1897
"Assailli d'idées malsaines, telles que : « Si toute ma famille, si tous ceux que j'aime par devoir, disparaissaient brusquement… Si j'étais seul, enfin… »
J'ai toujours dans ma poche un La Bruyère que je n'en tire jamais.
Rien ne vieillit comme la mort d'un père. Tiens ? C'est moi, maintenant, le père Renard, et Fantec, qui était petit-fils, passe fils.
Un petit nuage au ciel, comme une oie égarée.
La dame de compagnie qui vous accueille avec un bon sourire : c'est peut-être vous qui aurez des égards pour elle.
Les étoiles, comme de petits yeux qui ne s'habituent pas à l'obscurité.
Toutes mes journées pleines, et mon âme toujours vide.
Oui, oui, une petite femme qui garderait les vaches et lirait la Revue blanche.
On dit d'un auteur qui n'a pas de ficelles : « Il ne sait pas le théâtre », et d'un qui sait le théâtre : « Oh ! il a des ficelles. »
14 juin. Pas de génie, mais de petits génies éphémères.
Va, va ! Cherche la main divine qui nous tend l'hostie de la lune.
15 juin. L'homme, cette taupe de l'atmosphère.
Les livres frais qui sentent le cadavre, la charogne.
J'ai mal aux idées. Mes idées sont malades, et je n'ai pas honte de ce mal secret. Je n'ai plus aucun goût, non seulement au travail, mais à la paresse. Aucun remords de ne rien faire. Je suis las comme un qui aurait fait le tour des astres. Je crois que j'ai touché le fond de mon puits."
Jules Renard, Journal 1877-1910
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