Monday 31 August 2009

Partir, rester

Venir de loin et partir de tout
peu importe les distances
peu importe le destin
c'est partir qui compte
partir pour ne pas regretter
sa mort loin du but
loin de sa destination,
loin de soi
loin, c'est pourtant loin
et pourtant
il faut
partir
il le faut.


Rien de tel que de rester
parmi les siens
la douce chaleur du foyer
le calme des nuits.
Sentir le repos vibrer
dans la maison où rien ne manque.
Le sommeil du juste
là seul où l'on peut le trouver.


Je m'en vais. Je m'en vais.
Puisque tout abandonne
J'abandonne tout.


Se retrouver sous une tonnelle l'été.
Une orangeade, avec ou sans glaçons.
Les abeilles dans la lavande.
Un enfant sur les genoux
dessinant la corbeille de fruits
posée sur la toile cirée
où se dessinent les ronds ambrés
des mazagrans.


Partir sans mot dire.
Partir et maudire.
Envoyer au diable.
Sans se retourner.
S'ils veulent se désister,
alors je partirais.
Ne rien avoir pour n'avoir rien à perdre.
Assez de la déception.
S'il faut être seul, je le serais.
Je n'attends plus rien,
parce que oui, ma faute fut d'attendre
quelque chose,
une présence peut-être.
Un geste peut-être.
Ne manque plus qu'une personne à partir,
et je pourrai dire:
je m'en vais. Je m'en vais.
Et allez au diable.


Prendre son temps, livre devant soi,
Page à page
Ligne à ligne
Mot à mot.
Le temps, il y en a toujours.
Des livres, une éternité.


Ras-le-bol. Marre. Overdose de vie.
Plein le cul de cette mièvrerie surannée.
Je me casse.


Les gens qui partent se mentent à eux-mêmes.
Ils fuient. Alors qu'au contraire il faut rester.
Nous n'existons que dans la mesure où nous restons ensemble.
La solitude n'amène rien. Elle est stérile.
Prodrome à la mort sociale, à la décrépitude.
Rien de tel que d'avoir les siens,
que d'appartenir à quelque endroit,
à quelqu'un.


Honnêtement, quoi de plus affligeant
que ce communautarisme
qui passe les individus pour des gens,
que ces instants photographiés
répertoriés, classés comme des cartes.
Que ce vivre-ensemble qui résume tout,
la quintessence des relations humaines.


L'impossibilité de vivre loin des miens.
L'incapacité de dénouer les liens.
La volonté d'aller de l'avant avec.
L'espoir de ne pas finir seul.


C'est la recherche de l'horizon qui importe,
le trésor au pied de l'arc-en-ciel.
Les clairs de lune sur les montagnes,
les levers de soleil sur les steppes,
les orages alors qu'on traverse un bras de mer,
les ruines des anciens holocaustes,
les catafalques d'absurdes mais convaincants sacrifices.


Il n'y a que dans son sang que l'on trouve le bonheur,
dans le sien propre et celui des nôtres.
Seul le lieu de notre naissance nous promet la vérité,
seules nos racines peuvent nous sustenter.


Notre foyer nous suit comme notre ombre,
nous sommes nous-même dans notre cœur.
Si notre cœur parcourt dix mille et une lieues,
alors à cette égale distance vivra notre foyer,
vivra là tout ce dont nous avons besoin.


Mieux vaut faire le tour de soi-même que le tour du monde.


Même s'il faut revenir au point de départ, partir était vital, partir valait la peine de tout quitter.

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