Friday, 30 November 2012
Tuesday, 27 November 2012
Tidig Gryning / Juste avant l'aube
Några sista stjärnor lysa matt.
Jag ser dem ur mitt fönster. Himlen är blek,
man anar knappast dagen som börjar i fjärran.
Det vilar en tystnad utbredd över sjön,
det ligger en viskning på lur mellan träden,
min gamla trädgård lyssnar halvförstrött
till nattens andetag, som susa över vägen.
Edith Södergran, Dikter, 1916.
Quelques ultimes étoiles mates luisent.
De ma fenêtre, je les vois. Le ciel est pâle,
à peine devine-t-on le jour qui naît au loin.
Un silence s'étend sur le lac,
chuchotement à l'affût entre les arbres,
mon vieux jardin écoute un peu distrait le souffle
de la nuit qui passe sur la route.
Edith Södergran, Poèmes, 1916 (Orphée / La Différence).
Monday, 26 November 2012
Just do it
"His mother had often said, When you choose an action, you choose the consequences of that action. She had emphasized the corollary of this axiom even more vehemently: when you desired a consequence you had damned well better take the action that would create it."
Lois McMaster Bujold, writer (b. 1949)
Sunday, 25 November 2012
Saturday, 24 November 2012
Le bonheur est toujours une embuscade
« Je ne peux pas dire que j’ai été heureux, enfant. Sauf durant les étés sur l’île d’Ischia, en face de Naples. Nous y possédions un cabanon sans eau courante et ma mère nous laissait en totale liberté. Pieds nus, comme des sauvageons, en intimité avec la nature, qui elle-même n’était pas tendre : elle brûlait, piquait. Il fallait s’en défendre. J’ai donc su tout de suite que la beauté avait un prix. Elle n’était ni gratuite, ni donnée. Pour moi, le bonheur est cette possibilité d’arracher à la vie un petit butin. C’est un vol. Nous prélevons souvent le bonheur dans notre mémoire, car nous avons laissé passer le bon moment pour le reconnaître. Certaines personnes savent, le jour d’avant, qu’elles ont rendez-vous avec lui. Et, malgré cette intuition, elles ne seront pas prêtes. Le bonheur est toujours une embuscade. On est pris par surprise. Le jour d’avant est donc le meilleur… »
Interview d'Erri de Luca au sujet de son livre Le jour avant le bonheur (Gallimard, 2009). Source.
Friday, 23 November 2012
Lammaspaimen / Le berger
Lammaspaimen
Märän villapaidan tuoksusta
tunnistan sinut lammaspaimeneksi,
joka opasti sokeaa runoilijaa
antiikin nummilla.
Täällä on sokeaa sokeudettakin.
Lokakuu puhaltaa, sataa,
talot horjuvat.
Tulemme elokuvista.
Filmin viimeisillä metreille
rakastavaiset jäivät
kuolinsyleilyyn ja tähdet
satoivat heidän vuoteelleen.
Heitä ei erottanut tyhmyys
eikä viha, ei siis myrkky,
joka polttaa yhä tuhkaksi
Romeon ja Julian syleilyä.
Itse olemassaolon ristiriita,
soluun upotettua tuhon merkki
pakotti heidät etsimään
lohdutusta kuolemasta.
Kohtalo, eikä siis ihmistahto,
paiskasi meidätkin ajan virran
kahdelle vastarannalle,
vaikka rakastamme toisiamme.
Myös kauneutesi on kohtaloa,
jota uhmaan. Tervasoihtujesi
loimussa kokoan vavisten
rakennusjätteitäni ihmishahmoksi.
Luulen valvomisesta kuultavien
kasvojesi kutsuvan minua niin
kuin säteilisit Ruijan pimeydessä
valaistuna kaupunkina.
Huojun sinua kohti peräsimettä,
laivan hylky, koditon ajatus,
humalainen yökulkija.
Painaudun märkään villapaitaasi.
Lammaspaimen, ethän itke. Onhan maa,
jossa rakastavaiset silmät auki
uppoavat toisiinsa ja valvovat.
Päivät on luettu, ei kosketuksia.
Pentti Holappa, Valaistu kaupunki Ruijan pimeydessä, 1985.
Source
Le berger
À l'odeur de ton chandail humide
je t'ai reconnu, berger
toi qui menas le poète aveugle
dans les landes de l'Antiquité.
Ici on est aveugle sans cécité.
Octobre vente, octobre pleut,
les maisons chancellent.
Nous rentrons du cinéma.
Dans les derniers mètres du film
les amants sont restés figés
dans un baiser de mort et les étoiles
pleuvaient sur leur couche.
La bêtise ni la haine ne les ont
séparés, le poison non plus
qui consuma jusqu'à la braise
les caresses de Roméo et Juliette.
Le paradoxe même de l'existence,
le signe fatal noyé de chaque cellule
les contraignit à chercher
le réconfort dans la mort.
Nulle volonté humaine, le destin plutôt
nous a drossés aussi sur les deux rives
opposées du fleuve du temps,
malgré notre amour partagé.
Ta beauté est la destinée que je défie.
Dans les flammes de tes torches de résine
je rassemble en tremblant mes vestiges
pour en bâtir une silhouette humaine.
Je crois que ton visage ambré
par mes nuits blanches m'appelle
car tu scintilles comme une ville illuminée
dans les ténèbres des rives arctiques.
Vers toi je tangue sans gouvernail,
épave de navire, pensée sans demeure,
promeneur ivre de la nuit. Je me glisse
dans la laine de ton chandail mouillé.
Berger, ne pleure pas. Il est un pays
où les amants les yeux grands ouverts
se fondent, se confondent, et veillent sur la nuit.
Les jours sont comptés, pas les caresses.
Penti Holappa, Une ville illuminée dans la nuit arctique, 1985, in Les mots longs (Gallimard 1997 et 2006)
Märän villapaidan tuoksusta
tunnistan sinut lammaspaimeneksi,
joka opasti sokeaa runoilijaa
antiikin nummilla.
Täällä on sokeaa sokeudettakin.
Lokakuu puhaltaa, sataa,
talot horjuvat.
Tulemme elokuvista.
Filmin viimeisillä metreille
rakastavaiset jäivät
kuolinsyleilyyn ja tähdet
satoivat heidän vuoteelleen.
Heitä ei erottanut tyhmyys
eikä viha, ei siis myrkky,
joka polttaa yhä tuhkaksi
Romeon ja Julian syleilyä.
Itse olemassaolon ristiriita,
soluun upotettua tuhon merkki
pakotti heidät etsimään
lohdutusta kuolemasta.
Kohtalo, eikä siis ihmistahto,
paiskasi meidätkin ajan virran
kahdelle vastarannalle,
vaikka rakastamme toisiamme.
Myös kauneutesi on kohtaloa,
jota uhmaan. Tervasoihtujesi
loimussa kokoan vavisten
rakennusjätteitäni ihmishahmoksi.
Luulen valvomisesta kuultavien
kasvojesi kutsuvan minua niin
kuin säteilisit Ruijan pimeydessä
valaistuna kaupunkina.
Huojun sinua kohti peräsimettä,
laivan hylky, koditon ajatus,
humalainen yökulkija.
Painaudun märkään villapaitaasi.
Lammaspaimen, ethän itke. Onhan maa,
jossa rakastavaiset silmät auki
uppoavat toisiinsa ja valvovat.
Päivät on luettu, ei kosketuksia.
Pentti Holappa, Valaistu kaupunki Ruijan pimeydessä, 1985.
Source
Le berger
À l'odeur de ton chandail humide
je t'ai reconnu, berger
toi qui menas le poète aveugle
dans les landes de l'Antiquité.
Ici on est aveugle sans cécité.
Octobre vente, octobre pleut,
les maisons chancellent.
Nous rentrons du cinéma.
Dans les derniers mètres du film
les amants sont restés figés
dans un baiser de mort et les étoiles
pleuvaient sur leur couche.
La bêtise ni la haine ne les ont
séparés, le poison non plus
qui consuma jusqu'à la braise
les caresses de Roméo et Juliette.
Le paradoxe même de l'existence,
le signe fatal noyé de chaque cellule
les contraignit à chercher
le réconfort dans la mort.
Nulle volonté humaine, le destin plutôt
nous a drossés aussi sur les deux rives
opposées du fleuve du temps,
malgré notre amour partagé.
Ta beauté est la destinée que je défie.
Dans les flammes de tes torches de résine
je rassemble en tremblant mes vestiges
pour en bâtir une silhouette humaine.
Je crois que ton visage ambré
par mes nuits blanches m'appelle
car tu scintilles comme une ville illuminée
dans les ténèbres des rives arctiques.
Vers toi je tangue sans gouvernail,
épave de navire, pensée sans demeure,
promeneur ivre de la nuit. Je me glisse
dans la laine de ton chandail mouillé.
Berger, ne pleure pas. Il est un pays
où les amants les yeux grands ouverts
se fondent, se confondent, et veillent sur la nuit.
Les jours sont comptés, pas les caresses.
Penti Holappa, Une ville illuminée dans la nuit arctique, 1985, in Les mots longs (Gallimard 1997 et 2006)
Colours
"No man, for any considerable period, can wear one face to himself and another to the multitude, without finally getting bewildered as to which may be true."
Nathaniel Hawthorne, writer (1804-1864)
"This above all: to thine own self be true,
And it must follow, as the night the day,
Thou canst not then be false to any man."
William Shakespeare, poet and dramatist (1564-1616)
Friday, 16 November 2012
The unnamed crowds
"In our world of big names, curiously, our true heroes tend to be anonymous. In this life of illusion and quasi-illusion, the person of solid virtues who can be admired for something more substantial than his well-knownness often proves to be the unsung hero: the teacher, the nurse, the mother, the honest cop, the hard worker at lonely, underpaid, unglamorous, unpublicized jobs."
Daniel J Boorstin, historian, professor, attorney, and writer (1914-2004)
Le sablier
j'ai
toujours aimé contempler
l'écoulement
du sablier
je
peux y passer
des
heures
c'est
insensé
des
heures entières
le
sable autant que son verre
la
même matière
égrenant
le passé
forçant
l'avenir
dans
son étroit goulet
sans
ralentir
ni
faiblir
patiemment
gravement
ce
rêve qui me tire de ma jeunesse
ce
goût de sable entre le palais et la langue
la
tristesse coincée entre les dents
comme
un éclat de laitue sur l'émail
je
sais que bon an mal an
mon
regard glace le sang
de
ceux qui croient
cracher
le plus loin
je
m'y emploie parfois
inlassable
et j'aime bien
pour
aller faire mes courses je coupais par le cimetière
de
grandes nappes de soleil et de vent souvent
balayaient
les rites funéraires et les allées de sable
et
les stèles riaient à marbre déployé
certains
noms ne cachaient rien de leur déception
d'autres
arboraient des moues passablement défaites
renfrognées
ou dédaigneuses
ce
qu'il faut faire parfois pour ne pas mourir
entre
les fissures des nuages
invisibles
et imaginaires
les
particules qui n'ont pas d'âge
défient
les scrutateurs de l'air
alors
qu'on croit tout immobile
tout
s'active
tout
dérive
tout
s'enroule et tout s'empile
tout
et rien et tout ou rien
tout
est rien
et
ceux qui croient cracher plus loin
en
réalité ne crachent rien
j'ai
vu les monts opaques comme griffant le ciel
les
mers comme d'air liquide en constant mouvement
j'ai
vu les déserts onduler comme des vagues
les
hommes habiter les sabliers comme des maisons
j'ai
vu nombre de regards perdus
déchirés
ou vendus ou acheteurs ou déchirants
tristes
ou rêveurs ou ripailleurs ou extatiques
sincères
ou fourbes ou tranquilles
je
n'en ai vu qu'un qui m'avait retrouvé
et
la foule l'a emporté
depuis
j'attends que le retournement
du
sablier me ramène ce regard
que
je n'ai pu oublier malgré les ans
ces
yeux couleur de sable et de hasard
Thursday, 15 November 2012
Voice
"To learn who rules over you, simply find out who you are not allowed to criticize."
Voltaire, philosopher (1694-1778)
Thief!
"It is impossible to enjoy idling thoroughly unless one has plenty of work to do. There is no fun in doing nothing when you have nothing to do. Wasting time is merely an occupation then, and a most exhausting one. Idleness, like kisses, to be sweet must be stolen."
Jerome K. Jerome, humorist and playwright (1859-1927)
Monday, 12 November 2012
To thine own self be true
"If you do not tell the truth about yourself you cannot tell it about other people."
Virginia Woolf, writer (1882-1941)
One of the
"A decent provision for the poor is the true test of civilisation."
Samuel Johnson, lexicographer (1709-1784)
On a blade of grass
I was born on a blade of grass,
Yet before the year came to pass
I could've turned into a cricket.
I grew up to become a man –
I clean forgot how it began –
Yet I'm as thin as a bus ticket.
A cloud fathered me in Spring
While the sun was a-turning
To get a better sleeping position.
The wind raised me like her kin
Made me float across the plains
As if I were a gamin o' the halcyon.
During that summer when I was born,
Fire undid stone, wind undid metal,
Bees wrought beehives the size of
cathedrals
And bulls grew a new pair of horns.
Words broke down at the first spell of
rain,
Showering letters like smithereens –
Untold stories laid still in brackish
puddles.
Prophecies abounded in those bygone
times.
One told of the cataclysm I spoke
about.
It all happened in the wink of an eye.
The sound and the fury were unleashed,
Shaking nightshades on their stem.
Then some sort of silence prevailed.
Then everything stood still.
As if every sentient life form
Were playing statues.
Yet 'tis another one which mattered,
Which altered the very breaths I drew.
It told of my love for a poppy.
She turned out to be the prettiest
thing I had ever seen.
She once said I was the only one around
Who was actually too thin
To shade her with my string-like self.
She smiled and smiled and smiled.
Satchels of time I had aplenty
Yet she made me live without her.
She left. She left. She looked sorry.
The end, which already comes too soon,
She made come even sooner.
Timesands trickling from the moon.
For one morning Poppy was nowhere to be
found.
Never did I, or anyone, see her again.
As if she had never existed.
As if she had been but a dream.
As if she had been out of time,
All this time. All the time.
Words crumbled where her roots had
been.
Butterflies did lose their colours,
But no other calamity befell.
For me the world an empty shell.
Lying face down in the dirt
Or wriggling into some fissure
And ask the stars if they'd seen her
go.
Yet their vigil had been futile.
Not even the trace of a root was to be
found.
As if she had vaporised.
I was born on a blade of grass,
One rainy Monday afternoon.
Next day my cheek was pressed
On the mirroring pane of a raindrop.
I sighed.
The weariness I felt then was the same
as now's.
She had me wait, then she went.
She needn't have gone this far if she
fled.
She should have fought if brutal force
took her.
I could have gone through hell for her.
I would have fought God had He been the
one to blame.
I cannot live without the possibility
of her love.
I don't know where she was born.
I don't know if she loved me.
Did she have friends apart from me?
Can she know I rue the day she was
torn?
Fact is: her smile shone like a star.
Her petals had the radiance of
fireflies
And the promptness of lightning.
Oftentimes did the mist embrace her.
She never looked so bright as then.
Mayhap she deemed me too lean.
Mayhap she was all deceit and lies.
Mayhap she felt nothing but scorn.
Mayhap we are wrong to mourn.
Mayhap she hastened her demise.
Natheless she probably was
All things considered
Standing on a blade of grass
– Yes – the being I loved
The most.
Most of us
"We all have to rise in the end, not just one or two who were smart enough, had will enough for their own salvation, but all the halt, the maimed and the blind of us which is most of us."
Maureen Duffy, poet, playwright, and novelist (b. 1933)
Sunday, 4 November 2012
Under the wind
"We saw men haying far off in the meadow, their heads waving like the grass which they cut. In the distance the wind seemed to bend all alike."
Henry David Thoreau, naturalist and author (1817-1862)
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