“. . . a stone, a leaf, an unfound door; a stone, a leaf, a door. And of all the forgotten faces.
Naked and alone we came into exile. In her dark womb we did not know our mother's face; from the prison of her flesh have we come into the unspeakable and incommunicable prison of this earth.
Which of us has known his brother? Which of us has looked into his father's heart? Which of us has not remained forever prison-pent? Which of us is not forever a stranger and alone?
O waste of lost, in the hot mazes, lost, among bright stars on this weary, unbright cinder, lost! Remembering speechlessly we seek the great forgotten language, the lost lane-end into heaven, a stone, a leaf, an unfound door. Where? When?
O lost, and by the wind grieved, ghost, come back again.”
in Look Homeward, Angel: A Story of the Buried Life (1929) by Thomas Wolfe (1900-1938).
Never discard the words of anyone whom you cannot say for certain if they are a genius or a mad person.
"There are two possible outcomes: If the result confirms the hypothesis, then you've made a measurement. If the result is contrary to the hypothesis, then you've made a discovery."
Enrico Fermi, physicist and Nobel laureate (1901-1954)
Apparently this is what these people have found out. They were scientists in their own rights, showing us that what we thought was obvious was indeed...a discovery several orders of magnitude less tantalisingly promising than they initially thought (Darwin Award for the win).
Maman me disait toujours de ne pas toucher – on ne savait pas où ça avait traîné.
Ce n’est que plus tard que j’ai su dire que si on touche les lignes, les ombres des objets, leur forme, on peut discerner leur intention, leur fin en soi en elles inscrite.
Maman ne voyait pas tout ça – les histoires – les longs trajets pour venir jusqu’à nous, que le cercle de café laissé par la tasse cartographie un dessein en croix rouge et tirets – pour elle un hic sunt dracones – – pour moi un coffre au trésor.
Elle ne voyait pas que les humeurs des objets, que leurs couleurs, leurs textures et sonorités n’étaient qu’expressions d’origine et de destination – la tasse joyeuse dans son clinquement de faïence – la table de cuisine au bois de chêne fatigué des ans – l’ombre de la cuiller, suspendue insolente dans le vide – le blanc jauni du tapis à l’entrée, ses tâches de sang en filigrane qu’on n’a jamais réussi à ôter tout-à-fait.
Alors je touchais, malgré l’interdit et les froncements : découvrir, savoir, valaient toutes les réprimandes – le goût, la texture, l'inclinaison du café – le chaud de la tasse, le froid de l’anse – l’instabilité acquise de napperon – l’infime défaut dans la porcelaine toutes ces clefs de cartes ont un sens un but et une fin empreints de direction, à qui prend le temps d’apprendre à les lire.
Ce n’est que bien après que j’ai su que les gens étaient aussi des histoires, – on voit l’ombre hésitante, la ligne des mains hargneuses – les commissures des yeux chantantes, pleines de soleil – la tristesse des paupières lasses, l’abattement des lèvres – le dessin des fronts des dormeurs, et ceux des veilleurs.
Malgré la vieille injonction je touche donc les gens, pour lire leurs cartes avec un œil curieux et tolérant, avec des paroles qui les caressent comme une main amie, des attentions de pied-de-vent, des subtilités de canopée qui révèlent les lignes, les humeurs, les creux et les pleins – d’où les gens viennent, où ils vont, pour quoi, pourquoi – parce que déchiffrer vaut tous les heurts du monde – il est des sentes de peine et des percées de fierté qu’on ne soupçonne pas, cachées en l’œil fuyant, défiant – des tranchées de faille et des lignes de fête dans les rides – dans les plis où la lumière affleure, comme prudente.
Maman n’est plus là pour me dire de ne pas toucher, m’interdire de révéler où justement ça avait traîné – parce que mes coffres étaient ses dragons – avec le temps j’ai appris à apprécier la charge des champs – que des choses et des gens ont des cartes qui envoûtent, comme des promesses d’histoires d’amour et de colère, entières de sensations d’horizons dénudés, – tandis que d’autres ont une force d’étreinte de quasar – et d’autres des griffes de trou blanc qui harponnent – oui, il y a de quoi avoir peur, mais il y a aussi de quoi aimer –
À bien y réfléchir, elle me disait de ne pas toucher peut-être parce qu’elle savait, qu’elle avait senti le poids des cartes en dépliant les sens, par cet instinct à double tranchant de découverte, – le poids du bruit de pas au mitan de la nuit – – la saveur d’un fruit qui a mûri trop vite – et en bonne mère voulait me prémunir du ballast – celui dont la force de la gravité plombe et agrippe comme un aimant – celui dont le temps qui le compose, plus visqueux que la mélasse, pèse sur les épaules comme un joug de misère – – lest maudit souvent, amalgamant rêve et réalité, faisant surgir des dragons de coffres –
peut-être que oui, j’aurais dû suivre l’ordre – je serais encore adéquat, peut-être, libre de coffres et de dragons, ignorant certes, mais ici, présent, et désinvolte.