Friday, 13 October 2023

Unmovable

 
I have built entire cities
blown rivers off their course
levelled mountains to nought
wrote whole libraries
shaped universes

the only thing I couldn't move
which proved too much
for my hands and my heart

was you
 

Azure eye

 

Pornichet (France), 2021

Tuesday, 10 October 2023

if/and

 
If I were a piece of paper,
I’d probably burn myself.

If I were a car, I’d crash
or run myself over a cliff.

If I were a particle, I’d box
myself in with a cat, and wait.

But I am none of these things,
I am not sure of what I am, exactly.

I am not sure of what I am not either,
but that hasn’t got me very far.

Perhaps, perhaps I should be
and not be any and all of these things.

If I were a piece of paper,
I am turning myself into a poem.

If I will be a car, I ought to
visit every corner of the world.

If I also am a particle, I am a cat
and a box and I awake and sleep.

In case of doubt, I should be and do
all and nought, unbe and undo all.
 

Tuesday, 3 October 2023

The unlost and the unfound

 
“. . . a stone, a leaf, an unfound door; a stone, a leaf, a door. And of all the forgotten faces.

Naked and alone we came into exile. In her dark womb we did not know our mother's face; from the prison of her flesh have we come into the unspeakable and incommunicable prison of this earth.

Which of us has known his brother? Which of us has looked into his father's heart? Which of us has not remained forever prison-pent? Which of us is not forever a stranger and alone?

O waste of lost, in the hot mazes, lost, among bright stars on this weary, unbright cinder, lost! Remembering speechlessly we seek the great forgotten language, the lost lane-end into heaven, a stone, a leaf, an unfound door. Where? When?

O lost, and by the wind grieved, ghost, come back again.”


in Look Homeward, Angel: A Story of the Buried Life (1929) by Thomas Wolfe (1900-1938).


Never discard the words of anyone whom you cannot say for certain if they are a genius or a mad person.
 

Monday, 2 October 2023

A measurement of discovery

 
"There are two possible outcomes: If the result confirms the hypothesis, then you've made a measurement. If the result is contrary to the hypothesis, then you've made a discovery."

Enrico Fermi, physicist and Nobel laureate (1901-1954)


Apparently this is what these people have found out. They were scientists in their own rights, showing us that what we thought was obvious was indeed...a discovery several orders of magnitude less tantalisingly promising than they initially thought (Darwin Award for the win).

Saturday, 30 September 2023

Lire les cartes

 
Maman me disait toujours de ne pas toucher
– on ne savait pas où ça avait traîné.

Ce n’est que plus tard que j’ai su dire
que si on touche les lignes,
les ombres des objets, leur forme,
on peut discerner leur intention,
leur fin en soi en elles inscrite.

Maman ne voyait pas tout ça – les histoires –
les longs trajets pour venir jusqu’à nous,
que le cercle de café laissé par la tasse
cartographie un dessein en croix rouge et tirets
– pour elle un hic sunt dracones –
– pour moi un coffre au trésor.

Elle ne voyait pas que les humeurs des objets,
que leurs couleurs, leurs textures et sonorités
n’étaient qu’expressions d’origine et de destination
– la tasse joyeuse dans son clinquement de faïence
– la table de cuisine au bois de chêne fatigué des ans
– l’ombre de la cuiller, suspendue insolente dans le vide
– le blanc jauni du tapis à l’entrée, ses tâches de sang
en filigrane qu’on n’a jamais réussi à ôter tout-à-fait.

Alors je touchais, malgré l’interdit et les froncements :
découvrir, savoir, valaient toutes les réprimandes
– le goût, la texture, l'inclinaison du café
– le chaud de la tasse, le froid de l’anse
– l’instabilité acquise de napperon
– l’infime défaut dans la porcelaine
toutes ces clefs de cartes ont un sens
un but et une fin empreints de direction,
à qui prend le temps d’apprendre à les lire.

Ce n’est que bien après que j’ai su que les gens étaient aussi des histoires,
– on voit l’ombre hésitante, la ligne des mains hargneuses
– les commissures des yeux chantantes, pleines de soleil
– la tristesse des paupières lasses, l’abattement des lèvres
– le dessin des fronts des dormeurs, et ceux des veilleurs.

Malgré la vieille injonction je touche donc les gens,
pour lire leurs cartes avec un œil curieux et tolérant,
avec des paroles qui les caressent comme une main amie,
des attentions de pied-de-vent, des subtilités de canopée
qui révèlent les lignes, les humeurs, les creux et les pleins
– d’où les gens viennent, où ils vont, pour quoi, pourquoi –
parce que déchiffrer vaut tous les heurts du monde
– il est des sentes de peine et des percées de fierté
qu’on ne soupçonne pas, cachées en l’œil fuyant, défiant
– des tranchées de faille et des lignes de fête dans les rides
– dans les plis où la lumière affleure, comme prudente.

Maman n’est plus là pour me dire de ne pas toucher,
m’interdire de révéler où justement ça avait traîné
– parce que mes coffres étaient ses dragons –
avec le temps j’ai appris à apprécier la charge des champs
– que des choses et des gens ont des cartes qui envoûtent,
comme des promesses d’histoires d’amour et de colère,
entières de sensations d’horizons dénudés,
– tandis que d’autres ont une force d’étreinte de quasar
– et d’autres des griffes de trou blanc qui harponnent
– oui, il y a de quoi avoir peur, mais il y a aussi de quoi aimer –

À bien y réfléchir, elle me disait de ne pas toucher
peut-être parce qu’elle savait, qu’elle avait senti
le poids des cartes en dépliant les sens,
par cet instinct à double tranchant de découverte,
– le poids du bruit de pas au mitan de la nuit –
– la saveur d’un fruit qui a mûri trop vite –
et en bonne mère voulait me prémunir du ballast
– celui dont la force de la gravité plombe et agrippe comme un aimant
– celui dont le temps qui le compose, plus visqueux que la mélasse,
pèse sur les épaules comme un joug de misère –
– lest maudit souvent, amalgamant rêve et réalité,
faisant surgir des dragons de coffres –

peut-être que oui, j’aurais dû suivre l’ordre
– je serais encore adéquat, peut-être,
libre de coffres et de dragons,
ignorant certes, mais ici,
présent, et désinvolte.

 

Silly little details

  You said it was the way I looked at you played with your fingertips drowned in your eyes starving your skin you felt happiness again your ...