Monday 12 October 2009

Croquis du cadavre exquis / Sketches of the exquisite corpse

Pourquoi ne pas aller faire un tour sur le blog de Bino admirer les belles illustrations du cadavre exquis?

http://binoland.blogspot.com/

Ya que du bon!

Cadavre exquis #3 (Un peu dur, j'admets...)


    Kaki de colère que sa copine le quitte, le canard caquetait comme un coq. cacophonie, concert de cris!canard canaille pérorait grands eclats à se casser la caboche!

Exquisite corpse #2 (Many thanks to Anon.!)


    I saw the suspicious man turn around the corner with a potato in his hand. He entered the "Prancing Pony", a pub on the right-hand side of the narrow street, with his hat on. There was nothing particularly wrong with his porkpie hat apart from the odd combination of pigeon and peacock feathers pinned down at the front. He ordered a pint and paying no heed to the stuffed partridges posing on the wall, put his posterior down. The pub was empty but suddenly a pale-faced old woman came in, paused then approached him and said: "Password?" Putting his palm out, he produced the potato and said: "This is a pipe". Pleased, she took a peony out of her pinafore's pocket, a petal fell down so he picked it up, patted it and gulped it. With a puckered-up face, the woman said: "Pugh! Puff a bit at your pipe or you'll puff up Props Man!". He was indeed a privy prop person who had to put up with plain people on a permanent basis. "SO, what's this problem that's so pressing?" "I'd like to borrow a prop for a play, a pretended painting named 'Treachery of Images'. Please tell me what the price is?" "It's a twopence. The play is about pretence? Then perhaps you can borrow my porkpie pigeon-and-peacock-feathered hat, and the person underneath it." So the woman bought a pig in a poke and the props man took a part-time part in a play pretending, poker-faced, to be a painting on a partition-wall.

Thursday 8 October 2009

Vingt-quatre heures chez les hommes

Une heure vient et son cortège d’insomniaques
Deux heures vient et ses suicidés somnambules
Trois heures vient et ses femmes et les démoniaques
Quatre heures vient et ses poivrots qui déambulent
Cinq heures vient et son soleil commence à poindre
Six heures vient et ses éboueurs nés dans l’ombre
Sept heures vient et ses bancs commencent à geindre
Huit heures vient et sa lumière éteint le sombre
Neuf heures vient et ses hommes grouillants de vie
Dix heures vient et ses mortes feuilles frémissent
Onze heures vient et ses affamés pleins d’envie
Midi vient, ses heures fatiguées retentissent
Treize heures vient et ses badauds surexcités
Quatorze heures vient et son voleur se réveille
Quinze heures vient et ses amours si dépitées
Seize heures et ses enfants qui s’émerveillent
Dix-sept heures vient et sa fin de journée
Dix-huit heures vient et ses lampadaires brillent
Dix-neuf heures vient et ses pétales fanés
Vingt heures vient et ses vils foyers qui babillent
Vingt-et-une heures vient et ses estomacs pleins
Vingt-deux heures vient et ses crevés de faim
Vingt-trois heures vient et ses dormeurs contents
Minuit vient, ses si longs cortèges de mourants.
(10/09/2001)

Sunday 4 October 2009

Cadavre exquis #1 (Merci à Bino, Chab et Caramel) Ne pas hésiter à commenter ou même, à continuer si le coeur vous en dit


    Il était une fois un lapin qui était toujours dans les choux à chercher la petite bête. Il l'avait perdue pendant qu'il bêchait alors qu'elle se trouvait dans sa poche percée par les clefs de sa grande maison en patate douce. Il était bien embêté, il en avait besoin, de cette petite bête, car elle l'aidait à préparer son alcool de carotte. En effet ce lapin possède une usine de jus divers et variés, dont le fleuron était ce qu'il appelait sa gougoutte de carotte. La gougoutte était appréciée de tous même des castors de la rivière d'à côté qui, déguisés tels des lapins de choux, venaient la nuit s'en emplir les bajoues. Mais où diable pouvait bien être cette petite bête? Heureusement, le mouton de l'herbage voisin, toujours à la page, l'avait aperçue les quatre fers en l'air en train de farnienter allègrement en haut de la colline aux clémentines. Le lapin fut bien content de retrouver la petite bête qu'il avait tant cherchée mais...

En eaux troubles



       « Y'a trop de gîte! » « Y'a trop d'assiette! » Ça gueulait sec par dessus le vent.
       « En tout cas je me sens ni dans l'un ni dans l'autre! » Le navire roulait, tanguait. Les flots spiralaient, les lames bordaient chaque flanc. Il sentait la saucisse de ce midi remonter, accompagnée de ses lentilles. Bon dieu qu'il faisait froid, le slush arrivait doucement. Il était de quart et il faisait nuit noire, il y avait un vent à décorner quelques vaches et on avait l'impression que le vent ne soufflait pas dans une mais dans toutes les directions. Sa deuxième année en mer et la première fois où il ne se sentait plus dans son élément. Le moral dans les chaussettes et l'estomac dans les talons – ou la gorge. Il fallait se concentrer sur les ordres du timonier. Le pauvre bougre barrait comme il pouvait, le commandant étant nonchalamment allongé dans sa cabine à cuver son vin. Ils allaient passer un sale quart d'heure.
       Qui, en fait, en dura quatre. Son quart complet. Le soleil se levait à peine et l'horizon se dégageait au même moment. Ils avaient failli démâter trois fois, on écopait encore sacrément d'en bas et les mines des matelots, oscillant entre le teint cireux hébété et la sale gueule grise de pas rasé, moroses et cernées, témoignaient de la violence de la tempête. Ils en avaient vu le bout. Le navire voguait maintenant en ligne droite, ni tangage ni roulis.
       La saucisse était loin derrière, surnageant dans son bain de lentilles océanique. Il regardait les mousses s'affairer sur le pont, en bon petit chouff. N'empêche que c'était un sacré chantier. Il y avait encore sacrément du vent: un bachi se prit pour une mouette et vola dans les airs. Il regarda tristement le pompon rouge se poser délicatement sur une vague, venir taper la coque puis s'enfoncer dans la masse noire et écumante. Puis il l'entendit. Un bruit sec. Il tourna la tête. Un bon bruit de métal qui se tord et qui n'aime pas ça. Rien de son côté. Bof, il avait dû rêver, le vent aura fait rouler quelque chose contre le bastingage, une mouette qui se sera payée la coque en plein vol.
       Décidément, on se les gelait toujours autant, il rentrerait bien au chaud, lui. Il fit deux pas vers les cabines lorsqu'il l'entendit de nouveau. Une autre mouette? Probabilité en deux minutes: Zéro. L'autre chouff arriva, il avait de beaux cernes. « T'as entendu ça? » « Ouais, c'est à l'avant. » Là-bas, dans les lueurs de l'aube, ils purent distinguer, nettement, sans ambiguïté, une épaisse couche de glace se former sur la paroi externe de la coque. Les embruns semblaient être comme tous les embruns, à ceci près qu'à l'instant même où ils touchaient la paroi de la coque ils gelaient. Et comme il y avait un sacré paquet d'embruns, il y avait une sacré couche de glace. Encore le bruit de métal. Le navire, plombé par le poids à l'avant, piquait du nez, basculait ostensiblement sa proue vers le fond, sa poupe vers le ciel.


       Il est là peut-être parce que sa grand-mère venait toujours là. Il ne sait pas trop. Personne n'y venait, pas même les animaux qui évitaient soigneusement l'endroit. Le lac du diable. Ces eaux stagnantes n'ont pas mauvaise réputation, elles sont maudites. Sa grand-mère fut brûlée pour sorcellerie et emporta avec elle les secrets du lac. C'est d'ailleurs pour cela qu'on la brûla. Elle avait pour habitude de dire que ses eaux étaient pures, mais qu'elles se méritaient. Pas un poisson, pas une herbe, une simple étendue d'eau stagnante, si peu profonde du rivage qu'on en voyait souvent le fond – sa grand-mère seule en connaissait la réelle profondeur. Mais veniez-vous perturber sa surface qu'elle se figeait aussitôt, emprisonnant votre main dans une gangue de glace. Petit, il avait douté de ces histoires à dormir debout et jeté une pierre au beau milieu du lac. Rien ne s'était passé. Il était reparti satisfait. Le lendemain, sa grand-mère jeta à son tour une pierre: les ondes se propagèrent un instant puis se pétrifièrent, dessinant en de sinistres craquements des ridules blanches comme le marbre sur le lac entier.
       Vingt ans plus tard, jeune capitaine à la tête d'une centaine d'hommes, le voilà, mû par l'instinct, sur les rives du lac. Il fait installer un campement de fortune. Les hommes et les chevaux doivent se reposer et puis, de toute façon, leurs poursuivants les rattraperont tôt ou tard. Ils fuient depuis trois jours maintenant, au beau milieu de l'hiver. L'armée est décimée, le commandant est mort, ils ne feront pas tomber ce gouvernement véreux. Ils ont échoué. Mais les autres ne sont pas morts pour rien, et eux comptent bien vendre très chère leur peau. Ils mourront au champ d'honneur, après un dernier baroud. Il fait prévenir les hommes de ne pas faire boire les chevaux dans le lac: on ira chercher de l'eau en cassant la glace de la rivière à une centaine de mètres au nord, on fera fondre de la glace au-dessus du feu. Oui, l'ennemi verra les feux. Oui, cela va sans dire: c'est ici que le dernier affrontement aura lieu. Le corps de l'officier se raidit, brusquement. Il faudra établir des rondes.


       Armés de gaffes ils grattaient la coque. Rien n'y fit, la glace continuait de s'accumuler. Le navire s'enfonçait proue en avant. Peu avait déjà entendu parler de cela, aucun ne l'expliquait sans avoir recours au surnaturel ou au mystique. Ils n'avaient d'autre choix que de réveiller le commandant.


       Ils n'ont pas mis longtemps à retrouver le campement. Le scout est revenu pantelant, haletant des volutes de buée. Ils sont de l'autre côté du lac. Ils ne lui ont laissé la vie sauve que pour faire passer un message: ils doivent se rendre. Ils seront jugés équitablement. Le scout le scrute. Il le regarde droit dans les yeux: les hommes doivent se rassembler de leur côté du lac.


       Il n'y avait plus qu'un mètre et demi entre la ligne d'eau et le bastingage. On voyait un bon tiers du gouvernail hors de l'eau. Le vent coupait les chairs, gerçait les lèvres, et toujours les embruns se solidifiaient sur la coque.
       « Quand j'ai vu le whiskey dans mon verre qui n'était pas dans son assiette, j'ai compris tout de suite. » Le commandant était là, bien stable sur ses pieds alors que nous cherchions à nous rattraper aux bastingages, étonnamment sobre malgré une haleine à vous faire boucler les sourcils. « C'est rare mais ça arrive, surtout à ces latitudes. Du froid, du vent et l'eau est bien en-dessous de zéro et ne gèle pas. C'est comme ça. Au moindre contact avec un objet paf elle gèle. Regardez le mât. Regardez-vous vos gueules de stalactites. » De fines perles collées entre les cils, dans les barbes hirsutes, de la morve congelée au bout du nez. « On va changer de cap pour glacer à tribord tant qu'on est dans le slush, ensuite on glacera la poupe et ainsi de suite. Le vent va nous éloigner un brin de la route mais bon, on peut pas y faire grand chose. Le temps finira bien par changer. »


       Ils sont bien là, alignés en trois vagues successives d'une centaine d'hommes chacune. Leur commandant en tête de cortège. Ils s'impatientent à mesure que ses hommes se positionnent. Lui aussi en tête. La lune est derrière lui, au raz des arbres. Le soleil se lève derrière l'ennemi. Des lueurs orangées, roses, rouges se découpent sur l'horizon. Il met ses mains en porte-voix:
       « Quelles sont les conditions de notre capitulation?
       _ Vous aurez un jugement équitable.
       _ Tous?
       _ Tous? Quoi tous? Non mais vous rêvez! Seulement vous serez jugés, les autres seront exécutés! [silence] Ce sont tous des traîtres! [silence] Rendez vous, vous n'avez aucune chance à trois contre un!
       _ Vous voulez ma tête? Vous voulez celle de mes soldats? Alors venez les chercher vous-même! » Les ordres sont simples, les soldats doivent les respecter à la lettre. Il ne faut pas bouger. Ils vont charger. Il ne faudra attaquer que lorsqu'ils seront près du rivage. On montera alors les piques préparées en toute hâte. Ça freinera quelques ardeurs. Ensuite il faudra charger, en deux vagues.
       « Préparez-vous à vivre l'enfer, insurgés! Chargez! »
       Les voilà. Les chevaux piaffent d'impatience, leurs hennissements emplissent l'air d'échos insupportables. Ils se cabrent, puis s'élancent. Ils sont déjà lancés au grand galop lorsqu'ils atteignent le lac, qu'ils s'enfoncent dans ses eaux. Les cavaliers ont de l'eau jusqu'aux chevilles. Les armes au poing, vociférant.
       Puis un bruit de verre brisé, des craquements sourds, insistants, fatidiques. L'eau du lac sous les yeux ébahis se fige, se contracte. La première vague de cavaliers est stoppée net, pétrifiée dans une carapace de glace. Statues détaillées, minutieuses jusque dans le mouvement figé des crinières, des muscles tendus des cous. Le combat contre l'élément en un spectacle immobile, que le capitaine regarde émerveillé. Dans ses yeux des larmes de reconnaissance, de joie et pour lui et son armée, le destin chaotique de la fuite et peut-être, beaucoup plus tard, l'opportunité de pouvoir se battre de nouveau. Dans les yeux des chevaux de glace, dans les rictus des cavaliers, dans cette main seule qui émerge au ras de la glace, comme coupée nette et posée là simplement, l'incompréhension et la terreur.

Grimoire de l'agônie - Dictionnaire du poème

Grimoire de l'agônie                                                                                                                                            

L'agônie

L'agônie                                                                                                                                            

Thursday 1 October 2009

Null and Void


“What matters ain't the notes, but the silence between them.” Theoretically attributable to Miles Davis.
      We could have started this story with Miles Davis, but we won't. We'll rather travel through space and time, and then travel again through more space and more time and land in the densely uninhabited village of Worden, Wisconsin, USA, 657 souls at the last count. There is the home of John Michael Collins III, 14, who is on his way to “vomit” in the dictionary (he is bored since 10 o'clock (when he woke up)) and stumbles on the word “void”. His eye was caught more like. There he sees: “'void /vɔɪd/ adj., n., & v. *adj. 1a empty, vacant” Just like this afternoon. Empty, vacant, 3 useless and void of interest afternoon. * n. 1 an empty space, a vacuum (vanished into the void; cannot –”  Why the heck are there two u's at the same time in the same word? Looks like one of 'em darn Latin words Miss Putman uses. Yuck. Let's go to vacuuuumunum. It's just a few pages away anyway. So, “vacuum /'vakjʊəm/ n. & v. * n. (pl. vacuums or vacua /jʊə/) 1 a space entirely devoid of matter”. Wow. If he got it right there was things that had nothing at all in 'em.
      Funny thing, a dictionary. He didn't know he had one until he found it under the bed which his father kept in the attic. Not precisely under the bed, but under one of the legs of the bed. Anyway. That was the closest thing to something remotely interesting he could lay his hands on. The attic was devoid of interest since he had perused every and any odd items up there. Boring area now.
      Anyhow he was intrigued, but he couldn't check anything now. He could still have a go at the crack but he just wasn't sure. His dad had changed the code yesterday evening. Without it he couldn't surf on the Net. All this parental control thing was just too much for him. The post-it read: “Daily allowance: 1 hr”. ONE hour. He should report his parents. And when he actually was surfing he couldn't even google such things as “sex”. The keyboard didn't allow him to type the letters in a row. He cheated of course and put spaces between the letters which he deleted afterward. But then the search was blocked. He had another hour to wait. He decided to go for it.
      Keyboard in hand. He had three tries before blocking everything, after that he would have to wait for his father to go back home and unlock the damn thing. Yelling would be involved. Cursing too. OK. First try: “Rebecca.” No. He had already tried that about a month ago. He actually thought his dad was stupid enough to put the same password twice, but that didn't work. “Johnstopitnow” didn't work either, even though his dad seemed to repeat this same sentence again and again. Last chance: win or wait. He pressed the Enter key. Hourglass. Hourglass. More hourglass. Black screen. White screen. Desktop. “Ohmygoditworks!” he yelled. His dad hadn't put any password, or rather the password was...yeah...void. Vacant, empty. Another reason to google it. He was smirking, he saw it in the reflection of the screen as the page went dark. V-o-i-d, Enter.
      Images flickered on and off; concepts floated by; he was in a stream of information and before he realised it he was swept away. Some of the things in there he didn't understand a word of. But he did get one thing: void was everywhere. It was what defined words: signs put together separated by spaces on each side. Even the letters were composed of a skilful arrangement of lines and voids, best example being the “O”, which was nothing but void circled by the thinnest black line and then more void. Notes were defined by the silences on either side of noise. The vastest areas of void were to be found in the universe, which defined the filaments, which were masses of galaxies huddled together. Together wasn't even the term because void was to be found between each and every star, planet, exoplanet, shooting star, black holes. A planet was bordered on all sides by void. Every human was some mass with a limitation. However huge could a man become, he was still formed from matter and surrounded by void. Each and every one of our cells – or for that matter any molecule of any object, living thing or solids – was an intricate structure of molecules surrounded by void. Matter and void. Molecules formed from smaller particles themselves circled on all sides by void, however infinitesimal. Those...quarks were supposed to be the smallest things on earth. He knew there ought to be smaller things. He would find out, even if it would take his entire life. He wanted to find out why there was so much void around us, why it was so important it defined every thing, from the biggest to the smallest. At least it would fill his day, and he wouldn't be bored anymore. John Michael Collins III would agree ending this story with the Tao-Tö King, whom he doesn't know, yet: “We shape clay into a pot, but it is the emptiness inside that holds whatever we want.”


thirty thousand people

The day was torn and grim birds yet began to sing as if they knew nothing’s eternal and old gives way to new that man, one day, will fall t...