aux autochtones.
Certes, il y a des parcs partout, des canaux partout, de belles maisons, un cadre splendide...mais cela ne fait pas tout. En fait, il y a quelque chose d'assez intriguant ici à Amsterdam (au cas où certains auraient perdu le fil, je parle de cette ville, capitale d'un pays pas si bas que ça), c'est l'absence de bâtiment grandiose, d'édifice surdimensionné ou démesuré, de coup d'éclat architectural. Rien n'accroche l'œil comme la tour Eiffel ou Big Ben. Tout réside dans l'atmosphère générale, dans cet art de vivre en lien permanent avec la nature, avec la mesure de toute chose, dans ces rues paisibles où il fait bon vivre, sauf quand on a vingt-trois ans et la vie devant soi.
Je ne dis pas non plus que c'est une ville pour une population du troisième âge, sorte d'immense maison de retraite, c'est juste que, visitant la soi-disant rue préférée des Amstellodamois (je l'aurai bien casé celui-là aussi), plébiscitée par tous selon les dires du guide, je me suis vu dans une rue tranquille, où pas un son ne filtrait sauf celui des oiseaux, à deux pas d'un canal mais pas le long d'un, bordée d'arbres cachant des façades ouvragées mais sobres, avec parfois des tables et des chaises sorties sur le petit lopin d'herbe devant la maison. Comme dans un village. Et c'est cela la force, et aussi ce qui peut inspirer une certaine répulsion à vivre ici pour certain(e)s, de la ville : elle est constituée de plusieurs villages (après vérification, ils appellent cela des hofjes, et même si à l'origine le terme s'applique spécifiquement, je pense être en droit de me l'approprier et d'étendre son signifié), qui s'articulent entre eux au gré des affinités électives (voire électorales ?).
Voilà pour Amsterdam ! Je me suis bien amusé, mais demain il y a Berlin. Alors j'ai rechargé les accus un peu cet après-midi, je file à la douche, puis je file enfiler ma tenue de Friday Night Fever, puis c'est direction De Pijp pour un dernier verre de vin (avec Suuzie peut-être, mais c'est là que nous allons tester la fidélité amstellodamoise (c'est le dernier, promis) et en route pour 650 kilomètres de folie douce jusqu'à la ville où je vais (me) faire le mur, enfin !
Et une dernière chose, une sorte de fulgurance dans mon esprit : non, je n'ai pas vu de hamster dame, je ne traîne pas dans les animaleries, même pour une blague (quoique...)
From Europe, with love.